Des produits laitiers non certifiés en circulation au Cameroun

Les aliments lactés vendus sur le marché ne sont pas reconnus par l’Anor.

Agriculture: la tomate en conserve, chasse gardée de l’importation au Cameroun

Depuis la fermeture de la Société des conserveries alimentaires du Noun, le Cameroun est dépendant de l’importation. Pourtant le pays dispose d’un potentiel de production de tomate qui n’est pas exploité.

Collecte de déchets plastiques: entre désir de conformité et obstacles au processus

Plusieurs acteurs de la gestion des déchets au Cameroun ont encore du mal à s’acquitter du permis environnemental de plus de 10 millions de FCFA exigé par le gouvernement pour exercer cette activité.

Découverte: trois étudiants inventent la machine à éplucher les pommes

Ils envisagent mettre en place un modèle destiné aux ménages.

Hydrocarbures : Les vraies raisons de l’augmentation des prix au Cameroun

La production de la Sonara est devenue insuffisante pour satisfaire la demande nationale, et l’entreprise ne dispose plus d’une trésorerie solide.

30 mai 2014

Des produits laitiers non certifiés en circulation au Cameroun

Les aliments lactés vendus sur le marché ne sont pas reconnus par l’Anor. 
Les aliments lactés non reconnu par l'Anor
Les aliments lactés, n’ont pas encore fini d’inonder les marchés. Les consommateurs ont même « l’embarras » de choix tellement, « les marques abondent sur les étals », fait observer Henri Yiol, commerçants. Les marques les plus connues sont entre autres, Pavani, Lucie, Lottè Nidoo, Broli…  La demande étant « forte », ces produits, sont « très souvent vendus aux consommateurs comme étant du lait, pourtant ce sont des constituants de lait », regrette Calvin Nya, président de la chambre nationale des consommateurs du Cameroun (Cnacc). Il précise également que ces aliments ne contiennent qu’une « infime » portion de lait et le « reste ne sont que des mélanges d’autres produits comme le sucre raffiné ».
l’Agence des Normes et de la qualité (Anor), dans un communiqué daté du 16 août 2012, s’était déjà insurgé contre ce type « d’arnaque » à l’encontre des consommateurs. En effet, le directeur général de l’Anor dans le communiqué publié sur le site internet de cette agence, faisait observer que depuis quelques temps, « de nombreux produits sont commercialisés sous des appellations provoquant une erreur d’appréciation sur leurs compositions par les consommateurs ». Charles Botoo à Ngon, faisant ainsi allusion aux « aliments lactés », a « formellement » précisé que « la composition en protéines et en matières grasses ne permet pas de les considérer comme des « laits », écrit le Dg.
L’on a également appris à travers ce communiqué que les aliments lactés vendus dans les marchés, ne sont pas encore des produits certifiés au Cameroun. Selon le patron de l’Anor dans le communiqué, aucune procédure de certifications des aliments lactés commercialisés par les opérateurs économiques « ne sera engagée si les dispositions contenues dans les normes camerounaises rendues d’application obligatoire ne sont pas respectées », informe le Dg de l’Anor. Un cadre à la délégation du commerce pour le Littoral, confie que la plupart de ces aliments lactés « ne sont même pas reconnus par nos services ». A en croire ce dernier, la prolifération de ces produits laitiers non certifiés est causée par la libéralisation du commerce. « Le commerce étant libéralisé, toute personne possédant une licence, peut dédouaner ses marchandises sans problème. Il revient au syndicat des consommateurs et aux consommateurs eux-mêmes de faire la différence, et de nous en informer », indique le cadre.
Christelle Kouétcha

Calvin Nya : « Les producteurs des aliments lactés ne sont pas crédibles »

Le président de la Chambre  nationale des consommateurs du Cameroun (Cnacoc) décrient les pratiques des opérateurs d’aliments lactés.
Calvin Nya
Quelle est la différence entre le lait concentré et les aliments lactés ? 
On distingue deux types de produits laitiers, notamment les laits concentrés et les aliments lactés. Cependant, les consommateurs ne connaissent pas la différence entre les deux types de produits laitiers, juste parce que les importateurs ont pris le temps de toujours mentionner sur l’étiquette lait concentré, pourtant ce sont très souvent des aliments lactés. En effet, les aliments lactés ce sont des constituants de lait, alors que les laits concentrés ce sont des laits d’origine végétale. La plupart de ces aliments lactés, qui occupent les étals de nos marchés, proviennent à 80% des pays d’Asie, selon nos enquêtes. Les consommateurs non avertis appellent toujours ces aliments, lait, parce que la plupart ont une couleur blanche comme du lait. Il est important que les consommateurs lisent bien les étiquettes avant d’acheter ces aliments lactés. 
Qu’est ce qui peut expliquer que les producteurs de laits lactés utilisent la mention lait concentré sur leur produit ? 

La raison est simple. Les producteurs de ces aliments lactés inscrivent sur leurs boîtes « lait concentré sucré », ou « aliment concentré sucré à base de lait », dans l’optique dédouaner à moindre coût leurs produits. En effet, au niveau de la douane,  le taux de dédouanement du lait concentré, qui est le véritable lait, est moins élevé que pour celui du dédouanement des aliments lactés. En plus, quand ces opérateurs dédouanent les aliments lactés à moindre coûts, ils viennent faire une concurrence déloyale sur le marché en vendant leur produit à moindre coût que des laits concentrés.  Pourtant, la production de ces laits concentrés coûtent plus chers que celle des aliments lactés. Les producteurs de ces aliments lactés doivent même clairement mentionner cela sur leur produit. Ainsi, au lieu d’user de stratagèmes pour tromper la vigilance du consommateur en disant « aliment concentré sucré à base de lait », ils doivent clairement noter sur les boîtes « aliments lactés ». Ainsi, cela sera plus crédible. 
Propos recueillis par Christelle Kouétcha

