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Hydrocarbures : Les vraies raisons de l’augmentation des prix au Cameroun

La production de la Sonara est devenue insuffisante pour satisfaire la demande nationale, et l’entreprise ne dispose plus d’une trésorerie solide.

24 juil. 2014

Julien Foumane « Les associations de consommateurs doivent exiger le contrôle des fichiers de facturation d’AES-Sonel »

Le président du syndicat national de l’énergie électrique  promulgue ici quelques conseils aux consommateurs pour leur permettre d’éviter la surfacturation.
Comment appréciez-vous la prédominance des plaintes des consommateurs sur les cas de surfacturation de leur quittance d’électricité ?
Julien Foumane
Il faut dire que  la ligne de conduite d’AES-Sonel est basée sur la tricherie et le sous-entendu. Puisqu’au niveau de la fonction commerciale, AES-Sonel est consciente de ses limites et qui sont néfastes. Je le dis d’ailleurs avec autorité, car j’ai été chef service de l’organisation et des méthodes commerciales à la Sonel et je sais comment on fait une facture et quels sont les étapes à suivre pour émettre une facture qui n’est pas contestée par le client. Les américains, ont peut-être des expériences dans la production de l’énergie électrique, mais la fonction commerciale reste quelque chose de spécifique qu’ils n’ont pas pu maitriser jusqu’ici.  Il faut prendre des spécialistes. Actuellement, il faut reprendre à zéro l’organisation commerciale à AES-Sonel. Cette entreprise ne peut qu’avoir des plaintes pour surfacturation. Puisque, leur système de facturation, ne permet purement et simplement pas de faire un contrôle de l’authenticité, de la véracité d’une facture avant émise et remise aux consommateurs. Il y au moins deux ou trois étapes que l’on doit suivre pour faire une facture sans controverse, mais qui n’est pas faite dans cette entreprise. La première étape, consiste à sortir le bordereau de relève. Ce qui veut dire que toutes les installations qui sont sur le terrain avec compteur ou pas, sont inscrites sur le bordereau, le système informatique est là pour le restituer. Ensuite, l’on doit envoyer les releveurs sur le terrain. Ceux-ci, relèvent les index qu’ils renseignent sur le bordereau.  Ces index sont par la suite saisis et l’on lance le programme informatique qui  permet de déterminer les différents types d’anomalies et les corrige. L’état des différentes anomalies qui est fait, est connu par le responsable de la facturation et qui les corrige. L’un des problèmes à détecter  se trouve au niveau des Kilowatt/heure. Si un client qui a l’habitude de consommer 20 KWH, se retrouve avec 60 KWH, alors il y a un problème. Alors, on repart sur le terrain pour faire la contre-relève. Il faut que l’on sorte une facture pour que le chef d’agence valide le bordereau. Sa signature garantit qu’il se porte garant qu’il n’y aura pas d’erreurs. Il s’approprie donc de la facturation qu’il va envoyer en destination des consommateurs. Voila ce qu’AES devrait faire. Avec cette méthode, il y avait moins de plaintes. Et,  chaque mois il doit avoir un rapport de validation des factures d’Aes-Sonel. Il y a beaucoup à faire dans ce secteur. 
A votre avis pourquoi l’ARSEL ne dit pas son mot sur les surfacturations ? 
L’Arsel c’est un gadget que le gouvernement a créé pour se donner une belle facette dans le processus de privatisation. Cet organe de régulation, qui devrait faire appliquer le règlement du service de l'électricité, dont elle est garante, est simplement le complice de la tricherie d’AES. Et, cela  n’est pas surprenant, car elle a été créée pour n’être qu’une figurante.  En fait l’Arsel, il faut fermer cette histoire. Elle ne peut rien faire. Elle n’est pas répandue dans tout le pays. Elle a un budget de maximum 2 à 3 milliards qui est insignifiant pour son fonctionnement. Et, on fait cela pour mieux les neutraliser.
Comment les consommateurs peuvent déterminer que la quittance d’électricité est surfacturée ?
Le premier contrôle visuel doit être. Le consommateur doit prendre l’index qui est sur le compteur et le comparer avec celui sur la facture. Chaque fois que l’index qui est sur la facture est supérieur à celui sur le compteur, manifestement il y a surfacturation. Deuxièmement, nous avons pensé que les associations des consommateurs pouvaient être mises à contribution, pour que chaque fois que les clients reçoivent les factures, ils vont les rencontrer. Mais, cela sera très lourd. Les associations de consommateurs doivent se constituer en pool. Ceci, pour pouvoir dire à AES-Sonel que chaque fois qu’il sort les facturations, qu’il mette à notre disposition les fichiers informatiques. A travers ce fichier, les experts que le pool des associations de consommateur va disposer, pourront dépister toutes les erreurs qui sont plausibles sur la facturation. Demandez à un consommateur, qui très souvent ne connait ni lire ou écrire de regarder ces détails, il ne peut pas. Il faut donc que les associations des consommateurs exigent ce droit. Cela serait bien pour les consommateurs qui ne peuvent pas individuellement aller vérifier. Quand le pool des associations des consommateurs, va pouvoir détecter ses erreurs deux ou trois fois, elle pourra donner l’ordre que les consommateurs ne payent pas leur facture.
Vous avez été chef service de l’organisation et des méthodes commerciales à l’époque de la Sonel, selon vous, est-ce que l’approche qui consiste à faire payer les surfacturations par le consommateur est une bonne démarche ? 
C’est une mauvaise démarche parce que, l’entreprise à l’obligation de donner aux consommateurs une bonne facture. Le règlement de service stipule que lorsqu’il y a un problème sur la facture, je dois faire une réclamation écrite. Dès quelle est déposée, la société ne doit pas couper le courant électrique. Mais, il y a combien de consommateurs qui peuvent faire une réclamation écrite ? Les associations de consommateurs doivent exiger les fichiers pour que l’on contrôle la véracité, l’authenticité et la  justesse des facturations au plan national. C’est un petit programme que l’on doit mettre en œuvre au plan national. Là où il y a surfacturation on demande à l’entreprise de vérifier.   

