23 janv. 2015

Collecte des déchets plastiques: La dispersion des acteurs handicape le secteur


Mal organisés, les collecteurs des déchets n'arrivent à améliorer le niveau d'enlèvement et ne satisfaits toujours pas  la forte demande locale et internationale en plastiques pour le recyclage.

Le secteur de la collecte des déchets plastiques au Cameroun, a encore du mal à se faire une place de choix dans le développement économique du Cameroun. Malgré l’abondance des déchets dans la nature et la naissance de quelques petites structures de collecte de déchets, on n’est encore loin de l’ornière. Et, pour cause « l’intérêt économique de l’environnement n’est pas encore mise en valeur au Cameroun », pense Lucien Yoppa, Project and Development Officer à la Fondation Camerounaise de la Terre vivante (FCTV). 

Une séance de collecte de déchets plastiques

Bien plus, les acteurs qui se sont déjà lancés dans le secteur de la collecte, souffrent d’un sérieux problème d’organisation. Martial Bella Oden,  est président du Réseau des Acteurs pour la Valorisation des déchets ménagers (Ravadem). Il relève qu’avec la dispersion des collecteurs, les actions restent encore isolées. Par conséquent, « les collecteurs ramassent en désordre, et une bonne brochette d’entre eux ne maîtrisent même pas la qualité de plastiques qui est collectée. Conséquence, la quantité collectée reste faible », analyse Wilfried Tamfou, environnementaliste. 

Travailler en synergie

La solution, reste donc la mise en synergie des petits collecteurs qui constituent la masse critique du secteur.  Cette synergie, relèvent les acteurs du développement, devrait  permettre aux collecteurs de mobiliser les partenariats publics/privés avec les communes et même les investisseurs étrangers. Ce regroupement, pourrait également encourager les gros collecteurs étrangers à orienter leurs investissements au Cameroun. « Il y a plusieurs sociétés d’enlèvement étrangers qui nous ont sollicité ; elles ont toujours souhaité avoir des partenaires locaux, sans suite. Car, les collecteurs sont éparpillés et leur niveau de travail n’est pas à la hauteur de la demande », révèlent les responsables de FCTV

Cette ONG qui encadre  quelques collecteurs de déchets, souligne également que le coût élevé du permis environnemental  n’encourage pas les jeunes à s’investir dans ce secteur.  Selon la loi camerounaise, le coût de ce permis  peut atteindre le seuil de  1,5 million de FCFA. « Le Cameroun peut copier les exemples de l’Ouganda,  ou du Burkina Faso, là bas on n’a pas  besoin d’imposer des permis environnementaux », souligne le Project and Development Officer de FCTV.

Difficultés financières 

Pour les collecteurs, l’une des difficultés qui entravent  leur secteur est l’absence de moyens financiers pour s’équiper. Bien plus, « nous ne bénéficions pas de contrats de financement pour débarrasser la nature des déchets qui ne nous appartiennent pas et qui doit être en principe être à la charge de l’entreprise. Nous faisons un travail qui n’est pas le nôtre en principe, mais nous ne sommes pas soutenu financièrement comme c’est le cas avec les ordures ménagères », indique Michel Nde, petit collecteur installé au quartier Ndogpassi 3 de Douala. En effet, les collecteurs estiment qu’ils doivent aussi être payés pour leur enlèvement, comme c’est le cas avec la Société d’hygiène et de salubrité (Hysacam), qui reçoit les financements des mairies, de la Communauté urbaine  de  Douala (CUD) pour débarrasser la nature des déchets ménagers.

Les déchets plastiques colonisent l'environnement 


Ignorance du principe pollueur-payeur

Pour Didier Yimkoua, environnementaliste cette situation devrait  trouver une solution si « le gouvernement finissait par appliquer le principe de pollueur-payeur qui est pourtant contenu dans la loi cadre de l’environnement. Ce dispositif exige que les entreprises se chargent elles même de gérer leurs déchets ». Et, compte tenu de l’inefficacité de la collecte, les collecteurs ont encore du mal à satisfaire la demande locale et internationale. 

Pourtant le marché international reste encore très ouvert en matière de déchets. A en croire les responsables de FCTV, la demande en déchets de la Chine par exemple est estimée à 2000 tonnes par jour. Et, les industriels chinois sont prêts à acheter le kilogramme de déchets à 200 FCFA, soit deux  fois plus cher que le prix fixé localement. Malheureusement, la capacité collectée n’est pas suffisante.   

Christelle Kouétcha


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