Des produits laitiers non certifiés en circulation au Cameroun

Les aliments lactés vendus sur le marché ne sont pas reconnus par l’Anor.

Agriculture: la tomate en conserve, chasse gardée de l’importation au Cameroun

Depuis la fermeture de la Société des conserveries alimentaires du Noun, le Cameroun est dépendant de l’importation. Pourtant le pays dispose d’un potentiel de production de tomate qui n’est pas exploité.

Collecte de déchets plastiques: entre désir de conformité et obstacles au processus

Plusieurs acteurs de la gestion des déchets au Cameroun ont encore du mal à s’acquitter du permis environnemental de plus de 10 millions de FCFA exigé par le gouvernement pour exercer cette activité.

Découverte: trois étudiants inventent la machine à éplucher les pommes

Ils envisagent mettre en place un modèle destiné aux ménages.

Hydrocarbures : Les vraies raisons de l’augmentation des prix au Cameroun

La production de la Sonara est devenue insuffisante pour satisfaire la demande nationale, et l’entreprise ne dispose plus d’une trésorerie solide.

2 sept. 2014

Finance: Des solutions pour réduire les coûts de transferts des migrants

L’étude menée par la BAD propose des axes aux institutions bancaires
Le transfert d'argent coûte encore chers
Selon l’étude réalisée par l’ONG Epargne sans frontière, sur la réduction des coûts des transferts d’argent des migrants, «  les coûts des envois des résidents ne peuvent être réduites que si il y a une diversification des offres et services », précise Saïd Bourjij, directeur de l’ONG. Ainsi, l’un des produits préconisés est le mobile banking, c’est-à-dire le système de paiement assuré par la téléphonie mobile. Comme avantage de ce produit comme l’expliquent les experts de l’étude, il y a qu’elle permet un transfert plus rapide dans la mesure où le migrant n’aurait plus à se rendre aux guichets d’une banque.
Toutefois, précise Naceur Bourenane, expert chez Epargne sans frontière, il est primordial qu’un système d’identification du client soit mis en place. D’ailleurs pour gérer les risques d’instabilité monétaire que peut poser le transfert par mobile, L’on a appris que la banque centrale accorde depuis quelques années des agréments aux banques pour mettre en place ce produit en partenariat avec les opérateurs de téléphonie mobile. Comme autre piste pour réduire les coûts de transferts, les experts proposent la bibancarisation classique qui permet aux envoyeurs d’argent d’entreprendre toutes sortes d’opérations bancaires et financières dans leur pays d’origine, à partir de leur lieu de résidence.
Les banques des pays du nord, devenant comme le simple relais. Une position qui n’est pas souvent acceptée par ces dernières, car « elles trouvent difficile de sécuriser les flux sur une longue période pour des projets qui ne seront pas réaliser dans leur pays », fait observer un cadre d’une banque. Il est donc question que les deux partenaires trouvent un terrain d’entente gagnant-gagnant. La bibancarisation solidaire serait également une piste pour réduire les coûts des transferts. Elle permet une mobilisation structurée de l’épargne dans les pays de résidence en vue de son injection dans les pays d’origine. Mais comme le précise Saïd Bourjij, il faut une volonté commune et une démarche concertée entre les opérateurs et décideurs des deux corridors. Au Maroc par exemple, où la bi-bancarisation est bien ancrée, plus de 60% du total des dépôts des marocains de la diaspora sont des dépôts à vue.
Avec la bibancarisation solidaire, les institutions bancaires peuvent recourir à un livret d’épargne solidaire. Comme l’explique Naceur Bourenane, il s’agit d’un compte d’épargne rémunéré à des conditions avantageuses. En effet, une fois que le dépôt dans la compte a atteint un certain niveau, il peut servir au résident pour contribuer au financement des programmes de développement dans les domaines prioritaires comme l’éducation, la santé, l’habitat … « il est suggéré d’ouvrir la souscription de ce livret d’épargne au binationaux ; car il s’agit d’une mobilisation des ressources servant à appuyer en premier lieu l’effort collectif des migrants au développement de leurs pays d’origine », précise l’expert. Le recours aux autres produits financiers comme les obligations d’Etat, les valeurs mobilières, sont également à envisager.
Christelle Kouétcha
  

