Des produits laitiers non certifiés en circulation au Cameroun

Les aliments lactés vendus sur le marché ne sont pas reconnus par l’Anor.

Agriculture: la tomate en conserve, chasse gardée de l’importation au Cameroun

Depuis la fermeture de la Société des conserveries alimentaires du Noun, le Cameroun est dépendant de l’importation. Pourtant le pays dispose d’un potentiel de production de tomate qui n’est pas exploité.

Collecte de déchets plastiques: entre désir de conformité et obstacles au processus

Plusieurs acteurs de la gestion des déchets au Cameroun ont encore du mal à s’acquitter du permis environnemental de plus de 10 millions de FCFA exigé par le gouvernement pour exercer cette activité.

Découverte: trois étudiants inventent la machine à éplucher les pommes

Ils envisagent mettre en place un modèle destiné aux ménages.

Hydrocarbures : Les vraies raisons de l’augmentation des prix au Cameroun

La production de la Sonara est devenue insuffisante pour satisfaire la demande nationale, et l’entreprise ne dispose plus d’une trésorerie solide.

7 août 2018

Urgence d’arrêter les projets d’installation de centrale thermique à gaz au Cameroun


Du fait du déficit d’énergie, le Cameroun encourage des investissements étrangers pour la mise en place des centrales thermiques au gaz. Pourtant,  ces centrales comportent néanmoins de nombreux dangers... 

Dans son rapport de publication des résultats du premier trimestre de l’année 2018, Gaz du Cameroun (GDC), filiale de la junior britannique Victoria Oil and Gas Plc (VOG)[1] annonçait qu’elle mène actuellement des discussions avec trois producteurs indépendants d’électricité pour les débouchés du gaz naturel produit sur le champ gazier de Logbaba. Altaaqa, DPDC et Grenor, qui sont les investisseurs indépendants d’électricité, comptent mettre en service des centrales thermiques à gaz à Douala pour une offre combinée de 440 MW.  Ces autres centrales thermiques au gaz porteront à plus de dix le nombre de centrale thermique à gaz qui se multiplient au Cameroun et sont présentées comme des solutions « idoines » pour résoudre le déficit énergétique du pays. Pourtant, ces centrales thermiques à gaz, sont une très mauvaise nouvelle pour le climat camerounais, et le gouvernement devait y surseoir.


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En effet, en autorisant des investissements pour les projets d’installation de centrale thermique à gaz, le gouvernement contribuera à ce que ces énergies fossiles augmentent les émissions des gaz à effet de serre (GES) responsables du changement climatique. Cette forte augmentation des émissions des GES, viendrais alors faucher l’atteinte des objectifs de réduction de ses émissions de GES de 32% d’ici 2035, comme prévu dans le plan d’action climat du Cameroun soumis à CCNUCC. Dans un rapport rédigé pour le PNUD sur la situation de la production énergétique au Cameroun, en 2014, Dr Gabriel Tchatat[2], PhD. Environment Science and Environment Management PhD avait déjà relevé que depuis 1990 le niveau de dioxyde de souffre[3] (SO2) produits par les énergies électriques à base de fossile combustible comme le gaz étant en pleine croissance. A cette époque, l’on comptait a peine une dizaine de centrale thermique, aujourd’hui le nombre a presque doublé.

Bien plus, malgré les mesures (dénitrification, désulfuration) qui seront prises pour soit disant limiter les dégâts environnementaux des centrales thermiques à gaz, il est important de relever que ces centrales demeurent de véritable poudrière dans la capitale économique du Cameroun. Même si, jusqu’à ce jour aucune explosion n’a encore été enregistrée, il n’en demeure pas moins que la ville reste exposée à ces catastrophes, qui, le plus souvent coûtent chers à l’Etat en terme de perte en vie humaine, de pollution de l’air et de pertes matérielles.

