Des produits laitiers non certifiés en circulation au Cameroun

Les aliments lactés vendus sur le marché ne sont pas reconnus par l’Anor.

Agriculture: la tomate en conserve, chasse gardée de l’importation au Cameroun

Depuis la fermeture de la Société des conserveries alimentaires du Noun, le Cameroun est dépendant de l’importation. Pourtant le pays dispose d’un potentiel de production de tomate qui n’est pas exploité.

Collecte de déchets plastiques: entre désir de conformité et obstacles au processus

Plusieurs acteurs de la gestion des déchets au Cameroun ont encore du mal à s’acquitter du permis environnemental de plus de 10 millions de FCFA exigé par le gouvernement pour exercer cette activité.

Découverte: trois étudiants inventent la machine à éplucher les pommes

Ils envisagent mettre en place un modèle destiné aux ménages.

Hydrocarbures : Les vraies raisons de l’augmentation des prix au Cameroun

La production de la Sonara est devenue insuffisante pour satisfaire la demande nationale, et l’entreprise ne dispose plus d’une trésorerie solide.

23 janv. 2015

Cameroun: Les projets de revalorisation des déchets plastiques existants ne portent pas leurs fruits

Plusieurs entreprises étrangères spécialisées dans la valorisation des déchets  n’ont pas pu implanter leurs activités faute d’incitation.  

Des projets de valorisation des déchets plastiques n’en finissent pas de naître au Cameroun. Mais, bon nombre d’entre eux ont encore du mal à faire reculer le niveau de pollution. Pour certains promoteurs d’entreprises de valorisation de déchets, le financement reste un énorme problème. Surtout que, soutiennent ces derniers, l’industrie de valorisation des déchets nécessite des investissements lourds et des équipements de pointe très coûteux.

Les rivières sous-l'emprise des bouteilles plastiques




Equipements coûteux

 Porteur de projet de valorisation de déchets, Gérald Ntang, explique par exemple qu’il faut débourser au moins 80 millions de FCFA pour une ligne d’au moins 500 tonnes par mois. Et, à côté de ces équipements, l’entrepreneur doit se munir entre autres des autorisations des différents ministères, réaliser des études d’impact, se munir d’un permis environnemental... Bref, « cela reste une sinécure et il faut vraiment avoir un soutien financier de poigne. En plus, vous allez faire face à la lourdeur administrative qui a un coût » analyse-t-il. 

Fonds national de l’environnement et du développement durable


Néanmoins, il faut relever que l’absence de la mise en place effective du Fonds national de l’environnement et du développement durable, renforce davantage ce problème de financement. A en croire des experts du ministère en charge de l’Environnement, ce fonds devait permettre aux entrepreneurs dans le domaine vert, de bénéficier des subventions pour les aider à faire décoller cette filière. 

Ce fonds a été institué par la loi cadre relative à la gestion de l’environnement de 1996. Depuis avril 2004, les ministres en charge de l’Environnement qui se sont succédés ont annoncé en grande pompe la mise en place de ce fonds. Sans suite.

Les bouteilles plastiques
Faible niveau de collecte 

A ces difficultés de financements, le promoteur de Red-plast, Alain Rodrigue Ngonde, souligne la faible quantité des déchets collectés. Selon lui, le gouvernement devrait accompagner un programme national de collecte sélective, pour une sensibilisation des populations. « Une entreprise de recyclage, ne peut pas se mettre en place si la collecte n’est pas  efficace.  Mais, aujourd’hui on n’est pas encore arrivé à une collecte sélective et tout cela handicape le démarrage des activités », explique-t-il. Cette même raison est avancée par  des entreprises étrangères de valorisation des déchets qui ont voulu s’installer au Cameroun.


Entreprises étrangères    

Au cours de l’année 2014, pratiquement cinq entreprises étrangères avaient manifesté leurs intérêts à s’ouvrir au Cameroun.  Mais, jusqu’à ce jour aucune de ces structures ne s’est encore déployée sur le terrain. Certains de ces promoteurs estiment que le gouvernement ne met pas encore à leur disposition des mesures incitatives pour les encourager à s’installer. 

