La responsabilité de la surfacturation des
quittances est partagée entre AES-Sonel et les sous-traitants de
l’entreprise.
La surfacturation sur les quittances d’électricité
d’AES-Sonel, se joue en grande majorité sur les index des compteurs. En effet,
comme l’expliquent des sources au sein de l’entreprise, les index remis par les
releveurs, sont très souvent gonflés et ne correspondent pas à l’index indiqué
sur le compteur. A première vue donc, ces relevés des index
peuvent paraître justes, quelques KWH sont le plus souvent ajoutés en
catimini, ce qui renchérit au bout du compte le montant net à payer.
« Ils (AES-Sonel Ndlr) savent que la plupart des usagers prennent
rarement la peine de comparer leurs index et vérifier la correspondance exacte
avec le montant mentionné au bas de leur quittance, l’entreprise en profite
pour procéder subrepticement à ce tripatouillage afin de travestir sciemment ce
chiffre », souligne Julien Foumane, président du syndicat national de
l’énergie électrique (SNEE).
Un responsable d’AES-Sonel, confie
d’ailleurs que cette augmentation est effectuée aussi bien au niveau du
releveur, que de l’entreprise, notamment avec les chefs d’agences. Ceux-ci,
étant sous le joug de la ligne de conduite imposée par AES-Sonel,
qui « exige des objectifs de ventes aux chefs d’agences », confie un
cadre de la structure, sous anonymat. A en croire ce dernier, ces objectifs de
ventes consistent à imposer aux chefs d’agence de ramener un certain quota de
KWH à la fin du mois. Et, « ce qui arrive est simple car, quand un
chef arrive à la fin du mois et se rend compte qu’il n’a pas pu ramener 5000
KWH par exemple fixé, il ne peut que surfacturer. Pourtant, la consommation
réelle de la zone ciblée est même en deçà des objectifs fixés », explique
une source interne à la structure. Et, puisque les chefs sont sous la pression
de résultats exigés, ils imputent directement aux agents des sous-traitants,
qui, « ne sont payés que si la performance est atteinte »,
apprend-on. Par conséquent, « il faut faire un coefficient multiplicateur
pour tout le monde puisque les objectifs sont irréalisables », rapporte
Christophe T., employé dans une sous-traitance d’AES-Sonel.
La direction générale d’AES-Sonel,
sollicitée, n’a pas pu apporter de démenti sur ces accusations. Le protocole
d’interview servit à l’entreprise n’a toujours pas eu de réponses. Les coups de
fils auprès des responsables de la structure, n’ont également pas eu de
suite. N’empêche, l'on a pu apprendre en outre, auprès des experts
que pour surfacturer les quittances, l’entreprise ajoute en moyenne 10%
sur la consommation des clients. Ceci, précise un cadre d’AES-Sonel, est le
plus souvent perceptible lorsque le montant des factures se termine avec des
chiffres décimaux. « Un kilowatt heure, c’est bien kilowatt heure, il
n’a pas de portion de kilowatt heure. Il n y’a qu’au Cameroun que ce que la
science physique n’a pas enseigné, est appliqué », analyse Eric Ekwe,
expert en énergie électrique.
Julien Fomane, ex cadre de la Sonel où il
occupait entre autre la fonction de délégué provinciale du Littoral et de
l’extrême nord, relève par ailleurs que les actes de surfacturation, sont
réalisés à travers les nouveaux compteurs électriques d’AES-Sonel. A en croire
ce dernier, la structure ne dispose pas de compteurs étalonnés, c’est-à dire
dont la vitesse est contrôlée. « Cet étalonnage est fait au sein des bancs
d’étalonnage que AES a dû mettre de côté après l’achat de la Sonel. Par
conséquent, les compteurs installés chez les clients sont non contrôlés et
tournent à des vitesses que le consommateur lui-même ne maîtrise pas. Et,
bienvenue la surfacturation. Le compteur doit être même étalonné en présence
d’un espèce qui doit confirmer aux clients la véracité des résultats »,
précise l’expert. Ceci, non sans proposer que les bancs d’étalonnage externes à
l’entreprise soient créés.
Christelle Kouétcha
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