Propos recueillis par Christelle Kouétcha 

AES-Sonel : Les index truqués pour flouer le consommateur

La responsabilité de la surfacturation des quittances est partagée entre AES-Sonel  et les sous-traitants de l’entreprise.
La surfacturation sur les quittances d’électricité  d’AES-Sonel, se joue en grande majorité sur les index des compteurs. En effet, comme l’expliquent des sources au sein de l’entreprise, les index remis par les releveurs, sont très souvent gonflés et ne correspondent pas à l’index indiqué sur le compteur. A première vue donc, ces relevés des index peuvent paraître justes, quelques KWH sont le plus souvent ajoutés en catimini, ce qui renchérit au bout du compte le montant net à payer. « Ils (AES-Sonel Ndlr) savent que la plupart des usagers prennent rarement la peine de comparer leurs index et vérifier la correspondance exacte avec le montant mentionné au bas de leur quittance, l’entreprise en profite pour procéder subrepticement à ce tripatouillage afin de travestir sciemment ce chiffre », souligne Julien Foumane, président du syndicat national de l’énergie électrique (SNEE).
Un responsable d’AES-Sonel, confie d’ailleurs que cette augmentation est effectuée aussi bien au niveau du releveur, que de l’entreprise, notamment avec les chefs d’agences. Ceux-ci, étant sous le joug  de  la ligne de conduite imposée par AES-Sonel, qui « exige des objectifs de ventes aux chefs d’agences », confie un cadre de la structure, sous anonymat. A en croire ce dernier, ces objectifs de ventes consistent à imposer aux chefs d’agence de ramener un certain quota de KWH à la fin du mois. Et, « ce qui arrive est simple car,  quand un chef arrive à la fin du mois et se rend compte qu’il n’a pas pu ramener 5000 KWH par exemple fixé, il ne peut que surfacturer. Pourtant, la consommation réelle de la zone ciblée est même en deçà des objectifs fixés », explique une source interne à la structure. Et, puisque les chefs sont sous la pression de résultats exigés, ils imputent directement aux agents des sous-traitants, qui, « ne sont payés que si la performance est atteinte », apprend-on. Par conséquent, « il faut faire un coefficient multiplicateur pour tout le monde puisque les objectifs sont irréalisables », rapporte Christophe T., employé dans une sous-traitance d’AES-Sonel.
La direction générale d’AES-Sonel, sollicitée, n’a pas pu apporter de démenti sur ces accusations. Le protocole d’interview servit à l’entreprise n’a toujours pas eu de réponses. Les coups de fils auprès des responsables de la structure, n’ont également pas eu de suite.  N’empêche, l'on a pu apprendre en outre, auprès des experts  que pour surfacturer les quittances, l’entreprise ajoute en moyenne 10% sur la consommation des clients. Ceci, précise un cadre d’AES-Sonel, est le plus souvent perceptible lorsque le montant des factures se termine avec des chiffres décimaux. « Un kilowatt heure, c’est bien kilowatt heure, il n’a pas de portion de kilowatt heure. Il n y’a qu’au Cameroun que ce que la science physique n’a pas enseigné, est appliqué », analyse Eric Ekwe, expert en énergie électrique.
Julien Fomane, ex cadre de la Sonel où il occupait entre autre la fonction de délégué provinciale du Littoral et de l’extrême nord, relève par ailleurs que les actes de surfacturation, sont réalisés à travers les nouveaux compteurs électriques d’AES-Sonel. A en croire ce dernier, la structure ne dispose pas de compteurs étalonnés, c’est-à dire dont la vitesse est contrôlée. « Cet étalonnage est fait au sein des bancs d’étalonnage que AES a dû mettre de côté après l’achat de la Sonel. Par conséquent, les compteurs installés chez les clients sont non contrôlés et tournent à des vitesses que le consommateur lui-même ne maîtrise pas. Et, bienvenue la surfacturation. Le compteur doit être même étalonné en présence d’un espèce qui doit confirmer aux clients la véracité des résultats », précise l’expert. Ceci, non sans proposer que les bancs d’étalonnage externes à l’entreprise soient créés.
Christelle Kouétcha