27 mai 2014

Agriculture: La tomate en conserve, chasse gardée de l’importation au Cameroun

Depuis la fermeture de la Société des conserveries alimentaires du Noun, le Cameroun est dépendant de l’importation. Pourtant le pays dispose d’un potentiel de production de tomate qui n’est pas exploité, pareil pour l’industrialisation qui n’est pas encouragée, malgré le besoin.
La production de la tomates peut augmenter
Les comptoirs des marchés et des supermarchés de la capitale économique, et de tous les espaces commerciaux du Cameroun ne désemplissent plus des conserves de tomates venues des pays étrangers. Conditionnées aussi bien dans des sachets en plastique que dans des boîtes en aluminium, ces tomates concentrées viennent pour la plupart des pays comme, l’Italie, l’Espagne, le Brésil, l’Algérie, la Tunisie, la Turquie, la France, les Etats-Unis, la Chine et même le Japon. Et les marques les plus connues sont entre autres, Victoria, Le Trésor, First Class, Avena, Broli, Ndolo,…
Parmi ces marques qui se bousculent sur les marchés, une bonne partie est conditionnée au Cameroun. La pâte de la tomate étant importée de l’étranger. C’est le cas par exemple de Helena Tomato. Un cadre dans la société New Food qui distribue cette tomate en conserve confie qu’elle est fabriquée à partir de la tomate triple concentrée importée d’Italie. Cette tomate est ensuite diluée pour obtenir un double concentré qui est ensuite ensaché. C’est le cas aussi de la marque Le Trésor, qui vient de Tunisie, et est distribuée par l’entreprise Tropik Industries Cameroon. Cette technique est d’ailleurs celle utilisée par toutes les entreprises agroindustrielles au Cameroun qui commercialisent les tomates en conserve.
Cette nouvelle technique pour fournir aux consommateurs camerounais de la tomate en conserve, est entrée pratiquée dix ans. En effet, après la fermeture de la seule unité de production de la tomate en conserve du Cameroun, dénommée la Société des conserveries alimentaires du Noun (SCAN), le marché national camerounais a enregistré un déficit en double concentré de tomate. Ainsi, la SCAN, créée pour réduire les importations de tomate concentrée au Cameroun et en Afrique Centrale, avait finalement fermé ses portes et sevré le marché camerounais. Les importations de tomates concentrées se chiffraient à l’époque à plus de 6 000 tonnes par an. Et, aujourd’hui le Cameroun est totalement dépendant de l’extérieur. Au niveau de la douane, même si les responsables n’ont pas pu communiquer le montant des importations de tomates en conserve, un cadre de la structure a confié que cela se chiffre aujourd’hui à plusieurs milliards de FCFA. Sans plus.

Faible production

La production annuelle de la SCAN était en moyenne de 25 millions de boîtes de tomate concentrée pour approvisionner les marchés locaux et de la sous-région Cemac. Mais, le malheur de cette société nationale a été entre autres le faible niveau de production de tomates. « La SCAN disposait des usines pour une production de 3 000 kg de tomates par heure, mais c’est à peine que l’on recevait ses tomates, car la production des agriculteurs faisait à peine la moitié », explique un ancien cadre de l’usine. Bien plus, comme le soutiennent les ingénieurs agronomes, la matière première utilisée par la SCAN n’était pas appropriée, car contenant beaucoup d’eau. « J’ai été témoin oculaire à certains moments du matériel de transport des produits à l’usine. On pouvait voir dans les camionnettes et pousse-pousse, que dans la tomate transportée, l’eau y ruisselait des champs jusqu’à l’usine. Vous comprenez que c’était plein d’eau et par conséquent l’usine de transformation ne pouvait pas fonctionner avec de la tomate pleine d’eau si elle recherche la pâte », explique Guy Blaise Satsa, directeur général de la société semencière Semagri SARL(Société agricole pour le développement des semences).  
L’importation des conditionnements, notamment les boîtes en aluminium a également  plombé la rentabilité de l’entreprise. Ceci, bien que la Société nationale d’investissement (SNI) en collaboration avec les  producteurs, les coopératives, eut injecté dans le capital social de la société 900 millions de FCFA. Le contrat d’acquisition des emballages métalliques avait été signé avec la société italienne FABA Sud (SPA). LQE a appris que ce contrat stipulait une clause de formation dans son usine à Parme en Italie, de stagiaires de la SCAN pendant une semaine pour le fonctionnement de la sertisseuse, ainsi que la fourniture des pièces de rechange de celle-ci. Cette importation de conditionnement reste même encore appliquée par les industries agroalimentaires, qui aujourd’hui sont seulement tournées vers l’extérieur pour obtenir les pâtes de tomates. Et, « cette importation de boîtes ou même de papier en aluminium est un véritable coût pour la société. Ceci, avec tous les impôts et taxes que nous faisions dessus. En tout cas, si c’était produit localement cela serait moins coûteux pour l’entreprise », souligne le propriétaire d’une entreprise agroalimentaire, sous le couvert de l’anonymat. Celui-ci et plusieurs autres acteurs de la filière tomate estiment d’ailleurs qu’une promotion des inventions locales, pourrait booster la création et la mise en place des appareils innovants pour la fabrication de ces conditionnements.

L’Etat n’a pas d’argent

Le non-accompagnement des agriculteurs a été également un coup qui a conduit la SCAN à la faillite. Un ex-responsable de la structure confie qu’à l’époque, la société avait suggéré au ministère en charge de l’agriculture de mettre en place des programmes pour accompagner les agriculteurs. Mais, « il nous avait répondu à l’époque que l’Etat n’avait pas de l’argent pour cela », confie ce dernier. Et, visiblement plus de dix ans après, cette filière tomate est toujours aux oubliettes. Puisque des sources au ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader) révèlent qu’il n’existe pas actuellement un programme pour la filière tomate en particulier et la filière maraichère en général. Ceci, contrairement à la filière maïs, cacao, Café… Selon les statistiques officielles, la consommation moyenne annuelle en tomate, au Cameroun est de 42 kg par habitant. C’est la culture la plus pratiquée dans le domaine du maraîchage dont 39% provient de la région de l’Ouest.
En outre, l’on apprend auprès des opérateurs de la filière tomate qu’au Minader, les références de base sur lesquelles travaillent les experts de ce ministère sont des anciennes variétés, notamment celle qui donne encore 25 à 30 tonnes de tomates à l’hectare. Pourtant, aujourd’hui il existe déjà des variétés hybrides qui permettent d’obtenir plus 100 tonnes de tomates à l’hectare. Il s’agit entre autres des variétés dénommées Jaguar, Cobra, Lindo, Panthère et Nadira. A en croire le Ceo de Semagri, ces variétés sont adaptées aux conditions agro-écologiques spécifiques à chaque région. On peut donc avoir les tomates dans toutes les régions et à toutes les saisons. En tout cas « si on ne s’accorde pas sur la manière de procéder, notamment en ne communiquant pas sur les variétés actuelles, vous comprendriez que les données fournies aux agriculteurs soient faussées », souligne Antoine Moukiri, ingénieur agronome.
Mais, pour les investisseurs dans le secteur de l’agroalimentaire, même si des nouvelles variétés de tomates existent et augmentent le rendement, la quantité disponible sur le marché « n’encourage pas à se lancer dans la transformation industrielle de la tomate, car cela demande énormément de financement et pour cela il faut que la matière première soit toujours disponible ». Celui-ci faisant allusion au fait que la production de la tomate au Cameroun est à 70% revendue vers les marchés de la sous-région. Selon Issofa Nchinmoun, directeur de la Coopérative des producteurs vivriers du Noun (Cooprovinoun) à Foumbot, depuis la fermeture de la SCAN, plusieurs destinations ont été ouvertes pour écouler les tomates du Noun en général et de Foumbot en particulier. C’est ainsi que de nombreux camions chargent tout au long de la semaine en partance pour Libreville au Gabon, Kyé Ossi et la Guinée équatoriale… « Certains producteurs, en mal d’accompagnement et en l’absence d’usines de conservation vendent même les tomates encore dans les champs », fait remarquer Issofa Nchinmoun.

