24 juil. 2014

Hydrocarbures : Les vraies raisons de l’augmentation des prix au Cameroun

La production de la Sonara est devenue insuffisante pour satisfaire la demande nationale, et l’entreprise ne dispose plus d’une trésorerie solide.

La production de la Sonara en chute libre
Cela n’a pas été suffisamment mis en exergue, mais le gouvernement du Cameroun, à travers son ministre de la Communication a formellement révélé que l’augmentation des prix des carburants au Cameroun a été causée par l’effondrement de la Société nationale de raffinage (Sonara). Selon Issa Tchiroma, la Sonara n’est plus en mesure de satisfaire la demande nationale.  L’entreprise étatique, a depuis le début de l’année 2014, connu une baisse drastique de sa production de l’ordre de 41%. Ainsi, elle est partie de 340 m3/heure à 200m3/heure. Sans cette baisse imposée par les circonstances, les unités de production de la Sonara devaient être aujourd’hui « en arrêt total », précisait le Mincom au cours d’un point de presse à Yaoundé, en début du mois de juillet.
Plus grave, cette importante réduction a contraint la société à recourir aux importations des produits finis. Ces produits importés  et vendus sur le territoire national, sont donc sujets aux fluctuations des cours mondiaux de plus en plus croissants. Et, la Sonara, à travers laquelle l’État intervient pour opérationnaliser la subvention des prix des hydrocarbures à la pompe, n’a pas pu résister aux dépenses « colossales » des importations. Car, l’entreprise endettée,  ne dispose pas d’une trésorerie qui lui permet aujourd’hui d’avoir des lignes de crédits, apprend-on. L’entreprise étant dépourvue de lignes de crédit, « n’a plus la possibilité d’acheter le pétrole brut en quantité suffisante », révélait le Mincom.
Il a fallu donc augmenter les prix à la pompe, car, selon le porte-parole du gouvernement, la Sonara est au bord de l’effondrement. Surtout que, l’Etat dans sa politique de subvention n’a même pas encore honoré ses engagements. Issa Tchiroma, au cours du point de presse, avait même à titre illustratif affirmé que pour l’année 2014, 220 milliards de FCFA avaient été budgétisés pour couvrir les manques à gagner de la Sonara. Cependant, parvenu au mois de juin 2014, ces prévisions sont déjà en dépassement de plus de 100 milliards de FCFA, et les projections pour la fin de l’année, estimées quant à elles à 450 milliards de FCFA, au lieu de 220 milliards initialement prévus. L’entreprise a elle aussi les difficultés à honorer ses engagements envers ses partenaires financiers. Les créances de la Sonara se situent à l’heure actuelle de 300 milliards de FCFA, avec un cumul des impayés qui s’élève à 550 milliards de FCFA, apprend-on. Les fournisseurs de l’entreprise publique sont d’ailleurs devenus très frileux à lui livrer le pétrole brut.
Christelle Kouétcha


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