AES-Sonel : Des consommateurs contraints de payer l’excédent

Plusieurs autres sont victimes de coupures faute de n’avoir pas pu régler la facture à temps. 
Une semaine sans électricité, c’est le nombre de temps qu’a passé la famille Toko, au quartier Anguissa à Yaoundé la semaine dernière. Celle-ci, malgré sa plainte déposée à l’agence Aes-Sonel de Nkondengui dans la même ville, pour surfacturation sur sa quittance, s’est vue servir un avis de coupure. La même situation a été vécue par la famille Ayena, au quartier Deïdo à Douala. Cette fois, la coupure n’a duré que deux jours.  Le patron de la famille, relate que « j’ai été obligé de faire un sit-in dans les bureaux du chef d’agence de Ndokoti, pour qu’il commence à étudier ma requête et découvre que j’avais raison », raconte-t-il.
Mais, malgré la surfacturation constatée, le consommateur confie que l’entreprise de production et distribution d’énergie électrique, lui a demandé de « payer d’abord le montant surfacturé, et que le surplus va être défalqué sur les autres quittances », confie-t-il. Heureusement, ce dernier a pu payer l’excédent qui était de 15 000 FCFA. Pourtant, quatre autres familles rencontrées à Deido, sont depuis un mois déjà dans l’incapacité de payer le surplus. Reynald Boungue, comptable, en est une victime. Il confie que la surfacturation du mois de mai, était de près d’un million de FCFA. Et, aujourd’hui, les quatre locataires de l’immeuble sont contraints de débourser chacun 250 000 FCFA pour régler « le trop perçu d’AES-Sonel ».
Les consommateurs doivent donc payer d’abord et la suite sera vue après. Cette approche, n’est pas du tout « équitable », selon les associations des consommateurs. Président de la ligue des consommateurs du Cameroun, Delor Magellan Kamgaing, révèle d’ailleurs que plusieurs consommateurs, qui payent pour la surfacturation, n’ont jamais de suite. Pour lui, le consommateur doit refuser de tomber dans ce piège, obtenir la correction de sa facture avant de payer. « Dès que le consommateur constate la surfacturation, il faut plutôt demander à ce qu'une équipe se déplace à votre domicile pour effectuer le bilan de puissance, afin d'étayer votre argumentaire », conseille-t-il.   
Devant toutes ces plaintes des consommateurs sur la surfacturation, le régulateur du secteur de l’énergie électrique n’a jamais « sévi ». L’agence de régulation du secteur de l’énergie électrique (Arsel), qui a pour mission de sanctionner les « égarements » dans le secteur de l’électricité, na jamais servi de sanctions à AES-Sonel. Un silence du régulateur qui viole ainsi l’article 3-1 du décret présidentiel N°99/125 du 19 juin 1999 portant organisation et fonctionnement de l’Agence et surtout, l’article 72-1 de la NEL (la nouvelle loi N°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité), qui lui prescrit comme principale mission de « veiller aux intérêts des consommateurs et d’assurer la protection de leurs droits pour ce qui est du prix, de la fourniture et de la qualité de l’énergie électrique ». Toute chose qui fait dire au RACE que, « l’Arsel  partage avec AES les dividendes du vol organisé sur le dos des consommateurs », s’indigne Denis Nkwebo,  Membre co-fondateur de l’association.
Christelle Kouétcha



