2 sept. 2017

Les entreprises minières doivent agir maintenant pour réhabiliter les chantiers miniers ouverts

Le 29 mai 2017Romain Doua, 26 ans trouve la mort dans le trou d’un site minier ouvert et non réhabilité d’une société camerounaise d’exploitation minière basé à Bétaré Oya. Le jeune père de famille, est surpris par un éboulement de terre alors qu’il s’attelait à faire le « Ngueré[1] » dans un des trous béants crées par l’exploitant minier. Alors que les deux femmes et les six enfants de Romain Doua, enterrent leurs mari et pères, une semaine après, la petite Fleur âgée de 8 ans élève au CE1 est engouffrée dans un autre site minier ouvert à Colomine (Ngoura).
Romain, Fleur… ils sont nombreux à avoir perdu la vie dans les trous béants laissés par les sociétés minières et bien connues de l’administration en charge de l’exploitation minière. Dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua, les entreprises minières impliquées dans l’artisanat mécanisé et l’exploitation minière industrielle abandonnent les chantiers miniers ouverts, allant à l’encontre des clauses environnementales contenues dans leur cahier de charges conformément au code minier. D’après le cahier des charges annexé aux autorisations artisanales d’exploitation : « réhabiliter un site c’est remettre les sols et zones perturbés en conditions stables de sécurité, de fertilité et d’aspect visuel acceptable ».

Creusez il y a de l’Or, mais refermez derrière vous
En plus des décès enregistrés, les riverains de ces chantiers miniers ouverts et abandonnés sont exposés à plusieurs problèmes environnementaux, parmi lesquels la pollution de l’eau, la destruction des rivières, des champs agricoles… Qui refermera ces trous béants ? La question a encore été posée à Bertoua au cours d’un atelier d’échanges sur la Politique nationale pour la promotion d’un secteur minier artisanal et à petite échelle durable au Cameroun, tenu du 10 au 12 mai 2017, organisé par l’association Forêts et Développement Rural (FODER) et l’organisation World Wide Fund for Nature (WWF). Le code minier est clair là dessus : «la fermeture de ces trous est de la responsabilité de l’entreprise minière». Mais, les entreprises se défendent auprès des autorités locales notamment les maires qu’elles versent de l’argent dans les fonds séquestres de réhabilitation de l’environnent.

Pourtant, les fonds versés dans ce compte de réhabilitation ne servent que de garantie pour que cela soit fait. L’administration en charge de l’Environnement et celle des mines indiquent que le compte de réhabilitation est inexistant. La question qui se pose est celle de savoir pourquoi n’y a-t-il aucune transparence à ce niveau afin de dégager les responsabilités ? Dans ce secteur personne ne veut reconnaitre sa responsabilité. Et cela est pareil dans la mine industrielle. Conformément aux textes miniers d'avant 2016, notamment le décret de 2002, en ses articles 130 et suivants : « le montant de la réhabilitation est compris entre 0,3 et 1% du chiffre d'affaires brut ». Cependant, avec cinq (5) permis d'exploitation qu'il y a eu au Cameroun, l’on n’a jamais eu connaissance d’un quelconque versement. Ceci, même si certaines entreprises se targuent auprès des autorités locales d’avoir versés leurs fonds. Du moins, si ces entreprises de manière délibérée déclaraient ce qu'elles paient à l'Etat, l'on saurait à qui demander des comptes. La transparence étant en effet une des caractéristiques des entreprises, institutions et organisations responsables.


Des actions urgentes à prendre
Deux ans déjà à ce jour que l’association Forêts et Développement Rural (FODER), aux côtés d’autres partenaires de la société civile, fait campagne en faveur de la restauration des sites miniers ouverts par les exploitants dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua. Aujourd’hui, quelques entreprises ont fermé les trous à Kombo Laka (Meiganga), Beke (Ketté), SODEPA (Bétaré Oya). Malheureusement la fermeture ne se fait pas selon les règles de l'art. Mais, c'est déjà un pas ! Il ne fait donc aucun doute que toutes ces entreprises minières doivent y mettre du leur pour s’assurer que les trous laissés par leur exploitation soient réhabilités. Les communautés elles-mêmes, bien qu’étant encore des acteurs passifs de l’exploitation minière, doivent davantage s’organiser pour défendre leurs droits… Le passage à l’action est plus qu’urgent car le temps de retour à la normale va être long, si nous gardons le silence. Les actions urgentes selon l’association FODER pour que les sites soient réhabilitées sont :
- Que l'administration retire les autorisations d’exploitations artisanales aux entreprises qui n'ont pas réhabilitées les sites,
Que les entreprises déclarent ce qu’elles ont versé à l’Etat pour la réhabilitation des sites
-  Que les entreprises respectent le cahier des charges qu'elles ont signé avec l'Etat du Cameroun notamment la réhabilitation des sites après exploitation
Sinon Dans cinq, dix, vingt ans il ne restera rien que la terre et des lacs empoisonnés, là où se trouvaient notre vraie richesse, notre patrimoine naturel. Que ferons-nous alors ? Il est grand temps d’agir ! #STOP ILLEGAL MINING.

[1] Le Nguéré est une pratique qui consiste pour les riverains à descendre dans les trous laissés béants par les exploitants miniers pour récolter les restes de gravier pour en extraire de l'or

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