L’un d’entre eux qui a requis l’anonymat, s’indigne par exemple que des sociétés qui jouent le rôle de dépollueurs soient imposées avec les mêmes taxes que les entreprises commerciales. « Un dépollueur qui paye les mêmes taxes pratiquement que les entreprises commerciales et en plus ne reçoit pas de subvention pour un secteur qui vit essentiellement des subventions, c’est difficile », souligne-t-il.   


Des pavés fabriqués à l'aide des déchets plastiques

Des campagnes non productif

Et, pour les entreprises locales qui ont mis en place certains projets de collecte et de recyclage de déchets de plastiques, l’on constate souvent que cela ne dure que le temps de l’annonce. 

Bien plus, fait observer les acteurs de ce secteur, les entreprises parfois responsables de la présence des déchets plastiques, utilisent les campagnes de sensibilisation des collectes de déchets plastiques que pour se faire une notoriété ponctuelle et non pour servir l’environnement. « Le tapage médiatique sur les opérations ne dure que le temps de la mouvance médiatique, après plus rien. La population aura plus retenue le nom de l’entreprise, que le message de débarrasser la nature de ces déchets », indique Didier Yimkoua, environnementaliste...

Christelle Kouétcha

Martial Bella Oden : « Il faut une fiscalité adaptée aux activités des valorisation de déchets au Cameroun »


Le président du Réseau des acteurs de la valorisation des déchets ménagers (Ravadem) propose des solutions qui peuvent contribuer à booster le secteur de la collecte et du recyclage des déchets plastiques.


Martial Bella Oden

Malgré l’abondance des déchets plastiques dans la nature, le secteur du recyclage reste embryonnaire au Cameroun, qu’est-ce qui peut expliquer cette situation ?  

L’un des problèmes qui bloque l’évolution de ce secteur est le manque d’informations. Vous savez, les gens investissent dans les secteurs qui sont déjà portés à la base. Il y a très peu d’actes de capitalisation et de développement dans ce secteur. Dans le cadre du recyclage des plastiques en pavé par exemple, on est obligé de travailler avec les données de l’Ouganda, du Burkina Faso. Au Cameroun il n’y a aucune donnée.  Pourtant, s’il quelqu’un veut investir, il faut qu’il dispose des fiches techniques qui décrivent le secteur, les conditions à remplir pour créer une entreprises, les taxes qu’il doit payer en fonction de sa production.  Il faut informer davantage le public sur les opportunités entrepreneuriales dans la valorisation des déchets.  

Plusieurs projets d’enlèvement et de recyclage de déchets plastiques ont été lancés par des entreprises sans réel succès, qu’est qui faudrait faire pour les optimiser ?

Les entreprises pollueuses, au lieu de passer par des campagnes, doivent plutôt appuyer les acteurs de la collecte, sensibiliser les ménages. Une signature des partenariats public-privés avec les communes d’arrondissement dans l’optique d’optimiser leurs actions de collecte et pourquoi pas de traitement de déchets plastiques. Or, si cela se limite seulement à une campagne médiatique ces actions ne pourront pas être pérennes.  

La responsabilité sociétale se veut bien pensée, elle ne se limite pas seulement aux actions publicitaires. Les actions doivent être durables impliquant les parties prenantes, avec qui des conventions doivent être bien établies pour que chacun connaisse le rôle qu’il a à jouer. Si les acteurs, les bénéficiaires, sont mis à l’écart dans le secteur de la collecte et du recyclage des déchets plastiques, les actions n’atteindront jamais les effets escomptés. 

Aujourd’hui, le secteur de la collecte est encore embryonnaire et ce sont les petits collecteurs qui le dominent. Les petits collecteurs n’ont pas de moyens. En plus, ils se disent pourquoi collecter les déchets de quelqu’un qui pollue et qui doit normalement s’occuper de ces déchets alors que je ne reçois rien en retour.  Ainsi, je reste convaincu que si les entreprises qui sont responsables de ces déchets, donnaient des appuis aux petits collecteurs déjà installés pour récupérer leurs propres  déchets dans la nature, les gens pouvaient aisément les récupérer, et rentabiliser leurs actions en vendant ces déchets ailleurs.