AES-Sonel: Des factures exorbitantes servies aux clients

Plusieurs consommateurs sont victimes chaque mois de surfacturation sur leur facture d’électricité.
Des quittances qui fâchent
Romuald T. a passé un mois de mai dernier plutôt tumultueux.  Cet expert comptable, a partagé son quotidien entre les allées et venues à son lieu de service, et à l’agence AES-sonel de Ndogpassi, à Douala au Cameroun. Pour cause, le consommateur, qui a coutume de payer une facture de 25 000 FCFA, s’est retrouvé avec une facture de 96 000 FCFA.  Et, « c’est par un message d’Orange money (service de e-banking utilisé par Aes-Sonel pour limiter les fils d’attente devant les caisses Ndlr), que j’ai été informé de la supercherie », raconte-t-il. Il n’est pas d’ailleurs, la seule victime. Arold G., locataire dans un immeuble au quartier Makepe, et ses colocataires, ont reçu au mois de mai une facture de 2 millions de FCFA. Ce qui est plus de dix fois supérieur  à la consommation de ces derniers, qui se situe apprend-on à 75 000 FCFA en moyenne. « Nous avons cru que notre immeuble a consommé toute l’énergie de Douala », ironise, ce dernier.
Cette surfacturation, est également ressentie auprès des entreprises. Quelques promoteurs de petites et moyennes entreprises rencontrés, confient qu’au mois d’avril et de mai, la facture d’électricité est arrivée avec un surplus de près de 10%,  sur la consommation habituelle. Promoteur d’un cabinet audit comptable à Akwa, Stephane Nkoa, explique que pour la facture d’avril sa structure s’est vue se servir une facture de 62000 FCFA, au lieu de 30 000 FCFA comme à l’accoutumé. Une requête de l’entreprise auprès de l’entreprise de production et de distribution d’énergie électrique a été déposée auprès de l’agence Aes-Sonel, d’Akwa, apprend-on. 
Dans cette agence, ainsi que celles de Ndogpassi, Ndokoti, et Dakar, des cadres rencontrés, confient que ce type de problème est très récurrent. Ici, l’on apprend que des requêtes pour des problèmes de surfacturation sont constamment déposées dans leurs agences respectives. Le 10 mai dernier, aux environs de 10 heures, L’on a pu rencontrer à l’agence de Ndogpassi, cinq clients AES-Sonel, venus se plaindre de la surfacturation. L’un d’entre eux, Romain T., munis de ses dernières factures, était très remonté contre les agents AES-Sonel présents. « Il me font perdre du temps. Mon fils est venu ici, avec les anciennes factures pour leur démontrer que l’on a été surfacturé. Mais tout ce qu’on trouve à lui dire c’est que nous devons payer. Je ne peux pas payer pour une consommation supposée », s’indigne-t-il.
Pour ce dernier, la facture est passée de 25 000 FCFA à 200 000 FCFA. Bien plus, l’on apprend que c’est grâce à cette surfacturation du mois de mai, qu’il découvre qu’il est victime de cette « arnaque » depuis le mois de mars et d’avril. Concrètement, durant deux mois, j’ai eu des surfacturations 2 000 FCFA, pour chaque mois. « Je ne reçois pas les factures depuis trois mois, donc c’est par le biais d’Orange money que je suis informé et je règle. Il a fallu que le chef d’agence ressorte mes factures d’antan pour qu’ensemble nous découvrons que je paye plus que ce que je ne consomme », relate Romain  T.
