Les navires ont du mal à accoster au
détriment des importateurs qui attendent des mois pour décharger et charger
leurs marchandises.
Trafic au ralenti au port de Douala |
Rien ne va plus au port de Douala. Depuis
plus de six mois, l’espace portuaire est sous l’étau d’un engorgement
interminable. Les navires traînent à accoster pour charger ou décharger les
marchandises des importateurs. Certains, d’entre eux sont déjà aux abois, car
leurs magasins se vident au fil des jours. En plus, « nous ne
savons pas exactement quel jour nos containers vont vraiment être déchargés des
bateaux. Au port, même les responsables sont incapables de nous fixer sur
une date. En attendant, nous sommes de plus en plus en cours de marchandises »,
s’indigne Bonaventure Ndepa, Directeur général de la société Ibus LTD,
spécialisée dans le commerce général.
L’attente risque même d’être encore très
longue. Responsable commercial à l’agence maritime, Safmarine, Guy Merlin
Ngassa, confie que sur la bouée, l’on est actuellement à quatre mouvements
l’heure, contre 20 mouvements l’heure d’antan pour décharger les marchandises.
De plus, les navires qui mettaient 24 heures pour les opérations de chargement
ou de déchargement, font aujourd’hui plus de quatre jours. Et, le temps
d’attente à la bouée est désormais d’au moins 24 jours pour les navires, au
lieu d’un jour comme autrefois. D’ailleurs, l’on apprend auprès d’un
exportateur que depuis le 16 juillet 2014, 23 navires sont stationnées à la
bouée de base en attente d’accostage. Parmi ces navires, se trouvent 13
porte-conteneurs, dont un qui est sur le site depuis le 13 mai 2014,
apprend-on.
Cet alignement des bateaux et les retards
dans le chargement et le déchargement des conteneurs ont débuté, depuis le mois
de novembre. En effet, au cours de ce mois, l’un des deux portiques du Port
autonome de Douala (PAD) a été à l’arrêt pour des raisons de maintenance. Une
pause qui a occasionné un certain nombre de retards dans le déchargement de
bateaux. Bien plus, les bateaux se trouvent aussi confronter au manque d’espace
sur les aires de stockage. Celles-ci, étant encombrées par des containers
abandonnés par des importateurs. Conséquence, les opérateurs
économiques qui devaient entrer en possession de leur containeur depuis le mois
de juin, sont contraints aujourd’hui d’attendre le mois d’Août, apprend-on.
En outre, pour les containeurs qui
sont restés bloqués au mois de décembre au port, les importateurs confient que
la marchandise leur a été réceptionnée au mois de février. Mais, « nous ne
pouvons plus les vendre, puisque ces marchandises étaient destinées pour
la période des fêtes de fin d’années. Elles représentent aujourd’hui un coût de
stockage énormes que nous supportons », souligne Charles Kamgo, Directeur
général de la société Global Learning and technology (GLT). L’encombrement du
port, ne rassure même plus les agences de prestations de services maritimes. L’on
a appris que plusieurs d’entre eux, surtout ceux venus de l’Asie et de
l’Europe, refusent catégoriquement d’accoster au port de Douala. Et,
« ceux qui veulent essayer de nous aider à transporter nos containers,
nous exige de les décharger au port du Gabon ou du Nigéria. Ce sont des coûts
supplémentaires, qu’on ne peut même pas gérer », explique Jean Pierre
Kemmengne, responsable des quincailleries Sorepco.
Pour les agences de prestations maritimes,
qui s’hasardent encore à convoiter le port de Douala, la cadence des activités
est à la baisse. Lors du récent conseil d’administration de l’autorité
portuaire nationale, le directeur général de l’agence de prestations maritimes,
avait confié que l’entreprise était à seulement 25% de leurs possibilités de
rendement. Il s’exprimait ainsi, dans les colonnes du quotidien national
bilingue, Cameroon tribune.