En plus des risques d’émission de GES, d’autres risques pourront se greffer sur la prolifération de ces centrales. En effet, le déploiement de ces centrales pourrait également poser un problème d’approvisionnement en gaz. En effet, à la longue, il faudra augmenter les capacités de stockage de gaz pour subvenir aux besoins de ces centrales et dimensionner les canalisations de gaz dans tout le pays.  La part de la production de l'énergie thermique augmentera donc au détriment des énergies renouvelables. Le retard dans le développement de l’éolien, du solaire, de la biomasse et bien d’autres énergies propres ne cesse de se creuser. Pourtant le Cameron dispose d’un climat écologiquement favorable. Ainsi, en lieu et place de multiplier les projets de centrales thermique à gaz, le gouvernement camerounais devraient se retourner le plus urgemment possible vers les énergies renouvelables. Ces énergies propres, limiteront la pollution et permettront au pays de prévenir l’épuisement des énergies fossiles. Pour y arriver, le pays doit prendre les mesures idoines pour favoriser l’utilisation de ces énergies propres, un bonus écologique serait sans aucun doute un moyen pour attirer les investisseurs dans ce domaine. Ainsi, avec les énergies renouvelables, il y aurait de quoi produire de l’énergie sans en gaspiller inutilement et sans construire de nouvelles centrales polluantes et le paysage énergétique camerounais pourrait changer.

Christelle KOUETCHA




[1]https://energies-media.com/wp-content/uploads/2018/05/VOG_Gaz-du-Cameroun_Results-Q1_2018_FINAL.pdf
[2] Contribution à la préparation du rapport national pour la formulation du livre blanc régional sur l’accès universel aux services énergétiques intégrant le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité energetique (https://www.seforall.org/sites/default/files/Cameroon_RAGA_FR_Released.pdf)
[3] Le dioxyde de soufre (SO2) est un gaz incolore, toxique avec une odeur pénétrante et fortement irritante pour les yeux et les voies respiratoires. Il entraîne une inflammation des bronches avec un spasme qui provoque une altération de la fonction respiratoire. Le SO2 participe à l'acidification de l'air, peut former un brouillard et des aérosols d'acide sulfurique (pluies acides). Les rejets de dioxyde de soufre (SO2) sont dus en grande majorité à l'utilisation de combustibles fossiles soufrés.

3 août 2018

Energies renouvelables: Une alternative incontournable pour améliorer le déficit d’énergie au Cameroun



Disposant d'une nature écologiquement favorable, le Cameroun pourrait couvrir ses besoins énergétiques en exploitant au maximum ses innombrables potentialités sur le plan des énergies renouvelables et réduire les dépenses colossales engagées dans la construction de nombreux barrages hydroélectriques. 

Au Cameroun, pays d’Afrique Centrale, le déficit énergétique est « criard ». Et, pour pallier ce  déficit, le gouvernement camerounais multiplie la mise en place des projets structurants. Lom Pangar, Memve'ele, Mekim, sont autant de barrages hydroélectriques, qui ont été ouverts. Ils ont été complétés par a centrale à gaz de Kribi. Deux accords de prêts pour la construction du  barrage de Lom Pangar dans la région de l’Est, avaient été signés entre la BAD, la BDEAC et l'Etat du Cameroun, le 18 janvier 2012. Ce barrage d'une capacité de 170 MW, devait être mis en service depuis 2014. Quant au barrage de Memve'le d'une capacité de 216 MW, la mise en service était prévue entre 2016 et 2017. La centrale à gaz de Kribi,  qui devait apporter une capacité additionnelle de 216 MW, devait être livrée courant premier trimestre 2013.

Toutefois, ces ouvrages ne peuvent combler le déficit énergétique de près de 50.000 mégawatt d’électricité relevé au Cameroun. En effet, malgré la réforme intervenue dans le secteur de l’électricité en 1998 et tous les efforts entrepris par les pouvoirs publics, le taux d’accès à l’électricité au Cameroun reste encore en deçà de la moyenne, soit 48%, avec des grandes disparités entre le milieu rural à 25% et 65% en milieu urbain, selon les statistiques relevés par l’ancien Ministre de l’Eau et de l’Energie,  le Dr Basile Atangana Kouna, en 2017.  