Même si au sein d’AES-Sonel on n’a pas souhaité donner de manière chiffrée le nombre de plaintes de surfacturations enregistrées, les associations des consommateurs elles, affirment en recevoir en quantité importante. C’est le cas du Réseau associatif des consommateurs de l’énergie (RACE). Membre co-fondateur du Race, Denis Nkwebo, révèle qu’au sein du RACE,  les requêtes pour surfacturation se comptent par milliers. A la Ligue camerounaise des consommateurs, Delor Magellan Kamgaing, révèle que ces plaintes de surfacturation occupent la deuxième position, après les coupures intempestives d'électricité. En 2013, un rapport de cette association, avait relevé que chaque mois, les factures de consommation sont systématiquement majorées entre 1 et 3% de leur valeur réelle. L’étude du RACE, avait réalisée sur des quittances de 58 usagers à Douala et à Yaoundé.

Christelle Kouétcha

Hydrocarbures : Les vraies raisons de l’augmentation des prix au Cameroun

La production de la Sonara est devenue insuffisante pour satisfaire la demande nationale, et l’entreprise ne dispose plus d’une trésorerie solide.

La production de la Sonara en chute libre
Cela n’a pas été suffisamment mis en exergue, mais le gouvernement du Cameroun, à travers son ministre de la Communication a formellement révélé que l’augmentation des prix des carburants au Cameroun a été causée par l’effondrement de la Société nationale de raffinage (Sonara). Selon Issa Tchiroma, la Sonara n’est plus en mesure de satisfaire la demande nationale.  L’entreprise étatique, a depuis le début de l’année 2014, connu une baisse drastique de sa production de l’ordre de 41%. Ainsi, elle est partie de 340 m3/heure à 200m3/heure. Sans cette baisse imposée par les circonstances, les unités de production de la Sonara devaient être aujourd’hui « en arrêt total », précisait le Mincom au cours d’un point de presse à Yaoundé, en début du mois de juillet.
Plus grave, cette importante réduction a contraint la société à recourir aux importations des produits finis. Ces produits importés  et vendus sur le territoire national, sont donc sujets aux fluctuations des cours mondiaux de plus en plus croissants. Et, la Sonara, à travers laquelle l’État intervient pour opérationnaliser la subvention des prix des hydrocarbures à la pompe, n’a pas pu résister aux dépenses « colossales » des importations. Car, l’entreprise endettée,  ne dispose pas d’une trésorerie qui lui permet aujourd’hui d’avoir des lignes de crédits, apprend-on. L’entreprise étant dépourvue de lignes de crédit, « n’a plus la possibilité d’acheter le pétrole brut en quantité suffisante », révélait le Mincom.
Il a fallu donc augmenter les prix à la pompe, car, selon le porte-parole du gouvernement, la Sonara est au bord de l’effondrement. Surtout que, l’Etat dans sa politique de subvention n’a même pas encore honoré ses engagements. Issa Tchiroma, au cours du point de presse, avait même à titre illustratif affirmé que pour l’année 2014, 220 milliards de FCFA avaient été budgétisés pour couvrir les manques à gagner de la Sonara. Cependant, parvenu au mois de juin 2014, ces prévisions sont déjà en dépassement de plus de 100 milliards de FCFA, et les projections pour la fin de l’année, estimées quant à elles à 450 milliards de FCFA, au lieu de 220 milliards initialement prévus. L’entreprise a elle aussi les difficultés à honorer ses engagements envers ses partenaires financiers. Les créances de la Sonara se situent à l’heure actuelle de 300 milliards de FCFA, avec un cumul des impayés qui s’élève à 550 milliards de FCFA, apprend-on. Les fournisseurs de l’entreprise publique sont d’ailleurs devenus très frileux à lui livrer le pétrole brut.
Christelle Kouétcha