La demande en déchets est forte à l’international, mais le Cameroun est à la traîne, qu’elle mesure peut-on prendre pour booster ce secteur en devenir ?

La plupart des partenaires européens qui sollicitent les déchets plastiques, veulent toujours en grande quantité. Et l’on ne peut les avoir que si les collecteurs sont unis entre eux. Nous avons fait des expériences, et on n’a jamais pu exporter au moins quatre containers, car les collecteurs sont dispersés. 

Avec la multiplicité des dépôts, le coût d’enlèvement est plus élevé. Si on arrive à un regroupement, on peut négocier des sites de stockage par commune qui ne seront plus dédiés à un seul individu mais à un groupe d’entrepreneurs. Les sites de dépôt par quartier devraient  faciliter la voie aux éventuels partenaires de maîtriser où trouver facilement la matière première. 

En plus de l’organisation des collecteurs, il faut qu’ils bénéficient d’un accompagnement technique. L’accord d’un fonds d’enlèvement des déchets devaient leur permettre d’accéder dans les zones où la société qui s’occupe de l’enlèvement des déchets actuellement n’est pas accessible. 

Le ministère en charge de l’Environnement, pourrait mettre sur place un fonds vert qui permet de financer ce type d’activité. L’Etat peut les accorder un permis environnemental unique, vu le coût élevé de celui-ci. Bref, il faut que l’on arrive à une fiscalité adapté aux activités des valorisations de déchets. Elle peut-être proche de celle de l’agriculture, c’est-à-dire TVA et IS (impôts sur les sociétés) nuls pour les produits qui sont issus  de la valorisation des déchets. Le secteur est pourvoyeur d’emploi. 

Le gouvernement, peut mettre en place des permis environnementaux gratuits au moins pour les cinq premières années. Et, une fois ces structures bien développées on peut maintenant aller vers des taxes. C’est un secteur à développer, et s’il n’est pas fait il ne peut pas rapporter de l’argent à l’Etat. Il a donc intérêt à le développer par des mesures incitatives, pour qu’à l’issue de 3 ou 4 ans ce secteur bien organisé à travers un réseau crée des coopératives qui peuvent payer des impôts.

Vous encouragez les jeunes à s’intéresser au secteur de la valorisation des déchets, mais ne faut-il pas une formation ?


Effectivement au Ravadem, les acteurs réunis estiment qu’il faut introduire dans les programmes des universités et centres professionnels des techniques appropriées de valorisation de déchets, particulièrement, dans les filières liées à l’environnement, le développement durable, hygiène et qualité... 

Cette formation doit aussi être intégrée dans les centres multifonctionnelles de jeunesse. Il y'a aussi un problème de certification dans le domaine. Il y a la certification dans le domaine de l’entreprenariat, la gestion, et l’informatique, mais pas dans le domaine des techniques de valorisation des déchets. Cela serait une bonne chose si l’on pouvait arriver à une certification camerounaise dans ce domaine. 

Le système de certification est assez lourd, mais il est sérieux et cela va représenter une norme. Il faut également un centre de recherche pour technologies innovantes. 

Propos recueillis par C.K. 




Les déchets plastiques emprisonnent l’environnement au Cameroun

Abandonnés dans la rue, ils sont entraînés par les eaux dans les drains, caniveaux... et posent des problèmes de santé s’ils ne sont pas collectés et traités.

C’est la plaie des villes  camerounaises. Les bouteilles plastiques, confisquent les rues, les drains, les jardins publics, les caniveaux, ... Dans la ville de Douala, l’un des coins les plus étouffés par ces déchets plastiques, particulièrement les bouteilles est sans doute la rivière située au quartier PK8 à Douala, au Cameroun. Ici, malgré tous les curages effectués par plusieurs entreprises et associations, les plastiques n’ont  de cesse de dicter leur loi. Elles s’entassent et se mêlent aux autres ordures ménagères, déversées par la population dans ce drain.  