A Safmarine, les responsables, disent que
l’immobilisation des navires, constitue des coûts « énormes » pour la
main d’œuvre. Par conséquent, les navires qui ont accosté, exigent
des importateurs le paiement des surestaries. Ceci, constituent des indemnités
que l’affréteur doit payer au propriétaire d’un navire, dans un affrètement de
voyage quand le temps de déchargement et/ou de chargement dépasse le temps
prévu dans le contrat de voyage. D’après, Charles Kamgo, Directeur général de
la société GLT, ces taxes sont évaluées à 7,5 millions de FCFA par jour. Des
taxes qui « vont être directement imputées sur les marchandises que nous
allons mettre sur le marché », prévient Pascal Kengne, directeur de la
société Sodimat. Celui-ci, confie que le prix de revient des fournitures qu’il
attend a globalement augmenté de 20% à 30%.
Pour les navires qui ne souhaitent pas
traîner aux quais du port de Douala, elles ont dû partir avec les
containers de plusieurs importateurs. Ceux-ci, réunis à Douala au cours d’une
concertation, ont confié que plusieurs containers, flottent entre les pays de
l’Afrique. Notamment, en Namibie, au Nigéria, au Togo et au Gabon. Cette
fois, « le dédouanement coûte trois voire quatre fois plus cher et
constitue des frais supplémentaires, car vous devez prendre votre
marchandise dans un pays pour le ramener chez vous. Alors que vous avez payé au
préalable des frais pour un premier voyage », indique Evariste
Ngassa, de la société Socafi. Les importateurs spécialisés dans le commerce des
produits périssables, ont également payé les frais de la congestion du port.
Pour trouver une solution à l’allongement du séjour des marchandises au quai, L’on
a appris auprès du responsable commercial de Safmarine, qu’à l’issue d’une
réunion avec le directeur général du PAD, celui a promis de construire
une grume mobile dans les jours à venir.
En attendant, la congestion qui entraîne l’allongement du séjour des marchandises dans l’espace portuaire
influe sur le rendement du port. En 2013, la durée de séjour moyen des navires
est passée de 3,7 à 4,12 jours. Pour cette année, les agences de
prestations de service maritime craignent que la situation soit plus alarmante.
Ces désagréments au port de Douala, interviennent au moment où le trafic
maritime au Cameroun a atteint 10 592 021 tonnes au cours de
l’année 2013. Soit, une augmentation de 10% par rapport à la performance
de 2012.
Et, malgré cet important trafic,
certaines procédures continuent de faire rallonger le séjour des marchandises
au port. Parmi celles-ci, l’on retrouve entre autre le problème de scanner. A
en croire les importateurs, il faut attendre quatre à six jours pour réaliser
le scanner des containers. Car, celui-ci est assujetti à des pannes
récurrentes. Le Comité national de facilitation du trafic maritime international
(Comité FAL), qui s’était réuni en urgence, au début du mois de juillet, avait
d’ailleurs identifié ce problème de scanner, comme l’un des causes du
ralentissement des activités d’Import-export au port de Douala.
Les opérateurs économiques ont leur part
de responsabilité dans la congestion portuaire. Plusieurs d’entre eux,
ont transformé le port de Douala en magasin où ils peuvent stocker leurs
marchandises. Il y a deux mois, apprend-on, plusieurs opérateurs économiques
ont même dû apporter leurs containers sur l’espace portuaire. Ces derniers, ont
voulu s’opposer à la nouvelle mercuriale de la direction générale des douanes
(DGD), sur les tarifs des droits de douanes des produits en provenance des pays
d’Asie, notamment la Chine. Ces frais, ont connu une augmentation de 50%.
Ainsi, pour un conteneur de 40 pieds par exemple, les importateurs déboursent
désormais la rondelette somme de 14, 5 millions de FCFA. A la douane, l’on
explique que la nouvelle mercuriale date de depuis 2010, et qu’elle était
entrain d’entrer en application. Une réunion pour statuer sur ce problème est
annoncée dans les prochains jours…
Christelle Kouétcha
0 commentaires :
Enregistrer un commentaire