D’ailleurs, pour le patronat camerounais (Groupement inter-patronal du Cameroun, le déficit énergétique est en tête des facteurs qui limitent le développement optimal des entreprises au Cameroun. Selon le GICAM (Groupement interpatronal du Cameroun) : « La demande en énergie électrique des entreprises croit de 8% chaque année alors que l’offre progresse d’à peine 2% ». Toujours d’après le patronat : « Depuis 2003, les difficultés d’approvisionnement en électricité ont occasionné aux entreprises membres des pertes estimées à plus de 60 milliards de FCFA, soit plus d’un point du taux de croissance annuel du pays ».

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La nature pour lutter contre les délestages

Bien plus, du fait de ce déficit les populations camerounaises broient du noir avec des délestages intempestifs. Pourtant l’offre en énergie pourrait connaitre un léger mieux, si le pays recourrait aux énergies renouvelables, (ceci au risque de ne pas être au rendez-vous de la sécurité énergétique).  Mais, ces énergies (solaire, éolienne, géothermie, biomasse) sont « peu valorisées », malgré le potentiel dont dispose le pays. Selon le rapport annuel de 2010 du système d’information énergétique du Cameroun (SIE-Cameroun), l’exploitation de l’énergie éolienne au Cameroun par exemple, reste marginale. Pourtant,  le Cameroun dispose d'un potentiel abondant et disponible surtout dans sa partie septentrionale. L'insolation moyenne dans la partie nord du pays est de 5,8 kWh/m2 /jour et dans la partie sud l’irradiation solaire serait de 4 kWh/m2/jour, selon une évaluation de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel). Pour elle, on observe une insolation moyenne de 4,9 kWh/m2/j.

En plus de son potentiel solaire, le Cameroun jouit d’un patrimoine riche de bois de chauffage. En effet,  d’après les statistiques de l’inspection générale du Minee, le Cameroun dispose de 17,4 millions d’hectares de forêt dense, 1,4 million d’hectare de forêt claire et 06 millions d’hectares de savane boisée. D’après le Ministère des Forêts et de la Faune, plus de 2 millions de tonnes de bois et 375 000 tonnes de charbon de bois sont utilisées chaque année au Cameroun. Les forêts sont surexploitées et se dégradent de plus en plus, surtout  autour des grandes agglomérations comme Maroua, Douala, Yaoundé, etc. Ce qui entraîne une augmentation des températures, des inondations et une perturbation du calendrier des activités agricoles. Pourtant, avec ce potentiel de bois, et avec les  grandes scieries qui génèrent la sciure potentiellement sources d'énergies renouvelables, le Cameroun tient sa solution pour le déficit d’énergie. En outre, en recourant aux énergies fossiles pour faire fonctionner les barrages comme c’est le cas actuellement, le Cameroun ouvre  la voie à l’intensification de l’émission des gaz à effet de serre responsable du changement climatique. Ainsi, développer les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique permettrait de produire et consommer de l’énergie de manière plus raisonnée et plus « propre » - sans émettre de pollution et sans dégrader l’environnement.




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Bénéfique financier

Le potentiel en ressources naturelles énergétiques dont dispose le Cameroun est donc riche et varié, par conséquent, il serait primordial d’encourager les investissements dans ce secteur. Ceci développera la concurrence et les coûts de l’électricité pourraient-être revue à la baisse. Surtout que le marché est assez important. Selon les chiffres de l’Agence d’électrification rurale (Aer), plus de 30.000 villages à travers le pays sont sans électricité. L’Arsel précise que le taux de couverture d’électricité dans les zones rurales au Cameroun est de moins de 5%.  Selon l’Arsel, l’électrification rurale nécessite un investissement de 633 milliards de Fcfa sur les 5.853 milliards de Fcfa d’investissement estimé pour l’électrification au Cameroun. Le régulateur soutient que le secteur privé serait « la solution pour booster ce secteur ».