Le spectacle est plus ahurissant en saison pluvieuse.  Ce sont des montagnes de bouteilles qui débordent les eaux pour encombrer la chaussée. Le mélange de déchets dans ces eaux, lui ont a donné une couleur noirâtre. Des riverains racontent qu’avec l’abondance des déchets l’on réussit « souvent » à apercevoir dans les eaux des reptiles. 

Des bouteilles étouffent les rivières


Bouteilles de sociétés brassicoles 

La situation est quasi identique dans le cours d’eau qui traverse le quartier Song-mahop, situé à l’arrondissement de Douala 3ème  à Douala. Communément appelée « l’eau noir », cette rivière est depuis toujours sous l’emprise des bouteilles plastiques. Et, quand on y jette un coup d’œil, ces bouteilles sont essentiellement celles utilisées comme conditionnement par les sociétés brassicoles et de fabrication d’eau minérale. Les bouteilles de lait de toilettes des entreprises de cosmétiques, souvent importées s’y retrouvent également.  

Bacs à ordures évités 

Depuis l’avènement du commerce des eaux en sachets, il reste difficile aujourd’hui d’arpenter les rues des quartiers sans trouver un sachet vide abandonné dans la nature. Les emballages plastiques importés jouent aussi de leur poids dans la pollution des villes en déchets plastiques. Et, malgré les quelques bacs à ordures déposés par la Société d’hygiène et de salubrité du Cameroun (Hysacam) dans les artères des villes, les consommateurs ne manquent pas d’éviter ces poubelles pour inonder la chaussée avec des bouteilles. «  Il y a un réel problème de mentalité. Aujourd’hui, les populations ont pris la rue comme un dépotoir. Et, dès que l’on vide sa bouteille de jus par exemple, le plastique est balancé sur la route. Pareil quand on vide ses aliments d’un sachets plastiques », relève, Didier Yimkoua, environnementaliste. 


Des bouteilles étouffent les rivières

4000 tonnes déchets 

Il relever également que la prolifération des plastiques non-biodégradables, ont des conséquences néfastes tant sur la biodiversité, que sur la santé. « Les plastiques non-biodégradables peuvent mettre plus de 400 ans sous terre, pour perdre de sa nocivité. En plus, quand ils encombrent les drains, l’on fait face par exemple à des inondations... », souligne l’expert. Selon les statistiques relevées par la Communauté urbaine de Douala (CUD), la capitale économique du Cameroun, Douala, produit en moyennes 4 000 tonnes  de déchets par jour. 

10% de déchets plastiques produits par an

Le délégué régional  du ministère en charge de l’Environnement pour le Littoral, Sidi Bare, relève en outre qu’au Cameroun c’est un total de 6 millions de déchets qui sont produits chaque année, dont 10% de déchets plastiques. Il avait relevé ces chiffres au cours de la cérémonie d’un projet d’installation d’une usine de transformation de déchets plastiques par la société italienne ESED Engineering Group Sarl, en septembre 2013. Des quantités donc assez suffisante pour mener à bien un projet de collecte et de recyclage des déchets plastiques.


Christelle Kouétcha

Collecte des déchets plastiques: La dispersion des acteurs handicape le secteur


Mal organisés, les collecteurs des déchets n'arrivent à améliorer le niveau d'enlèvement et ne satisfaits toujours pas  la forte demande locale et internationale en plastiques pour le recyclage.

Le secteur de la collecte des déchets plastiques au Cameroun, a encore du mal à se faire une place de choix dans le développement économique du Cameroun. Malgré l’abondance des déchets dans la nature et la naissance de quelques petites structures de collecte de déchets, on n’est encore loin de l’ornière. Et, pour cause « l’intérêt économique de l’environnement n’est pas encore mise en valeur au Cameroun », pense Lucien Yoppa, Project and Development Officer à la Fondation Camerounaise de la Terre vivante (FCTV). 

