24 juil. 2014

Julien Foumane « Les associations de consommateurs doivent exiger le contrôle des fichiers de facturation d’AES-Sonel »

Le président du syndicat national de l’énergie électrique  promulgue ici quelques conseils aux consommateurs pour leur permettre d’éviter la surfacturation.
Comment appréciez-vous la prédominance des plaintes des consommateurs sur les cas de surfacturation de leur quittance d’électricité ?
Julien Foumane
Il faut dire que  la ligne de conduite d’AES-Sonel est basée sur la tricherie et le sous-entendu. Puisqu’au niveau de la fonction commerciale, AES-Sonel est consciente de ses limites et qui sont néfastes. Je le dis d’ailleurs avec autorité, car j’ai été chef service de l’organisation et des méthodes commerciales à la Sonel et je sais comment on fait une facture et quels sont les étapes à suivre pour émettre une facture qui n’est pas contestée par le client. Les américains, ont peut-être des expériences dans la production de l’énergie électrique, mais la fonction commerciale reste quelque chose de spécifique qu’ils n’ont pas pu maitriser jusqu’ici.  Il faut prendre des spécialistes. Actuellement, il faut reprendre à zéro l’organisation commerciale à AES-Sonel. Cette entreprise ne peut qu’avoir des plaintes pour surfacturation. Puisque, leur système de facturation, ne permet purement et simplement pas de faire un contrôle de l’authenticité, de la véracité d’une facture avant émise et remise aux consommateurs. Il y au moins deux ou trois étapes que l’on doit suivre pour faire une facture sans controverse, mais qui n’est pas faite dans cette entreprise. La première étape, consiste à sortir le bordereau de relève. Ce qui veut dire que toutes les installations qui sont sur le terrain avec compteur ou pas, sont inscrites sur le bordereau, le système informatique est là pour le restituer. Ensuite, l’on doit envoyer les releveurs sur le terrain. Ceux-ci, relèvent les index qu’ils renseignent sur le bordereau.  Ces index sont par la suite saisis et l’on lance le programme informatique qui  permet de déterminer les différents types d’anomalies et les corrige. L’état des différentes anomalies qui est fait, est connu par le responsable de la facturation et qui les corrige. L’un des problèmes à détecter  se trouve au niveau des Kilowatt/heure. Si un client qui a l’habitude de consommer 20 KWH, se retrouve avec 60 KWH, alors il y a un problème. Alors, on repart sur le terrain pour faire la contre-relève. Il faut que l’on sorte une facture pour que le chef d’agence valide le bordereau. Sa signature garantit qu’il se porte garant qu’il n’y aura pas d’erreurs. Il s’approprie donc de la facturation qu’il va envoyer en destination des consommateurs. Voila ce qu’AES devrait faire. Avec cette méthode, il y avait moins de plaintes. Et,  chaque mois il doit avoir un rapport de validation des factures d’Aes-Sonel. Il y a beaucoup à faire dans ce secteur. 
A votre avis pourquoi l’ARSEL ne dit pas son mot sur les surfacturations ? 
L’Arsel c’est un gadget que le gouvernement a créé pour se donner une belle facette dans le processus de privatisation. Cet organe de régulation, qui devrait faire appliquer le règlement du service de l'électricité, dont elle est garante, est simplement le complice de la tricherie d’AES. Et, cela  n’est pas surprenant, car elle a été créée pour n’être qu’une figurante.  En fait l’Arsel, il faut fermer cette histoire. Elle ne peut rien faire. Elle n’est pas répandue dans tout le pays. Elle a un budget de maximum 2 à 3 milliards qui est insignifiant pour son fonctionnement. Et, on fait cela pour mieux les neutraliser.
Comment les consommateurs peuvent déterminer que la quittance d’électricité est surfacturée ?
Le premier contrôle visuel doit être. Le consommateur doit prendre l’index qui est sur le compteur et le comparer avec celui sur la facture. Chaque fois que l’index qui est sur la facture est supérieur à celui sur le compteur, manifestement il y a surfacturation. Deuxièmement, nous avons pensé que les associations des consommateurs pouvaient être mises à contribution, pour que chaque fois que les clients reçoivent les factures, ils vont les rencontrer. Mais, cela sera très lourd. Les associations de consommateurs doivent se constituer en pool. Ceci, pour pouvoir dire à AES-Sonel que chaque fois qu’il sort les facturations, qu’il mette à notre disposition les fichiers informatiques. A travers ce fichier, les experts que le pool des associations de consommateur va disposer, pourront dépister toutes les erreurs qui sont plausibles sur la facturation. Demandez à un consommateur, qui très souvent ne connait ni lire ou écrire de regarder ces détails, il ne peut pas. Il faut donc que les associations des consommateurs exigent ce droit. Cela serait bien pour les consommateurs qui ne peuvent pas individuellement aller vérifier. Quand le pool des associations des consommateurs, va pouvoir détecter ses erreurs deux ou trois fois, elle pourra donner l’ordre que les consommateurs ne payent pas leur facture.
Vous avez été chef service de l’organisation et des méthodes commerciales à l’époque de la Sonel, selon vous, est-ce que l’approche qui consiste à faire payer les surfacturations par le consommateur est une bonne démarche ? 
C’est une mauvaise démarche parce que, l’entreprise à l’obligation de donner aux consommateurs une bonne facture. Le règlement de service stipule que lorsqu’il y a un problème sur la facture, je dois faire une réclamation écrite. Dès quelle est déposée, la société ne doit pas couper le courant électrique. Mais, il y a combien de consommateurs qui peuvent faire une réclamation écrite ? Les associations de consommateurs doivent exiger les fichiers pour que l’on contrôle la véracité, l’authenticité et la  justesse des facturations au plan national. C’est un petit programme que l’on doit mettre en œuvre au plan national. Là où il y a surfacturation on demande à l’entreprise de vérifier.   

Propos recueillis par Christelle Kouétcha 

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