Forte exportation

Il souligne au passage que la mise en place des unités de transformation de tomates pourrait limiter cette « forte »exportation de la production locale de tomate qui crée la pénurie sur le marché. Cependant, le délégué régionale de la Chambre d’agriculture, des pêches de l’élevage et des forêts (Capef) pour le Littoral, Julbert Konango, estime que la pénurie de la tomate sur le marché local ne peut être résolue que si une véritable stratégie est mise en place pour l’augmentation de la production. Ceci, notamment avec des appuis et encadrement aux agriculteurs de la filière.
N’empêche, les experts en agroalimentaire soutiennent que même avec une production locale importante, il est primordial de mettre en place un programme de valorisation de la culture de la tomate, mais aussi une politique et une stratégie pour susciter inciter les opérateurs économiques à investir dans la transformation de la tomate. Sinon, « nous allons demeurer sous l’emprise de l’importation », conclut Bachirou M. Ndam, consultant en développement Local.
Cependant, il faut relever que l’investissement dans le secteur de transformation de tomates est assez coûteux. Pour plusieurs promoteurs d’industries agroalimentaires qui préfèrent distribuer les concentrés de tomate importés, le choix de recourir aux tomates étrangères se justifie par le coût élevé de l’ouverture d’une véritable entreprise locale de transformation de tomate. « Il faut vraiment avoir d’énormes financements pour expérimenter ce genre de challenge. Les équipements sont vraiment très lourds et il faut mettre en œuvre une plateforme avec les agriculteurs pour toujours avoir de la tomate de bonne qualité en permanence », fait observer Romuald Diffo, agroindustriel.
Selon des études sur la problématique de l’industrialisation de la transformation de la tomate au Cameroun, menées par le cabinet conseil Bugare Silver Milenium, en 2012, la mise en place d’une unité de production de tomate en conserve de 1 000 Kg par heure par exemple, est évaluée à environ 129 millions de FCFA. Martial Bella, le représentant de ce cabinet conseil, explique en outre qu’au cours de l’étude de faisabilité de la mise en place de l’implémentation des unités de transformation de tomates, les investisseurs qu’ils accompagnaient ont rapidement fait face à l’absence d’espace dans les zones franches industrielles. La plupart de ces zones étant déjà toutes occupées…
Christelle Kouétcha

Industrialisation de la filière tomate: De mini-unités de production de tomates comme solution pour booster le secteur au Cameroun

Les investisseurs dans le secteur doivent disposer de leur propre espace de production pour espérer approvisionner en permanence le marché.
Plusieurs variétés ont été dévéloppées
C’est un fait. Le Cameroun est totalement dépendant de l’importation des tomates en conserve. Pour inverser la tendance, les ingénieurs agronomes estiment qu’il faut  recourir aux petites unités de production de tomate concentrée. Celles-ci peuvent avoir une capacité de production de 2 tonnes par jour, comme c’est le cas dans des pays comme la Chine. A en croire le représentant au Cameroun du cabinet conseil Bugare, Silver Milenium, la mise en place de ces mini-unités, nécessite en moyenne un financement de 20 millions de FCFA. Et « il suffit de faire des voyages en Chine pour s’inspirer. Au lieu d’importer ailleurs, ont pourra copier et coller ce qui se fait ailleurs », souligne ce dernier.    
Mais, pour une bonne implémentation de ces mini-unités de production, les ingénieurs agronomes, relèvent que les promoteurs doivent disposer de leur propre unité de production de tomates. Pour cela, il faut ouvrir de vastes sites de culture de tomates. Agroconsultant, Carlos Bouguen, relève qu’il faut au minimum 10 000 ha de terre cultivables pour espérer disposer de la matière première en permanence et en quantité. Hors, à cause des problèmes fonciers qui plombent encore le secteur agricole au Cameroun, l’acquisition des espaces n’est pas aisée. « Les gens qui ont de l’argent ont déjà acheté une bonne partie des terres ; même les coopératives avec lesquelles nous avons souhaité travailler dans un projet de transformation de tomates, n’ont pas assez d’espace pour faire les cultures », fait observer, Antoine Onana, agroconsultant.
Des solutions d’emballage local, comme cela se fait en Chine où tout est disponible sur place, sont également à envisager. Et pour ce faire, les acteurs de la filière tomate, estiment qu’il faut des programmes de promotion des inventions. Ainsi, Il faut par exemple encourager les écoles comme Ecole nationale supérieure d'agro-industrie de Ngaoundéré (Insai), en mettant notamment en place des programmes de financement des mémoires en lien avec l’agro-industrie, surtout dans le domaine des équipements, des solutions d’emballages. « Les solutions étrangères nous sont très coûteuses en termes d’investissements et d’implémentation, et cela nous rend toujours dépendants des importations », analyse Antoine Onana.
Quant-à la Société des conserveries alimentaires du Noun (SCAN), les experts  estiment qu’elle ne sera relancée que si la production de la tomate est encadrée pour être plus importante. Pour Bachirou Ndam, consultant en développement local, il faudrait redéfinir les objectifs majeurs préalables de ce projet pour une gestion saine au profit de la communauté productrice de tomate au niveau local, surtout en ce qui concerne la mise en production effective de cet outil de développement de grande échelle. Il faudrait par ailleurs élaborer une « sérieuse » étude sur la commercialisation post-production des conserves de tomate, ainsi qu’une politique de gestion des différents intervenants dans la chaîne.
En tout cas, si rien n’est toujours fait pour relancer cette unité industrielle de production de tomate en conserves, les machines continueront à tomber en ruine. Ceci, malgré la présence des deux gardiens qui veillent sur les lieux. Un cadre de la Société national d’investissement (SNI), explique d’ailleurs que malgré l’entretien qu’apporte les gardiens autour des lieux, les machines sont en train de prendre un coup de rouille. Les carcasses des engins, notamment des voitures, des tracteurs et autres, sont entassées dans les hangars...
Christelle Kouétcha 