Une séance de collecte de déchets plastiques

Bien plus, les acteurs qui se sont déjà lancés dans le secteur de la collecte, souffrent d’un sérieux problème d’organisation. Martial Bella Oden,  est président du Réseau des Acteurs pour la Valorisation des déchets ménagers (Ravadem). Il relève qu’avec la dispersion des collecteurs, les actions restent encore isolées. Par conséquent, « les collecteurs ramassent en désordre, et une bonne brochette d’entre eux ne maîtrisent même pas la qualité de plastiques qui est collectée. Conséquence, la quantité collectée reste faible », analyse Wilfried Tamfou, environnementaliste. 

Travailler en synergie

La solution, reste donc la mise en synergie des petits collecteurs qui constituent la masse critique du secteur.  Cette synergie, relèvent les acteurs du développement, devrait  permettre aux collecteurs de mobiliser les partenariats publics/privés avec les communes et même les investisseurs étrangers. Ce regroupement, pourrait également encourager les gros collecteurs étrangers à orienter leurs investissements au Cameroun. « Il y a plusieurs sociétés d’enlèvement étrangers qui nous ont sollicité ; elles ont toujours souhaité avoir des partenaires locaux, sans suite. Car, les collecteurs sont éparpillés et leur niveau de travail n’est pas à la hauteur de la demande », révèlent les responsables de FCTV

Cette ONG qui encadre  quelques collecteurs de déchets, souligne également que le coût élevé du permis environnemental  n’encourage pas les jeunes à s’investir dans ce secteur.  Selon la loi camerounaise, le coût de ce permis  peut atteindre le seuil de  1,5 million de FCFA. « Le Cameroun peut copier les exemples de l’Ouganda,  ou du Burkina Faso, là bas on n’a pas  besoin d’imposer des permis environnementaux », souligne le Project and Development Officer de FCTV.

Difficultés financières 

Pour les collecteurs, l’une des difficultés qui entravent  leur secteur est l’absence de moyens financiers pour s’équiper. Bien plus, « nous ne bénéficions pas de contrats de financement pour débarrasser la nature des déchets qui ne nous appartiennent pas et qui doit être en principe être à la charge de l’entreprise. Nous faisons un travail qui n’est pas le nôtre en principe, mais nous ne sommes pas soutenu financièrement comme c’est le cas avec les ordures ménagères », indique Michel Nde, petit collecteur installé au quartier Ndogpassi 3 de Douala. En effet, les collecteurs estiment qu’ils doivent aussi être payés pour leur enlèvement, comme c’est le cas avec la Société d’hygiène et de salubrité (Hysacam), qui reçoit les financements des mairies, de la Communauté urbaine  de  Douala (CUD) pour débarrasser la nature des déchets ménagers.

Les déchets plastiques colonisent l'environnement 


Ignorance du principe pollueur-payeur

Pour Didier Yimkoua, environnementaliste cette situation devrait  trouver une solution si « le gouvernement finissait par appliquer le principe de pollueur-payeur qui est pourtant contenu dans la loi cadre de l’environnement. Ce dispositif exige que les entreprises se chargent elles même de gérer leurs déchets ». Et, compte tenu de l’inefficacité de la collecte, les collecteurs ont encore du mal à satisfaire la demande locale et internationale. 

Pourtant le marché international reste encore très ouvert en matière de déchets. A en croire les responsables de FCTV, la demande en déchets de la Chine par exemple est estimée à 2000 tonnes par jour. Et, les industriels chinois sont prêts à acheter le kilogramme de déchets à 200 FCFA, soit deux  fois plus cher que le prix fixé localement. Malheureusement, la capacité collectée n’est pas suffisante.   

Christelle Kouétcha


22 janv. 2015

Jacquard Mbapte: « Le gouvernement camerounais arnaque encore les consommateurs »

Petroleum engineer, il donne les raisons qui devaient conduire le Cameroun à baisser les prix des carburants à la pompe.

