23 janv. 2015

Cameroun: Les projets de revalorisation des déchets plastiques existants ne portent pas leurs fruits

Plusieurs entreprises étrangères spécialisées dans la valorisation des déchets  n’ont pas pu implanter leurs activités faute d’incitation.  

Des projets de valorisation des déchets plastiques n’en finissent pas de naître au Cameroun. Mais, bon nombre d’entre eux ont encore du mal à faire reculer le niveau de pollution. Pour certains promoteurs d’entreprises de valorisation de déchets, le financement reste un énorme problème. Surtout que, soutiennent ces derniers, l’industrie de valorisation des déchets nécessite des investissements lourds et des équipements de pointe très coûteux.

Les rivières sous-l'emprise des bouteilles plastiques




Equipements coûteux

 Porteur de projet de valorisation de déchets, Gérald Ntang, explique par exemple qu’il faut débourser au moins 80 millions de FCFA pour une ligne d’au moins 500 tonnes par mois. Et, à côté de ces équipements, l’entrepreneur doit se munir entre autres des autorisations des différents ministères, réaliser des études d’impact, se munir d’un permis environnemental... Bref, « cela reste une sinécure et il faut vraiment avoir un soutien financier de poigne. En plus, vous allez faire face à la lourdeur administrative qui a un coût » analyse-t-il. 

Fonds national de l’environnement et du développement durable


Néanmoins, il faut relever que l’absence de la mise en place effective du Fonds national de l’environnement et du développement durable, renforce davantage ce problème de financement. A en croire des experts du ministère en charge de l’Environnement, ce fonds devait permettre aux entrepreneurs dans le domaine vert, de bénéficier des subventions pour les aider à faire décoller cette filière. 

Ce fonds a été institué par la loi cadre relative à la gestion de l’environnement de 1996. Depuis avril 2004, les ministres en charge de l’Environnement qui se sont succédés ont annoncé en grande pompe la mise en place de ce fonds. Sans suite.

Les bouteilles plastiques
Faible niveau de collecte 

A ces difficultés de financements, le promoteur de Red-plast, Alain Rodrigue Ngonde, souligne la faible quantité des déchets collectés. Selon lui, le gouvernement devrait accompagner un programme national de collecte sélective, pour une sensibilisation des populations. « Une entreprise de recyclage, ne peut pas se mettre en place si la collecte n’est pas  efficace.  Mais, aujourd’hui on n’est pas encore arrivé à une collecte sélective et tout cela handicape le démarrage des activités », explique-t-il. Cette même raison est avancée par  des entreprises étrangères de valorisation des déchets qui ont voulu s’installer au Cameroun.


Entreprises étrangères    

Au cours de l’année 2014, pratiquement cinq entreprises étrangères avaient manifesté leurs intérêts à s’ouvrir au Cameroun.  Mais, jusqu’à ce jour aucune de ces structures ne s’est encore déployée sur le terrain. Certains de ces promoteurs estiment que le gouvernement ne met pas encore à leur disposition des mesures incitatives pour les encourager à s’installer. 

L’un d’entre eux qui a requis l’anonymat, s’indigne par exemple que des sociétés qui jouent le rôle de dépollueurs soient imposées avec les mêmes taxes que les entreprises commerciales. « Un dépollueur qui paye les mêmes taxes pratiquement que les entreprises commerciales et en plus ne reçoit pas de subvention pour un secteur qui vit essentiellement des subventions, c’est difficile », souligne-t-il.   


Des pavés fabriqués à l'aide des déchets plastiques

Des campagnes non productif

Et, pour les entreprises locales qui ont mis en place certains projets de collecte et de recyclage de déchets de plastiques, l’on constate souvent que cela ne dure que le temps de l’annonce. 

Bien plus, fait observer les acteurs de ce secteur, les entreprises parfois responsables de la présence des déchets plastiques, utilisent les campagnes de sensibilisation des collectes de déchets plastiques que pour se faire une notoriété ponctuelle et non pour servir l’environnement. « Le tapage médiatique sur les opérations ne dure que le temps de la mouvance médiatique, après plus rien. La population aura plus retenue le nom de l’entreprise, que le message de débarrasser la nature de ces déchets », indique Didier Yimkoua, environnementaliste...

Christelle Kouétcha

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