Guy Blaise Satsa: « L’Etat du Cameroun ferait mieux de se pencher sur ce secteur très productif »

Le directeur général de l’entreprise semencière Semagri SARL analyse le secteur de la production et de la transformation de la tomate au Cameroun.

Est-ce que la production de la tomate au Cameroun est suffisante aujourd’hui pour penser à sa transformation ?
Guy Blaise Satsa

Il y a 10 ans, on pouvait affirmer sans ambages que la production de la tomate au Cameroun ne satisfaisait pas la demande. Mais, depuis pratiquement 5 ans, ce n’est plus le cas. Nous avons introduit de nouvelles variétés et nous faisons un gros travail pour faire accepter ces variétés par les producteurs. Si nous parlons aujourd’hui de l’amélioration des rendements de la productivité agricole, ceci passe essentiellement par l’utilisation des semences améliorées à très haut rendement. Il y a quatre ans, cela était très difficile, car il y avait des saisons de tomates et des saisons sans tomate. Mais, depuis que nous avons introduit cette terminologie ; on peut aisément en saison de pluie produire, et avoir la présence des tomates et dans chaque région. Car, ce sont de plus en plus des variétés adaptées aux conditions agro écologiques spécifiques de chaque région. Seulement, les pays voisins s’approvisionnent sur les marchés camerounais ; ce qui fait que la production qui est faite à l’intérieur du Cameroun, étant destinée à plusieurs marchés, ne permette pas de satisfaire la demande. Mais, si la production n’était écoulée qu’au Cameroun, elle serait même excédentaire.

Qu’est ce qu’il faut donc faire ?

Prenons le cas de transformateur qui n’attend que des producteurs. Ces derniers produisent et les prix varient en fonction de l’abondance et de la pénurie sur le marché. Le producteur, même étant sous contrat avec les usines de transformation, est tenté de transférer sa production vers le marché, au lieu de le remettre à l’usine de transformation où il y a un prix fixe. Ce qui est plus intéressant pour le transformateur, c’est d’avoir sa propre unité de production de tomates pour assurer les périodes où on ne peut pas compter sur la production paysanne. Mais, si l’on veut que ce processus marche, les pouvoirs publics pourraient aussi penser à des stratégies ou politique pour mettre un frein à l’importation des pâtes de tomates. Il faudrait bien que ceux qui font dans l’agroalimentaire et qui importent les pâtes de l’extérieur soient limités, afin de permettre à la transformation locale de la tomate de s’épanouir.

Avant la fermeture de la SCAN, la SNI insistait sur la mise en place des tomates Rio pour relancer la structure, selon vous était-ce une variété efficace ?

La tomate Rio est une tomate justement destinée à la transformation. Mais, c’est une tomate à pollinisation ouverte. En d’autres termes, c’est une sélection qui se fait dans la nature, sur laquelle on prélève les semences et puis on sélectionne les plants les plus vigoureux pour obtenir des graines que l’on remet dans les champs pour produire. Elles sont largement dépassées par rapport à la technologie de l’heure. Car, les rendements de ces tomates se situent entre 20, 25 et 35 tonnes à l’hectare. Hors, vous comprenez que c’est bien loin des réalités actuelles, où la production avec les nouvelles variétés est estimée entre 100 et 130 tonnes à l’hectare. Par conséquent, il est fortement déconseillé, si on veut réussir un projet de transformation de tomates de passer par des variétés si classiques qui, pour moi, sont des variétés dépassées. Le taux de matières sèches est situé autour de 5 à 5,6%. Pourtant, il y a 15 à 20 ans, quand nous parlions de taux de matières sèches qui est situé entre 5 et 6%, c’étaient des variétés super pour la transformation. Aujourd’hui c’est dépassé, car nous atteignons déjà des variétés avec des taux de matières sèches de 8%. Ces variétés peuvent être conservées après récolte  pendant un à deux mois, sans trace de pourriture.

Qu’est-ce que ça vous fait de savoir qu’aujourd’hui, il n’existe pas de programmes maraîchers, notamment de tomates.

Je pense pour ma part que notre gouvernement ferait mieux de se pencher sur ce secteur très productif et plus rentable. J’ai longtemps entendu parler du cacao, du café, de la banane,  des tubercules, des céréales… J’ai entendu vanter les prouesses de rendement de ces produits qui sont de 15 à 25 tonnes. Mais, je pense qu’il est plus important de parler et d’encourager la filière des espèces maraîchères comme  celle de la tomate ; car non seulement elles sont riches en vitamine, mais ce sont des cultures à cycle court. On peut déjà commencer à gagner sa vie et à se nourrir à 20 jours après avoir semé. Pour les la tomate, à partir de 55 et 60 jours, on récolte. Ainsi, entre conseiller les agriculteurs d’attendre deux ans pour voir une fève de cacao pousser dans leur champs pour avoir un kilo de cacao, et lui dire de produire de la tomate qui, en deux mois, lui permet d’avoir en moyenne 150 tonnes, le choix est vite fait. Il est plus riche que le cacaoculteur qui doit attendre 4 ans. En même temps, il peut vendre sa tomate et la consommer pour s’occuper de sa famille, pour ensuite s’occuper aussi de sa cacaoculture ou sa caféiculture. C’est difficile de concevoir que pour avoir 25 tonnes de cacao, on passe 2 ans. Pourtant on peut dire au même producteur de cacao qu’il peut avoir 100 tonnes de tomates en 60 jours et prélever sur les revenus de sa production maraîchère pour pouvoir entretenir sa cacaoculture.