Jacquard Mbapte
Depuis quelques mois, le cours international du baril de pétrole brut connaît une baisse graduelle. Une baisse qui a déjà une incidence sur le prix du carburant à la pompe dans certains pays. Qu’est ce qui explique qu’au Cameroun l’on n’a pas encore procédé à la diminution des prix comme dans ces pays ?
Au Cameroun le prix du carburant à la pompe est un sujet très sensible, surtout sur le plan politique. Le gouvernement est réticent à arrimer le prix à la pompe au prix du brut sur le marché international. Cependant, si le gouvernement maintient les prix à la pompe, c’est le budget public qui en profitera par un accroissement des recettes fiscales mais surtout la Sonara et la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) qui verront leurs marges bénéficiaires augmenter d’environ 50%.
Ceci dit, on se retrouve plutôt dans une situation où l’Etat du Cameroun arnaque ses propres concitoyens car la Sonara, SCDP, SNH, CSPH et la douane sont les seules structures qui se sucrent en cette période de baisse de prix du brut sur le marché international. Ces structures ont une seule chose en commun ; elles appartiennent tous à l’Etat du Cameroun.
Comment peut-on faire pour qu’il y ait une éventuelle baisse au Cameroun ?
Le schéma de fixation du prix du carburant à la pompe au Cameroun est de type colonial et fortement politisé. La privatisation de l’activité de raffinage et de stockage des produits pétrolier ne faisant pas partie des «  grandes ambitions » je ne m’y attarderai donc pas comme esquisse de solution. La TVA incorporée dans la structure de prix souffre d’une coexistence contre-nature d’éléments régulièrement taxés (prix sortie Sonara, cabotage, redevance portuaire et passage SCDP par exemple) et de prestations faussement taxés telle que la TVA sur distribution et la taxe spéciale sur les produits pétroliers (TSPP) sur le super et sur le gasoil. Ces deux dernières taxes sont une arnaque à ciel ouvert sous le regard approbateur des économistes indépendants et des ONG de protection des consommateurs. Le gouvernement devrait urgemment convoquer une réunion de crise afin de trouver les voies et moyens pour que cette baisse à l’international se répercute à la pompe, ceci sans empiéter sur les recettes fiscales de 2015 vu les projets en court de réalisation et la guerre au Nord qui demande des ressources considérables. Ceci peut se traduire par une réelle réduction du train de vie de l’Etat, du nombre de ministères et de rendre les sociétés d’Etat (CRTV, Camtel, Camwater, Sonara, Camair-Co, ... etc) plus compétitives en y supprimant les subventions afin qu’elles génèrent leurs propres bénéfices.  
Les populations peuvent-elles espérer une baisse des prix à la pompe ?
Les autorités Camerounaises contrôlent le prix à la pompe des produits pétroliers en fixant par décret leurs niveaux tous les mois. Je vois mal le gouvernement entrain de baisser les prix à la pompe de leur propre volonté. Tant que les économistes et la société civile ne manifestent pas leurs ras-le-bol ces prix ne baisseront pas du tout.
Comment la réduction du prix du carburant à l’international peut-elle impacter sur le Cameroun, qui, est un pays producteur.
L’impact est minimal car bien que le Cameroun soit producteur de pétrole, celui ci ne vend pas son pétrole au comptant mais plutôt par contrat en se bornant de prélever une taxe par baril vendu. Le Cameroun bénéficie très peu de son propre pétrole car les quantités de productions journalières sont insignifiantes comparer à la Guinée équatoriale par exemple.
Est-ce que cette baisse à l’international ne peut pas entraîner pas la baisse des subventions de l’Etat ?
Il faut faire la distinction entre une subvention explicite et une subvention implicite. Il y a subvention explicite lorsque les produits pétroliers sont vendus aux consommateurs à un prix inférieur au prix international, le budget de l’Etat supportant la différence. En cas de subvention implicite, le prix aux consommateurs est au dessus du prix international compte tenu des taxes et des marges. La subvention pétrolière au Cameroun est du type implicite. Ainsi, la baisse progressive du prix du brut à l’international doit normalement ramener la subvention de l’état progressivement à zéro au même prorata que la baisse à la pompe. Donc si la baisse à la pompe doit être de 60 FCFA, l’Etat diminue sa subvention de 30 FCFA et baisse le prix a la pompe de 30FCFA, ceci progressivement jusqu’a ce que la subvention soit nulle et la baisse se répercutera donc désormais à 100% à la pompe.
Si aujourd’hui, on envisage une baisse des prix, elle peut être de l’ordre de combien ?
La baisse du prix du baril à l’international est de l’ordre de 50% de nos jours donc le baril tourne autour de 48 dollars US. En juin 2014 le baril était à 98 dollars US et le prix à la pompe au Cameroun de 650 FCFA pour le super. En janvier 2015 le baril est à 48 dollars mais le prix à la pompe est toujours de 650 FCFA. Donc cela fait un bon bout de temps que le gouvernement arnaque les consommateurs. Le mécanisme de fixation des prix des hydrocarbures à la pompe n’étant pas linéaire, je proposerai une baisse de 40%, donc le super doit être désormais vendu à environ 400FCFA le litre.
Propos recueillis par Christelle Kouétcha 