21 juil. 2014

Lamon Rutten : « Les gouvernements ne doivent pas gêner la création des chaines de valeur agricoles »

Le Chef de programme politiques, marchés et TIC au Centre technique de coopération agricole et rurale analyse l’importance du financement des chaînes de valeur agricole.
 Lamon Rutten
Aujourd’hui, vous encouragez le financement des chaînes de valeur agricoles (CVA), est-ce que cela signifie que les financements traditionnels ne sont plus efficaces ?
Les techniques traditionnelles, ont échoué pour de bonnes raisons. Ainsi, si on parle de financer l’agriculture avec les techniques de banques agricoles, de crédits subventionnés, ce ne sont pas de bonnes solutions. Ces techniques ont été essayées dans plusieurs pays, et elles n’ont pas fonctionné. Aujourd’hui, le financement des chaines de valeurs agricoles c’est une technique qui est complètement différente des techniques traditionnelles pour financer l’agriculture. Cette technique rend le financement beaucoup moins risqué. C’est un modèle qui est nouveau pour les gouvernements, les banques, les paysans. N’empêche, ce financement est très attractif. Même, si cette nouvelle technique est peu connue, elle fait déjà ses preuves dans plusieurs pays africains, comme l’Ouganda, le Kenya.
Effectivement, en quoi consiste concrètement ce financement des CVA?
Avec le financement des CVA, on finance certes l’agriculture, mais cela n’est pas directement destiné aux paysans qui veulent prêter de l’argent. En effet, on finance directement la chaîne de valeur dans laquelle le producteur délivre ses produits. Si l’on prend par exemple, la chaîne de valeur de riz, le producteur produit le paddy qui est transformé et vendu comme riz. Un banquier peut financer tout ce processus, des la production avant même que le paddy existe. Il peut aussi financer, le stockage, la transformation, puis la vente, Et, c’est seulement au niveau de la vente que le prêt peut être remboursé. C’est cela qui constitue la chaîne de valeur et on peut le faire pour tous les produits de base.
Quelles sont les conditions qu’il faut remplir pour que le financement des CVA soit une réussite?
Il faut que les chaines de valeur soient mises en place. Il faut que les gens se sentent organiser, pour  avoir des interactions. Puisque, une chaîne de valeur est une relation entre les producteurs,  les acheteurs  et les banquiers.  La transaction va dans les deux directions et il faut que cela soit créé. Le secteur privé peut bien le faire, surtout s’il n’y  a pas de politique défavorable, pas d’intervention négative du gouvernement dans l’agriculture. Les gouvernements ne doivent pas gêner la création des chaines de valeur agricole. Et, le secteur privé avec les producteurs, doivent organiser la chaîne afin que les banques puissant leur financer.
Propos recueillis par Christelle Kouétcha


Agriculture: Financer les chaînes de valeur agricoles pour booster le secteur

Les experts réunis à Nairobi au Kenya, estiment que ce financement est une solution pour réduire les coûts, les risques financiers du secteur agricole.