Propos recueillis par Christelle Kouétcha


21 mai 2014

BTP : tricherie sur le dosage des matériaux

Les propriétaires des quincailleries truquent aussi bien sur les épaisseurs, la longueur que la désignation des produits.
Tôles
Dans les quincailleries au Cameroun, l’une des plus grandes tricheries se trouve au niveau du fer. Employé dans une quincaillerie au quartier Akwa à Douala, Alain Ndoungue, explique que très souvent, il suffit de changer les étiquettes sur les fers importés pour mieux duper le client. Ainsi, pour un fer de 8 cm, le quincaillier peut y inscrire la mention de 10 cm. Et, très souvent « cette tricherie s’opère depuis l’importation avec le fournisseur », confie ce dernier. Le consommateur, qui, n’arrive pas à faire le distinguo, est très vite dupé. Pareil, sur les tôles. Ici, les commerçants trafiquent un peu plus sur les épaisseurs. Au syndicat des industries du Cameroun (Syndustricam), l’on explique par exemple que les fraudeurs se servent des épaisseurs de tôle de 0,35mm (aluminium) ou 0,25mm (aluzinc) pour produire les tôles bacs de grande longueur, alors qu’elles ne peuvent servir qu’à produire des tôles de 2cm et 3cm.  Les  briqueteries dans les quartiers inspirent de moins en moins confiance. En effet, à croire quelques charpentiers et maçons ainsi des consommateurs, ces industries de fabrique de parpaings, « ont l’habitude de ne pas bien doser les parpaings comme il faut », indique Charlemagne Tiani, charpentier et ancien employé dans une briqueterie. Il explique par exemple que pour la fabrication d’au moins 30 parpaings, qui nécessite en principe, un sac de ciment et trois brouettes de sable, les briqueteries n’en mettent que la moitié des deux ingrédients. Mais, il reste difficile pour le client de s’en rendre compte. Et, ce dernier paye le prix des parpaings de qualité, pour en avoir de moins bonnes.
Bien plus, les clients qui ne maîtrisent pas la qualité des matériaux de construction, sont souvent escroqués sur la longueur des tôles. Ainsi au lieu de la tôle de 2 et 3cm sollicité par le client, le vendeur lui livre facilement 1,96cm et 2,93cm. « en 2012, j’ai été victime de cette situation et c’est mon charpentier qui m’avait montré la supercherie. Je suis reparti à la boutique, mais le vendeur n’a pas voulu reconnaître son forfait », raconte Jean Paul Nyanit, une victime. Des situations, qui poussent certains entrepreneurs à confier l’achat du matériel de leur maison aux charpentiers. Mais, cela reste un couteau à double tranchant, car « même ton charpentier peut te prendre de l’argent et préférer acheter ce qui ne convient pas à ce qui est bon pour ta maison. Juste pour grignoter le peu d’argent qui est au dessus de la facture », souligne Marie-Colette Tema, ménagère.
En 2012, au cours d’une opération de saisie diligentée conjointement par le Syndustricam et le ministère du Commerce, 6000 tôles frauduleuses avaient été saisies. Celles-ci, ne respectaient ni les dimensions, ni les épaisseurs. On avait trouvé dans le stock des tôles de moins de 2cm, ou des tôles de 3 cm avec une épaisseur d’à peine 0,28mm. Pourtant, ce type de tôles doit avoir une épaisseur de 0,35 millimètres, selon les normes.
Le trafic sur les tôles est également perceptible au niveau des spécifications et des désignations. Les quincailliers, à l’aide d’une couche de peinture grise, repeignent des tôles et leur donne la spécification de tôles d’acier prélaqué, apprend-on. Et pour mieux écouler ses produits et réussir à distraire le client sur la qualité, les quincailleries et grande surface recourent très souvent à des ventes promotionnels. En ce moment, « le consommateur est juste content de débourser moins cher pour avoir un produit, et manque le plus souvent le réflexe de contrôler la qualité », analyse un professionnel du marketing…

Christelle Kouétcha 


Liqueurs et eaux minérales : Le contenu n’est pas toujours le bon

Les bouteilles et la marque des entreprises sont usurpées pour détourner la vigilance des consommateurs. 
Le contenu n'est pas toujours le bon
Cette technique, est d’ailleurs coutume dans plusieurs snacks, soutient un membre du syndicat national des gérants de débits de boissons. Mais, la tricherie n’est découverte que si les consommateurs maîtrisent la qualité des vins. Bien plus, les consommateurs exigeants pour l’estampillage des bouteilles, ne voient que du feu lorsqu’ils sont servis. Car, « il suffit d’ouvrir la bouteille estampillée avec minutie sans déchiré le timbre. Ensuite, tu la conserve. Et, alors tu peux y insérer le whisky que tu veux dans la bouteille », explique avec minutie un gérant de bar. Et, en cas de déchirure du timbre, il suffit d’une colle sur la fissure pour joindre les bouts et vous avez un whisky estampillée neuf, soutient-on ici.Difficile aujourd’hui pour des habitués de snack bar, boites de nuit…  au Cameroun de commander des demi-bouteilles de whisky. Plusieurs d’entre eux, en tout cas les  avertis, ont déjà été victimes de la tricherie des gérants sur les vins servis. Roland Datiodé, en est une victime. Il confie par exemple, que très souvent, les demi-bouteilles de whisky ou liqueurs vendues dans les espaces de grandes consommations, sont  des restes de vins qui ne correspondent pas toujours à la marque demandée. « Vous pouvez par exemple commander une demi-bouteille de Johny Black, on vous dépose bien une bouteille estampillée Johny Black, mais a l’intérieur c’est du Red label qui coûte même moins chers », relève-t-il.
L’on a d’ailleurs appris auprès de certains barmen, que plusieurs débits de boisson, servent des bouteilles de whisky, avec des faux timbres d’estampillage. Une évidence plausible, car on se souvient, qu’au mois de mars 2014, la délégation régionale du commerce pour le Littoral, avait procédé à la saisie de près de 1000 bouteilles de spiritueux et de 400 faux timbres d’estampillage. Simon Omgba Belinga, le délégué, avait souligné au cours de ces saisies qu’une bonne partie des bouteilles vendues à ces industries de fortunes, venaient de certains night-clubs, qui revendent les bouteilles vides de liqueurs consommées. 
Les consommateurs d’eaux minérales ne sont pas à l’abri. Alex Ngiamba, est vendeur d’eau à la sauvette au quartier Bali à Douala. Il explique qu’avec un peu de colle, notamment de la marque super glue, avoir une bouteille d’eau minérale digne de l’authentique est aisé. La triche se trouve au niveau du bouchon « Il vous suffit de collecter les bouteilles d’eau minérale de n’importe quelle marque. Vous remplissez d’une eau assez claire. Et, pour fermer vous appliquez un peu de super glue sur le bouchon, avant de refermer », explique le vendeur. La colle appliquée sur le bouchon, permet de faire entendre au consommateur un bruit à l’ouverture de sa bouteille, apprend-on. Ainsi, « il va croire à l’ouverture que c’est du neuf qu’il a acheté, à l’exemple d’une bouteille originale», précise l’expert. L'on apprend auprès de ce dernier, que certains vendeurs, réalisent cette manœuvre et revendent les bouteilles d’eau auprès de certaines boutiques.