Transferts d’argent: Comment les « majors » exploitent la diaspora

Les grandes structures en charge du transfert d’argent bénéficient d’une clause d’exclusivité, avec pour conséquence la cherté des coûts d’envois. C’est ce qui ressort d’un atelier organisé la semaine dernière à Douala.
Le constat est fait. Les transferts d’argent des Camerounais de la diaspora vers le Cameroun coûtent cher. Représentant-résident de la Banque africaine de développement (BAD) au Cameroun, Racine Kane, relève par exemple que les commissions prélevées par les intermédiaires financiers, sont aujourd’hui estimées entre 10% et 15% du montant envoyé. Ce coût est lié entre autres à la manipulation des espèces et des rentes de situation, précise Racine Kane. L’on assiste donc de plus en plus au recours à des réseaux parallèles informels et peu sûrs.
Directeur général adjoint de l’Agence française de développement (AFD) au Cameroun, Martin Parent, confie que près de la moitié des transferts des migrants camerounais est faite dans l’informel et le poids des commerçants y est plus grand. Par conséquent le manque à gagner pour les migrants et partant pour le développement est important. Il faut donc baisser les coûts, pensent les experts. Car, ces transferts représentent des sommes considérables. Selon une estimation de la banque mondiale, les transferts des migrants représentaient une somme de 406 milliards de dollars (203 000 milliards de FCFA) pour l’ensemble des pays en développement en 2012.
Une étude réalisée par l’ONG Epargne sans frontière (ESF), a donc été menée sur la réduction des coûts de transferts des migrants, pour optimiser leur impact sur le développement. Les travaux de cette étude ont été cofinancés par l’AFD et la BAD. Selon l’étude, la baisse des coûts des transferts ne peut être obtenue que par la seule levée de la clause d’exclusivité (contrat de distribution octroyant l’exclusivité des produits de transfert d’argent rapide). Directeur de cette ONG, Saïd Boujij, explique que les majors dans les sociétés de transferts d’argent (STA) tels que Western Union et Money Gram imposent en particulier à la plupart des agents et sous-agents cette règle, de même qu’une clef de répartition des commissions de transfert.
Toutefois, il faut relever que pour l’heure la question de la levée de la clause d’exclusivité n’est pas envisagée par la BEAC. Pourtant, « elle est de première importance tant pour les agents chargés de paiement, que pour les envoyeurs et les bénéficiaires des transferts, car la levée crée une scène de concurrence », précise Narceur Bourenane, expert à ESF. Ce dernier révèle d’ailleurs que la suspension de cette clause se trouve conditionnée par la diversification des services et des produits financiers et technologiques d’appel, susceptibles de mieux répondre aux attentes des migrants et des bénéficiaires. Les pays comme le Sénégal et le Maroc, à travers leurs ministères des Finances et leurs banques centrales, ont levé ces clauses d’exclusivité, sur le fondement des droits communs visant les entraves à la concurrence. A en croire le représentant-résident de la BAD, cette levée a ouvert la concurrence et baissé les coûts d’envoi dans ces pays.
Dans une étude de la BAD en 2008, intitulé « Migrations, un enjeu de développement », L'on a appris qu’en 2008, les envois d’argent ont contribué à plus de 75% à financer les besoins de populations vivant à la limite du seuil de pauvreté. Malheureusement, dans les banques camerounaises, apprend-on, les services offerts aux immigrants sont encore couteux et pas très avantageux. En effet, au Cameroun les comptes de résidents offerts par les banques ne permettent pas aux résidents de contracter des prêts au Nord pour des opérations au pays. Ceci limite donc les opérations d’épargne et d’investissement des résidents à l’étranger. Des responsables de banques confient que le plus souvent, les filiales européennes sont très réticentes quand il s’agit de sécuriser les flux des migrants sur une longue période. Les banques occidentales ne veulent donc pas jouer le rôle de collecteur. En plus, le coût du Swift (opérations de transfert interbancaire sécurisé mis en place par la Society for worldwide Interbank financial télécommunications Ndlr) reste souvent supérieur à celui du transfert rapide offert par les sociétés de transfert d’argent.

Réglementation

Les capitaux à 85% destinés à la consommation échappent également au contrôle des institutions bancaires. Des envois qui, selon les experts de l’étude, peuvent contribuer au développement des pays s’ils étaient maîtrisés. Ceci a appelé à la promotion d’autres modes de transferts qui incluent la bibancarisation et le mobile banking. Surtout que les envois d’argent vont grandissants dans la zone Cemac. Selon les statistiques relevées dans le rapport soutenu par la BAD, les envois d’argent au Cameroun sont passés de 30 millions de dollars (soit 15 000 milliards de FCFA) en 2000 à 121 millions de dollars  (60 500 milliards de FCFA) 2011.
Si l’objectif de la baisse des coûts de transferts à 5% à l’horizon 2014 (recommandations du G8 Ndlr) est atteint, « les envois vont considérablement augmenter et les projets de développement seront étendus par la diaspora si les institutions bancaires offrent des produits favorables », précise Racine Kane, Représentant résident de la BAD. Il précise par exemple qu’au Maroc où des mesures ont été prises pour réduire les coûts des transferts, les envois du résident représentent 20% du total des dépôts des banques.
La réduction des coûts de transferts des migrants implique également une intervention des autorités compétentes aux deux bouts de la chaîne des transferts. Directeur général du Trésor, Moh Tangongho, confie que le gouvernement pourrait, sans doute dans les jours à venir, créer des établissements spécialisés pour canaliser les envois de la diaspora. Bien avant, L'on a appris que le Conseil national du crédit (CNC) dispose déjà d’un bureau à Paris en France, pour sécuriser les épargnes des résidents. Mais, « l’engouement n’y est pas encore faute de services innovants », observe Benedict Belibi, Secrétaire général de l’Association des professionnels des établissements de crédits du Cameroun (Apeccam).

Christelle Kouétcha