Ils sont nombreux les institutions bancaires, bailleurs de fonds, en Afrique et au Cameroun en particulier, qui éprouvent encore d’énormes difficultés pour financer le secteur agricole. Pour ces derniers, l’agriculture constitue un réel risque. Et,  comme le soutient le directeur du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), l’octroi des subventions directes par les banques d’Etat se sont révélées chères et peu efficaces. Ainsi, pour Michael Hailu, et plusieurs autres experts réunis à Nairobi au Kenya, le financement des chaînes de valeur agricoles (CVA) constitue une piste « intéressante » par rapport aux autres méthodes. Ces spécialistes, environ 500 prennent part à la conférence internationale « révolutionner le financement des CVA (Fin4ag) ». Cette rencontre, s’ouvre ce lundi 12 juillet 2014. Elle est organisée par le CTA en collaboration avec l’Association africaine du crédit rural et agricole (Afraca).
Les CVA comme l’expliquent les spécialistes peuvent être considérées comme une série de procédés et de flux allant «du champ à la fourchette» - depuis les intrants à la production, en passant par la transformation, à la commercialisation et au consommateur. Ainsi, soutient, le directeur général de l’Afraca, le financement des CVA offre aux agriculteurs un accès plus aisé aux intrants et de meilleures garanties pour la commercialisation de leurs récoltes.
L’un des modèles structurés dans le cadre du financement des chaines de valeurs, est le financement par récépissé d’entrepôt. Directeur général du Groupe commercial bank of africa limited, Isaac Awoundo, explique qu’à travers ce type de financement, les banques peuvent accorder des crédits contre la mise en garantie des stocks de matière première. Le bailleur de fond engage un gestionnaire de garantie qui enlève le contrôle effectif des stocks à l’agriculteur emprunteur. Celui-ci, garantit la présence continue des marchandises et est responsable envers la banque en cas de défaut de remboursement. La mise en place des bourses de matières premières, d’un système de crédit sur inventaire, sont entre autres modèles. Mais, « dés lors qu’une CVA a fait ses preuves, il devient envisageable de proposer un financement a plus long terme pour des infrastructures nécessaires à la mécanisation, à l’irrigation, au stockage et traitement des denrées », conclut Michael Hailu.

Christelle Kouétcha

3 juil. 2014

Augmentation du prix du carburant au Cameroun: Arrêt sur image

Source: Facebook

Augmentation du Carburant au Cameroun : Le secteur privé mis à l’écart des négociations