Christelle Kouétcha

Boucheries et vivres : Les pesons des balances truqués dans les marchés camerounais

Les astuces des commerçants pour réduire les quantités des vivres vendus sont multiples.  
Le kilo n'est pas toujours le vrai
Marché central de Douala au Cameroun, ce mercredi 30 avril 2014, à la boucherie du marché les commandes fusent. Hamidou, boucher, est imperturbable. 1 kilo, 2 kilo, 3 kilo de viandes… les commandes s’enchaînent.  Les clientes,  s’impatientent, tandis que des jeux de poids installés sur la table du boucher, se font sous le regard observateur des ménagères. Ici, comme dans plusieurs autres boucheries et poissonneries de ce marché, c’est la balance à ressort qui reste encore l’unité de mesure. Et, la rouille présente sur la plupart d’entre elles, témoigne de la vétusté de l’appareil de mesure.
Un instrument qui pourtant a été interdit des activités commerciales au Cameroun depuis 1995, apprend-on à la délégation régionale du commerce pour le Littoral. Mais, il reste encore utilisé dans tous les marchés au Cameroun. Et, à la brigade de répression du Mincommerce pour le Littoral, l’on explique que les bouchers et poissonniers s’accrochent encore à cet instrument car « ils savent que toute balance à ressort, par nature, perd de sa fiabilité au fil du temps. Le ressort, qui subit les charges au fur et à mesures, finit à un moment donné par lâcher et la mesure du kilo n’est plus viable », explique ce dernier.  Il confie que des opérations de saisies des pesons ont déjà été opérées. Mais, à cause de « la tolérance administrative », ces pesons sont toujours utilisés. Ceci, au grand dam des consommateurs  qui payent pour un kilogramme de poisson ou de viande par exemple, mais qui n’en reçoivent en réalité qu’environ 800 grammes.
Pour ce qui est du poids, les bouchers, réussissent à servir leurs clients avec des poids sans collier. Pourtant « lorsque le poids perd son collier, l’impact se fait sentir sur la balance.  Ainsi, un poids de un kilo sans collier peut se retrouver à 900g », explique un fabricant. Malheureusement, les consommateurs n’ont très souvent pas le temps de regarder ce collier sur le poids. Pour les balances électroniques, l’astuce est toute trouvée. Des bouchers confient, qu’il suffit d’y mettre des batteries faibles et quelques grammes sont chipés sur la commande du client.
Du côté des vivres,  comme les plantains ou la banane, la tricherie est bien dissimulée. Dans le tas cinq doigts de plantains vendus par exemple, le commerçant réussit toujours à faire glisser un ou deux doigts pourris. Et, « c’est au moment de la cuisson que nous faisons toujours le constat », s’indigne Anabelle Kengne, ménagère. Pour les tubercules comme le manioc, le macabo, les pommes de terre…, le récipient en plastique qui sert très souvent de mesurrette est le nid de la tricherie. Ainsi, alors que le consommateur aperçoit un seau bien rempli de macabo par exemple, ce sont les feuilles séchés de bananiers plantains, des papiers, qui supportent le fond du récipient et font remonter la marchandise à la surface. Cette technique est également utilisée par les vendeurs de fruits en gros, tels que les mangues, les safou…
La supercherie se trouve donc au fond. Pareil pour les boîtes avec lesquels sont servis du riz ou les arachides. Commerçante au marché Ndogpassi, Nathalie Kayo, explique que très souvent des staffs (mélange de plâtre et de fibres végétales utilisés pour la décoration des maisons) sont introduits dans les boîtes, et permettent de réduire la quantité servie aux clients. Des astuces pour cette tricherie, il n’en manque pas. D’autres commerçants disent « cogner » la boite qui sert de mesure, question de réduire la quantité qui est servie au client. Cependant, il y en a qui ne se donnent toute cette peine. Ils préfèrent jouer sur la vigilance du consommateur. Pour ces derniers, il suffit de mettre le pouce de la main dans la boîte avant de le remplir pour servir le client. Mais, ceci « nécessite d’être rapide et surtout d’être souvent grincheux avec le client pour l’empêcher de mieux contrôler », confie une  commerçante du marché Deïdo. Celle-ci, ne manque pas de confier qu’elle recourt à cette astuce, quand « le marché est très difficile ». Conséquence, le client qui par exemple a payé pour cinq boîtes de riz, peut se retrouver à domicile avec à peine quatre boîtes…

Christelle Kouétcha

Economie : au Cameroun de la tricherie

Les Camerounais sont victimes de toute part des arnaques. Que ce soit dans les marchés, dans les entreprises, dans les rues, difficile d’y échapper. C’est chacun qui y va de son imagination. En effet, les astuces pour la tricherie, il n’en manque pas. Le plus important, c’est de se remplir les poches par tous les moyens. Ceci au détriment du consommateur, qui payent le prix fort pour des produits qui ne sont pas toujours de bonne qualité. Bien plus, des produits qui sont servis dans des instruments de mesures truqués. Gaz domestiques, boucheries, vivres, liqueurs, eaux minérales, BTP… tous les secteurs d’activités sont concernés par cette tricherie. Des pratiques qui ont un impact sur le consommateur, et sur tous ceux qui manquent de vigilance. Dans ce dossier, l’on remet au goût du jour des astuces utilisées au quotidien tant par les commerçants que les entreprises, ainsi que certains individus pour flouer les consommateurs.


