Les astuces des commerçants pour réduire les quantités des vivres
vendus sont multiples.
Le kilo n'est pas toujours le vrai |
Marché central de Douala au Cameroun, ce mercredi 30 avril 2014, à
la boucherie du marché les commandes fusent. Hamidou, boucher, est
imperturbable. 1 kilo, 2 kilo, 3 kilo de viandes… les commandes
s’enchaînent. Les clientes, s’impatientent, tandis que des jeux de
poids installés sur la table du boucher, se font sous le regard observateur des
ménagères. Ici, comme dans plusieurs autres boucheries et poissonneries de ce
marché, c’est la balance à ressort qui reste encore l’unité de mesure. Et, la
rouille présente sur la plupart d’entre elles, témoigne de la vétusté de
l’appareil de mesure.
Un instrument qui pourtant a été interdit des activités
commerciales au Cameroun depuis 1995, apprend-on à la délégation régionale du
commerce pour le Littoral. Mais, il reste encore utilisé dans tous les marchés
au Cameroun. Et, à la brigade de répression du Mincommerce pour le Littoral,
l’on explique que les bouchers et poissonniers s’accrochent encore à cet
instrument car « ils savent que toute balance à ressort, par nature, perd
de sa fiabilité au fil du temps. Le ressort, qui subit les charges au fur et à
mesures, finit à un moment donné par lâcher et la mesure du kilo n’est plus
viable », explique ce dernier. Il confie que des opérations de
saisies des pesons ont déjà été opérées. Mais, à cause de « la tolérance
administrative », ces pesons sont toujours utilisés. Ceci, au grand dam
des consommateurs qui payent pour un kilogramme de poisson ou de viande
par exemple, mais qui n’en reçoivent en réalité qu’environ 800 grammes.
Pour ce qui est du poids, les bouchers, réussissent à servir leurs
clients avec des poids sans collier. Pourtant « lorsque le poids perd
son collier, l’impact se fait sentir sur la balance. Ainsi, un poids de
un kilo sans collier peut se retrouver à 900g », explique un
fabricant. Malheureusement, les consommateurs n’ont très souvent pas le temps
de regarder ce collier sur le poids. Pour les balances électroniques, l’astuce
est toute trouvée. Des bouchers confient, qu’il suffit d’y mettre des batteries
faibles et quelques grammes sont chipés sur la commande du client.
Du côté des vivres, comme les plantains ou la banane, la
tricherie est bien dissimulée. Dans le tas cinq doigts de plantains vendus par
exemple, le commerçant réussit toujours à faire glisser un ou deux doigts
pourris. Et, « c’est au moment de la cuisson que nous faisons toujours le
constat », s’indigne Anabelle Kengne, ménagère. Pour les tubercules comme
le manioc, le macabo, les pommes de terre…, le récipient en plastique qui sert
très souvent de mesurrette est le nid de la tricherie. Ainsi, alors que le
consommateur aperçoit un seau bien rempli de macabo par exemple, ce sont les
feuilles séchés de bananiers plantains, des papiers, qui supportent le fond du
récipient et font remonter la marchandise à la surface. Cette technique est
également utilisée par les vendeurs de fruits en gros, tels que les mangues,
les safou…
La supercherie se trouve donc au fond. Pareil pour les boîtes avec
lesquels sont servis du riz ou les arachides. Commerçante au marché Ndogpassi,
Nathalie Kayo, explique que très souvent des staffs (mélange de plâtre et de
fibres végétales utilisés pour la décoration des maisons) sont introduits dans
les boîtes, et permettent de réduire la quantité servie aux clients. Des
astuces pour cette tricherie, il n’en manque pas. D’autres commerçants disent
« cogner » la boite qui sert de mesure, question de réduire la
quantité qui est servie au client. Cependant, il y en a qui ne se donnent toute
cette peine. Ils préfèrent jouer sur la vigilance du consommateur. Pour ces
derniers, il suffit de mettre le pouce de la main dans la boîte avant de le
remplir pour servir le client. Mais, ceci « nécessite d’être rapide et
surtout d’être souvent grincheux avec le client pour l’empêcher de mieux
contrôler », confie une commerçante du marché Deïdo. Celle-ci,
ne manque pas de confier qu’elle recourt à cette astuce, quand « le
marché est très difficile ». Conséquence, le client qui par exemple a
payé pour cinq boîtes de riz, peut se retrouver à domicile avec à peine quatre
boîtes…
Christelle Kouétcha
belle analyse
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