Le recours aux énergies renouvelables sera également bénéfique sur le plan financier. En effet, en misant sur l’hydroélectricité, les barrages, le Cameroun dépense énormément en infrastructures lourdes qui nécessitent beaucoup de paperasse notamment en terme d’études d’impact environnemental et par ricochet cause des déguerpissements abusifs et sans indemnisation des populations. Pourtant, une rationalisation des différents potentiels de production de l’électricité qu’offre la nature permettrait sans aucun doute de relever le niveau de l’offre en énergie. Avec les centrales photovoltaïques, le Cameroun disposera des relais performants énergétiques et mettrais fin aux coupures d’électricité. Ainsi, au lieu de financer des centaines de milliards de FCFA pour une centrale hydroélectrique, le Cameroun pourrait  utiliser ce financement pour créer une multitude de centre de production d’énergies renouvelables, comme les centrales solaires qui coûtent entre 10 et 15 milliards de FCFA. 

Les énergies renouvelables coûtent  donc moins chers que les générateurs au diesel ou les raccordements à un réseau instable. Mais les subventions faussent les prix et empêchent l’investissement dans les énergies renouvelables. Il faut que ces subventions soient progressivement redirigées vers les projets énergies renouvelables qui bénéficient aux plus pauvres. En outre, les énergies fossiles se raréfient et coûtent de plus en plus chers aux gouvernements qui voient leur balance commerciale de plus en plus déficitaire. Sachant que la consommation sera au moins multipliée par 10 d’ici 2030 en Afrique, la facture énergétique nationale deviendra vite insolvable. Il faut donc anticiper en investissant dès maintenant dans les énergies de demain.

L’exemple marocain peut servir

Pour réussir son envol dans les énergies renouvelables, le Cameroun peut apprendre des autres pays notamment du  Maroc. En effet depuis plusieurs années, le Maroc pour avoir son indépendance énergétique (le pays dépend à 97 % de l’étranger pour son approvisionnement en énergie ndlr) et satisfaire la demande croissante (de 6 à 8 % d’augmentation annuelle des besoins en électricité depuis 1998 ndlr), a pris une décision stratégique en se tournant vers les énergies renouvelables. En 2002, 42 % de la production totale d’électricité a été assurée par les énergies renouvelables (en proportions égales entre le solaire, l’éolien et l’hydraulique).

Selon des observateurs, d’ici 2020 la consommation en énergie primaire du Maroc va doubler et celle de l’électricité tripler par rapport au niveau actuel. Pour atteindre cet objectif, le Maroc a mis en place un bouquet électrique optimisé autour de choix technologiques fiables et compétitifs comprenant le développement à grande échelle des importantes ressources nationales en énergies renouvelables, notamment le solaire, l’éolien et l’hydraulique.

Plusieurs projets dans ce secteur ont déjà été engagés.  Selon le plan Solaire du Maroc,  la construction de 2 GW de capacité de production en électricité solaire est prévue entre 2015 et 2019. Un ambitieux projet de production électrique d'origine solaire d'une capacité de 2.000 mégawatts, sera réalisé d’ici 2020. Le projet sera construit sur cinq ( 5) sites. Le Maroc a également lancé la réalisation d'un parc éolien à Tanger, d'une capacité de 140 MW, et d'un autre à Tarfaya, le programme de l'énergie propre et la station thermo-solaire d'Ain Béni Mathar. Avec ces projets, le Maroc a mis en valeur  son potentiel éolien avec des zones où la vitesse moyenne dépasse les 11 m/s et en énergie solaire avec 3000 heures d’ensoleillement par an et une irradiation moyenne de plus de 5,3 Kwh/m2/jour.

Le Maroc pour atteindre ses objectifs, a mis en place un cadre législatif « favorable ». Ainsi, le pays a par exemple ouvert la concurrence de la production d’origine d’électricité renouvelable. Les producteurs d’énergie renouvelable peuvent avoir accès au réseau d’électricité national. L’exportation de l’électricité renouvelable peut être faite à l’aide du réseau nationale et des interconnexions.

Christelle KOUETCHA