Gaz domestiques
Le contenu de la bouteille réduit de moitié
D’autres bouteilles importées sont très souvent recouverts de peinture des marketeurs locaux pour tromper le consommateur sur l’origine exacte du produit.
Les bouteilles finissent par exploser
A peine une semaine, c’est le nombre de temps qu’à duré la bouteille de gaz pleine de Chantal Tchuenkou, ménagère au quartier Kotto à Douala. Sa bouteille de butane de 25 Kg, a permis à cette ménagère, de ne cuir au maximum trois repas, confie-t-elle. Pour cette dernière, comme pour plusieurs autres ménagères à qui elle raconte sa mésaventure, la bouteille de gaz était forcement à moitié plein. Mais, difficile pour elle de vérifier à l’achat. Car, « nous faisons confiance aux distributeurs et en plus, il n’y a pas une réelle mesure pour peser le contenu », souligne la dame.
A la délégation régionale du ministère du Commerce pour la région du Littoral, l’on affirme que les cas des bouteilles de gaz à moitié pleine, sont légions dans les surfaces marchandes au Cameroun. Les distributeurs, eux, allègent le contenu de leurs produits tout en maintenant le même prix. Ainsi, les consommateurs déboursent 6000 FCFA pour une bouteille pleine de 25 ou 26 Kg. Cependant, ils ne reçoivent qu’entre 16, 18 et 20 kg. Le butane contenu dans la bouteille, est très souvent extrait par le distributeur de gaz à l’aide des tuyaux.  Un cadre du ministère des Mines de l’industrie et du développement technologique (Minmidt), explique qu’au cours des saisies, les personnes interpellées, expliquent que pour réussir le forfait, « il leur suffit de tirer le butane contenu dans les bouteilles à l’aide d’un tuyau des bouteilles pleines pour les reverser dans des bouteilles vides, afin de les vendre à des poids inférieurs au prix de la bouteille pleine », explique ce cadre.
En tout cas, la bouteille pleine ou pas, le consommateur a encore du mal à découvrir la supercherie. Surtout que jusqu’à ce jour, les balances et les masses étalon qu’avaient exigé le Minmidt aux distributeurs, ne sont pas encore mis en application. Ces unités de mesures devaient permettre aux consommateurs de vérifier le poids de la bouteille et de son contenu. La décision a été prise au cours d’une rencontre entre l’administration et les marketeurs, en décembre 2013.  Jusqu’à ce jour, rien n’est encore fait. Pourtant, cette mesure avait même déjà été prise en 2010, par l’agence des normes et de la qualité (Anor). Le prix de la balance oscille entre 7000 FCFA et 10 000 FCFA.
Toutefois, il faut relever que le siphonage des bouteilles de gaz, n’est pas la seule technique pour flouer les consommateurs. Les distributeurs, ont également trouvé l’astuce de recouvrer les bouteilles de gaz importées, des couleurs des marketeurs présents au Cameroun, pour les revendre aux clients. Et, c’est au bout de quelques mois, que la vrai couleur de la bouteille repeinte est découverte. En décembre 2013, une cargaison de ces bouteilles avaient été saisie par la délégation régionale du Minmidt pour le Littoral. La plupart de ces bouteilles vides importées ne pèsent que 11 à 13 kg. Bien plus, les vendeurs de bouteilles vides de gaz, déjouent la vigilance des consommateurs, en leur revendant des bouteilles « n’ayant jamais subit une réépreuve. Et, comme les consommateurs ne savent pas qu’ils doivent regarder la date de fabrication sur les bouteilles, on les trompe », révèle, un cadre du Minmidt. Ce dernier, précise que selon la loi, la réepreuve d’un appareil à pression de gaz doit se faire après 5 ans. Ces bouteilles non réepreuvées, sont très souvent à l’origine des explosions, apprend-on.

Christelle Kouétcha

Finances publiques: 10 milliards de bons de trésor émis par le Cameroun sur le marché des titres

Ils ont été souscrits à 333% selon des résultats publiés par la Banque des Etats de l’Afrique centrale.
Alamine Ousmane Mey, Ministre des finances
Le Trésor public du Cameroun a procédé mercredi dernier à l'émission, par voie d'adjudication, de Bons du Trésor assimilables (BTA) d’un montant global de 10 milliards de FCFA, a-t-on appris dans un communiqué du ministre des Finances, rendu publique sur le site internet de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC). Ces titres de créances à court terme, ont atteint un taux de couverture de 333%. Les soumissions ont donc largement dépassé le montant sollicité par le Cameroun. Les investisseurs ont de ce fait servi 33,3 milliards de FCFA à l’Etat camerounais, qui ne sollicitait que 10 milliards de FCFA. Cette sollicitude des investisseurs a permis au Trésor public de lever les fonds requis à un taux limite de 1,5%.
Et, sur les 13 spécialistes de la valeur de trésor (SVT) inscrit dans le réseau, seulement 9 d’entre eux ont soumissionné à ces Bons de trésor assimilables à 26 semaines. Cette émission,  constitue la deuxième réalisée par le Cameroun pour le compte du second trimestre 2014. La première adjudication de bons du trésor du Cameroun, avait été faite le 30 avril 2014. A cette date, le taux de couverture de la demande avait culminé et avait atteint 587%. Le Cameroun ne sollicitait que 5 milliards de FCFA, mais le montant total des soumissions avaient atteints 29,350 milliards de FCFA.  
Selon le calendrier des opérations du Trésor camerounais sur le marché de la BEAC, la nouvelle émission  de bons du Trésor est prévue pour le mercredi 28 mai 2014, pour un montant de 5 milliards de FCFA, apprend-on. Sur l’ensemble du 2ème trimestre 2014, l’Etat du Cameroun envisage de lever entre 25 et 30 milliards de FCFA sur le marché des titres de la banque centrale des Etats de la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale (Cemac). Ainsi, comme le prévoit calendrier Indicatif des émissions des Bons et Obligations du trésor de l'Etat du Cameroun au titre du deuxième trimestre 2014, le Cameroun envisage lancer la première émission des Obligations de trésor assimilables (OTA) de l’année 2014, le 04 juin prochain. L’objectif selon la loi de finance, étant de mobiliser sur le marché des capitaux tout au long de l’année, 250 milliards de FCFA.