Hydrocarbures: Silence du gouvernement camerounais sur la baisse du prix du carburant

Les experts estiment pourtant que les subventions au carburant et les prix à la pompe devraient connaître une baisse avec l'effondrement du prix du baril à l'international.

Le gouvernement maintient toujours la hausse du prix à la pompe
Depuis bientôt sept mois que le cours du carburant à l’international connait une chute drastique, le gouvernement camerounais entretient encore un silence « absolu » sur les dispositions qui peuvent être prises pour profiter ou non de cette chute.  Aujourd’hui, il reste difficile de savoir si les prix à la pompe vont connaitre une baisse, ou alors si les subventions à l’énergie vont être annulées ou pas. Approchée, la Caisse stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH), dont  la mission est de faire une étude de marché et proposer au gouvernent mensuellement les prix conseillés des hydrocarbures à la pompe et celui du gaz domestique, n’a toujours pas répondu. Au sein de la Sonara et de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), l’on nous indique que c’est cette structure qui doit en principe répondre sur la décision à prendre sur les prix à la pompe.
En tout cas, pendant que le gouvernement camerounais entretien le flou sur sa position sur la baisse du prix du baril, qui est descendu à 47,59 dollars (23, 795 FCFA) hier mercredi, plusieurs pays voisins ont déjà pris des mesures y afférentes. Le Nigéria voisin, premier pays producteur de pétrole en Afrique, a décidé de revoir  à la baisse de 10% le prix du carburant à la pompe depuis lundi. Ceci, même s’il est vrai que le Nigéria raffine localement un pourcentage de sa production et écoule le reste sur le marché international. Ceci, contrairement au Cameroun qui ne consomme pas sa propre production.
Et, même si les prix ne sont pas encore revu à la baisse, des experts du secteur des hydrocarbures estiment que les subventions octroyées par le gouvernement à la Sonara, devraient en principe être réduites voir même « annulées ». « L’Etat verse une subvention à la Sonara pour supporter les manque à gagner de cette société qui vend moins cher que le prix d’achat du carburant à l’international. Mais, aujourd’hui que la Sonara ne paye plus le carburant à environ 89 dollars, mais à pratiquement 40 dollars, on doit automatiquement s’attendre à ce que l’argent qui servait à fermer le manque à gagner soit annulé », analyse un expert en question d’hydrocarbure.  Pour ce dernier, ces subventions devaient en principe être affectées vers d’autres secteurs prioritaires pour le Cameroun. Bien plus, apprend-on, en maintenant le prix à la pompe, les sociétés qui contrôlent le secteur des hydrocarbures au Cameroun, vont se retrouver avec des marges bénéficiaires de près de 50%.
La Banque mondiale, dans un récent  rapport avait recommandé aux pays en voie de développement comme le Cameroun, de profiter de la baisser du prix du carburant à l’international pour réduire les subventions énergétiques qui creusent les déficits publics. Depuis lors, le Cameroun ignore encore les recommandations de cette institution internationale. Pourtant, à en croire, Jacquard Mbapte, petroleum engineer, la baisse des subventions devrait permettre au Cameroun d’avoir des surplus de recettes fiscales. Ainsi, «  le gouvernement gagnerait  à épargner ce surplus de recettes fiscales obtenu lorsque le prix international du pétrole est bas, pour ensuite l’utiliser pour ralentir la hausse du prix à la pompe lorsque le prix international augmente », conclut-il.
Christelle Kouétcha