24 juil. 2014

AES-Sonel : Les index truqués pour flouer le consommateur

La responsabilité de la surfacturation des quittances est partagée entre AES-Sonel  et les sous-traitants de l’entreprise.
La surfacturation sur les quittances d’électricité  d’AES-Sonel, se joue en grande majorité sur les index des compteurs. En effet, comme l’expliquent des sources au sein de l’entreprise, les index remis par les releveurs, sont très souvent gonflés et ne correspondent pas à l’index indiqué sur le compteur. A première vue donc, ces relevés des index peuvent paraître justes, quelques KWH sont le plus souvent ajoutés en catimini, ce qui renchérit au bout du compte le montant net à payer. « Ils (AES-Sonel Ndlr) savent que la plupart des usagers prennent rarement la peine de comparer leurs index et vérifier la correspondance exacte avec le montant mentionné au bas de leur quittance, l’entreprise en profite pour procéder subrepticement à ce tripatouillage afin de travestir sciemment ce chiffre », souligne Julien Foumane, président du syndicat national de l’énergie électrique (SNEE).
Un responsable d’AES-Sonel, confie d’ailleurs que cette augmentation est effectuée aussi bien au niveau du releveur, que de l’entreprise, notamment avec les chefs d’agences. Ceux-ci, étant sous le joug  de  la ligne de conduite imposée par AES-Sonel, qui « exige des objectifs de ventes aux chefs d’agences », confie un cadre de la structure, sous anonymat. A en croire ce dernier, ces objectifs de ventes consistent à imposer aux chefs d’agence de ramener un certain quota de KWH à la fin du mois. Et, « ce qui arrive est simple car,  quand un chef arrive à la fin du mois et se rend compte qu’il n’a pas pu ramener 5000 KWH par exemple fixé, il ne peut que surfacturer. Pourtant, la consommation réelle de la zone ciblée est même en deçà des objectifs fixés », explique une source interne à la structure. Et, puisque les chefs sont sous la pression de résultats exigés, ils imputent directement aux agents des sous-traitants, qui, « ne sont payés que si la performance est atteinte », apprend-on. Par conséquent, « il faut faire un coefficient multiplicateur pour tout le monde puisque les objectifs sont irréalisables », rapporte Christophe T., employé dans une sous-traitance d’AES-Sonel.
La direction générale d’AES-Sonel, sollicitée, n’a pas pu apporter de démenti sur ces accusations. Le protocole d’interview servit à l’entreprise n’a toujours pas eu de réponses. Les coups de fils auprès des responsables de la structure, n’ont également pas eu de suite.  N’empêche, l'on a pu apprendre en outre, auprès des experts  que pour surfacturer les quittances, l’entreprise ajoute en moyenne 10% sur la consommation des clients. Ceci, précise un cadre d’AES-Sonel, est le plus souvent perceptible lorsque le montant des factures se termine avec des chiffres décimaux. « Un kilowatt heure, c’est bien kilowatt heure, il n’a pas de portion de kilowatt heure. Il n y’a qu’au Cameroun que ce que la science physique n’a pas enseigné, est appliqué », analyse Eric Ekwe, expert en énergie électrique.
Julien Fomane, ex cadre de la Sonel où il occupait entre autre la fonction de délégué provinciale du Littoral et de l’extrême nord, relève par ailleurs que les actes de surfacturation, sont réalisés à travers les nouveaux compteurs électriques d’AES-Sonel. A en croire ce dernier, la structure ne dispose pas de compteurs étalonnés, c’est-à dire dont la vitesse est contrôlée. « Cet étalonnage est fait au sein des bancs d’étalonnage que AES a dû mettre de côté après l’achat de la Sonel. Par conséquent, les compteurs installés chez les clients sont non contrôlés et tournent à des vitesses que le consommateur lui-même ne maîtrise pas. Et, bienvenue la surfacturation. Le compteur doit être même étalonné en présence d’un espèce qui doit confirmer aux clients la véracité des résultats », précise l’expert. Ceci, non sans proposer que les bancs d’étalonnage externes à l’entreprise soient créés.
Christelle Kouétcha



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