Christelle Kouétcha

Tableau 1: Calendrier du deuxième trimestre 2014
Instruments
Mois
Maturité
Date d'annonce
Date d'adjudication
Date de valeur
Date d'échéance
Montant
BTA
Avril
52 semaines
24/04/2014
30/04/2014
02/05/2014
04/05/2015
5 000
Mai
26 semaines
08/05/2014
14/05/2014
16/05/2014
14/11/2014
5 000
26 semaines
22/05/2014
28/05/2014
30/05/2014
28/11/2014
5 000
OTA
Juin (assimilation)
02 ans
29/05/2014
04/06/2014
06/06/2014
07/09/2014
[5 000-10 000]
TOTAL 2ème Trimestre
[25 000-30 000]
Source: Ministère des Finances (MINFI), Direction Générale du Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire (DGTCFM)

16 mai 2014

Le centre de traitement des déchets industriels de Douala exploité en 2017

C'est dans ces installations que seront traités tous les déchets industriels issus des entreprises basées dans la capitale économique du Cameroun.
Plus que trois ans, et la phase d’exploitation du centre de stockage des déchets industriels de Douala va démarrer. Cette infrastructure, située à Ngombè, localité de l’arrondissement de Douala 5ème, va permettre le traitement des déchets industriels. Qui, sont de 8000 tonnes par an à Douala, selon une étude commandée en 2005 par le Programme des Nations unies pour le développement sur les déchets industriels. Et, dans tout le Cameroun, il est de 13 400 tonnes. Le projet est piloté par la communauté urbaine de Douala (Cud), avec l’appui du ministère du Développement urbain et de l'Habitat (Minduh). Le coût des travaux de construction de ce centre est de 17 milliards de FCFA. Le site où va être implanté l’infrastructure s'étend sur 70 hectares sur lesquels 9 casiers (des trous) de 15 mètres de profondeur en moyenne seront effectués.
Au cours de la deuxième session du comité de pilotage de ce projet, en septembre 2013, Fritz Ntonè Ntonè, délégué du gouvernement auprès de la CUD, avait relevé que ce centre de stockage des déchets industriels pourra produire 50 à 70 emplois permanents. Et, dans le cadre des recrutements, les habitants de Ngombè, lors des audiences publiques, ont souhaité que « la main d’œuvre locale soit priorisée dans la mesure de toutes les compétences disponibles », a indiqué Missone Missone, habitant de Ngombè, dans le registre des observations de ces audiences.
En outre, selon la CUD, le centre de stockage pourra générer 1,8 milliards de FCFA par an. Et, c’est avec ce bénéfice que les responsables du centre de stockage envisagent assurer la maintenance de l’ouvrage. L’entreprise en charge des travaux de construction de ce centre « n’est pas encore connu », apprend-on auprès d’un cadre de la CUD. Et, les services de ce centre de traitement des déchets industriels de Douala pourront s'arrêter en 2050. L’on a appris que la Minduh, envisage d’ailleurs étendre ce centre de stockage de déchets industriels, vers les villes de Yaoundé et Limbé.
Christelle Kouétcha 


Durando Ndongsok : « Les propositions des populations aux audiences publiques peuvent changer les choses »

L’Expert en environnement et développement durable  apporte des éclaircissements sur le processus des audiences publiques.

Durando Ndongsok 
C’est quoi les audiences publiques, à quoi cela consiste et servent elles?
Au Cameroun, dans le cadre des Etudes d’impact Environnemental et Social (Eies), les promoteurs de projets doivent faire les consultations publiques (CP) et les audiences publiques (AP). Les CP se passent pendant l’étude et donc font parties intégrantes du rapport de l’Eies. Les CP se font sur le site du projet, et les populations impliquées/influées doivent être invitées directement pour donner leur opinions. Mais, les AP se font après que le rapport de l’Eies soit déposé au ministère en charge de l’Environnement. Les populations commentent encore l’étude et peuvent toujours donner leur opinion pour changer les choses. Si des avis défavorables sont encore collectés, le porteur du projet sera encore interpellé et si rien n’est fait, il n’aura pas son certificat de conformité qui lui donne l’autorisation de commencer les travaux.
Quel est l’importance des audiences publiques ?
Les audiences publiques donnent la chance à tout le monde de donner son point de vue sur le rapport de l’étude, mais aussi revenir sur l’étude elle-même s’il y a encore des choses qui n’ont pas été prises en compte.
Selon vous est-ce que la façon dont les audiences publiques est organisée au Cameroun, cela est susceptible de prendre en compte les appréhensions ?
Je pense que la question dans le monde d’entier est toujours celle de savoir comment l’information est véhiculée, comment les parties prenantes sont informées des études d’impacts, de la tenue des consultations et audiences publiques. On exige au Cameroun pour les consultations publiques que les parties prenantes (représentants des populations) soient informées au moins trente jours avant la tenue de l'évènement. Concernant les audiences publiques, une fois le rapport de l’étude déposé en (20 copies), il est mis à la disposition du publique. Ca se passe dans une salle du ministère ou les copies du rapport sont déposées avec du matériel pour enregistrer les plaintes éventuelles. La question est de savoir si les gens sont suffisamment informés ? La loi est claire et nul n’est censé l’ignorer. On ne peut pas facilement parler des appréhensions dans ce cas. Bien entendu les termes comme « représentant des populations » peuvent  prêter à confusion, mais il y’a un Comité Interministériel de l’Environnement et une délégation de l’environnement pour clarifier en fonction des projets qui peuvent être les représentants de la population. D’ailleurs le Délégué régional de l’Environnement doit être convié aux consultations des parties prenantes
Le fait de réaliser les audiences publiques au Cameroun hors du site du projet, n’est-il pas susceptible de biaiser l’étude ?
En principe non, puisqu’avant il y a les consultations publiques qui sont faites sur le site du projet.
Comment les populations victimes d’un projet, peuvent s’assurer que tous les récriminations ou observations faites dans les audiences publiques  sont prises en compte ?
En principe toutes les récriminations faites sont prises en compte avant que le ministère ne délivre le certificat de conformité. La loi ne dit pas ce qui se passera si ce n’est pas le cas, si le ministère omet de faire son travail avant de délivrer le certificat de conformité.
On ne note pas assez d’affluence lors des audiences publiques, qu’est ce qui peu justifier cette situation et ne pensez-vous pas que cela peut biaiser les études ?
Comme j’ai dit, tant que le porteur du projet suit le guideline, si les gens ne se présentent pas pour poser des revendications, cela ne saurait être la faute du porteur du projet.
Propos recueillis par Christelle Kouétcha