Les acteurs de la société civile, les syndicats patronaux et les syndicats de transports affirment n’avoir jamais été consultés.  
Louis Paul Motaze
Le gouvernement du Cameroun, a donc finalement décidé seul d’augmenter le prix du carburant  et du gaz domestique. En tout cas, si l’on en croire les acteurs de la société civile, les responsables des organisations patronales, les associations des consommateurs, aucune concertation n’a été faite avec les représentants du secteur privé  pour aboutir à une telle décision. Au sein des associations des consommateurs, telles que la Ligue camerounaise des consommateurs (LCC), le Réseau associatif des consommateurs de l’énergie (Race), les présidents ont confié n’avoir jamais échangé avec le gouvernement. Ces augmentations des prix à la pompe n’ont « aucun argument économique sérieux, mais sont sujettes à provoquer les Camerounais », explique le Race.
Entreprise Cameroun (E-cam), la Camerounaise des PME (C-PME) confient, en outre avoir été surprises comme tous les Camerounais au soir du lundi 30 juin 2014, par le communiqué portant  augmentation des produits pétroliers. Président d’E-cam, Protais Ayangma, joint au téléphone, qualifie  la décision du gouvernement d’unilatérale. Pourtant, cette « décision devait être collégiale, car le carburant conditionne la totalité de la vie économique d’un pays », soutient le président de C-PME, Anselme Kemva. Pour lui, l’augmentation du prix du carburant  et du gasoil, est un coup de massue pour les PME, qui ne bénéficient pas déjà d’une large couverture d’énergie électrique. 
En tout cas, dans cette organisation patronale,  l’on estime que le fléchissement du Cameroun aux exigences du FMI, « est une stratégie pour créer l’inflation des produits nationaux et les rendre non compétitifs par rapport aux produits importés qui vont davantage envahir le Cameroun avec les accords de partenariats économiques ». Ici, comme au sein des syndicats des transporteurs, le gouvernement devait rappeler toutes les parties prenantes sur la table des échanges. Car, comme l’indique le président du Syndicat autonome des taximen du Wouri (Synataw), le gouvernement est passé en force, pourtant d’autres concertations devaient suivre, après celles du 02 juin 2012. Et, aux partenaires sociaux de se demander si l’augmentation du prix du carburant, justifie que les causes qui motivaient les subventions de ces produits ont disparues. Le gouvernement n’a pas encore répondu à cette interrogation.
Christelle Kouétcha 


Augmentation du Carburant au Cameroun : vers la hausse du prix du transport

Les agences de transports interurbains, les conducteurs de taxi et de moto taxi ont vu leur charge  en carburant augmenté en deux jours.
Hausse probable du prix de transport
Les usagers vont sans doute dans les jours à venir, payer un peu plus cher leur transport. C’est en tout cas, les prévisions que font les agences de transports interurbains, les conducteurs de taxi, les moto-taxis. Ces derniers, suite  à l’augmentation du prix du carburant au Cameroun de 81 FCFA, confient que leur charge en carburant, est considérablement entrain de grimper. Dans les agences de transports interurbains situées à la douche municipale, Mboppi à Douala, les responsables confient que la journée de mardi 1er juillet, « c’est à perte que nous avons roulé, car les dépenses en carburant pour cette seule journée ont pratiquement doublées », confie un cadre au sein d’une agence de voyage.
Le même son de cloche, est perceptible, à l’agence de transport, Central Voyages.  Même si, les tarifs d’antan sont encore appliqués, les responsables expliquent que si « le niveau des dépenses sont de plus en plus grandissant, nous allons voir dans quelle mesure les prix vont être changés », souligne un cadre dans cette structure, sous l’anonymat. En tout cas, à Central voyages, comme à Buca Voyage, Finex’s Voyage, La Kribienne, et autres, c’est l’entreprise qui supporte encore les charges supplémentaires imposées par l’augmentation du prix du carburant. Mais, comme le soutiennent des responsables dans les agences, les prix du transport pourraient augmenter dans les jours à venir.
Chez les taximen de Douala, plusieurs se sont déjà arrimés à l’inflation du coût de taxi. Les distances qui ont longtemps coûté 100 FCFA, sont facturées à l’usager à 150  FCFA voire 200 FCFA.  Plusieurs conducteurs de taxi rencontrés, expliquent que toute la journée de mardi, ils ont dû garer leur véhicule. « Tu ne peux pas payer aussi cher à la pompe, et continuer à porter le client au même tarif. Finalement tu ne gagnes rien », fulmine Alexandre Tsogo, conducteur de taxi.  Lui, et plusieurs autres conducteurs stationnés au carrefour Ndokoti, ont confié travailler désormais une demi-journée, pour faire l’économie du carburant. La même stratégie est adoptée par certains conducteurs de motos-taxi. Il est même devenu difficile pour ces derniers, de transporter des passagers pour une distance à 100 FCFA. En tout cas, « les passagers ont intérêt en ce moment d’ajouter au moins 50 FCFA sur le prix du tarif normal », tranche Romain Ngang, conducteur de moto-taxi.
Christelle Kouétcha