8 oct. 2014

RSE: Le dilemme de la conciliation croissance et environnement

La prise en compte des préoccupations environnementales sont plutôt bénéfiques pour les entreprises.
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Concilier la croissance de l’entreprise et les préoccupations environnementales, n’est pas la chose la mieux partagée dans plusieurs entreprises au Cameroun. En effet, la responsabilité environnementale qui exige de l’entreprise de respecter la réglementation environnementale en vigueur, n’est « malheureusement », pas encore « ancrée dans les mœurs des entreprises au Cameroun », fait observer Thierry Tené, Co-fondateur de l'Institut Afrique RSE. Aujourd’hui, au Cameroun les démarches semblent être « lentes », on observe encore dans les métropoles des sites industriels orchestrant des grandes pollutions. En avril dernier le Ministère Camerounais de l’Environnement de la Protection de la Nature et du Développement Durable avait publié une liste de 139 installations qui étaient en infraction par rapport à certaines dispositions de la loi N°96/12 du 5 août 1996 portant sur la loi-cadre relative à la gestion de l’environnement. Une bonne chose sur le principe. Mais « quand on regarde les montants des dites sanctions, qui sont insignifiantes par rapport aux dégâts écologiques, on se dit qu’il y a un gros problème avec la loi environnementale au Cameroun », fait observer Thiery Téné. Ainsi, polluer revient moins cher que de respecter l’environnement en faisant des investissements plus élevés.
La responsabilité environnementale de l’entreprise, sollicite donc la mise en place d’une une stratégie environnementale ambitieuse, qui permettrons de réduire les impacts des activités de l’entreprise sur l’environnement. Selon les experts, l'intégration de l'environnement au sein de l'entreprise peut se faire de façon progressive Dans un premier temps, l'entreprise peut mettre en place de bonnes pratiques pour réduire son impact sur l'environnement. Si l'entreprise souhaite s'impliquer davantage, elle peut intégrer la gestion de l'environnement dans son système de management en mettant en place un "système de management de l'environnement" (SME). Une fois le système mis en place, l'entreprise pourra faire reconnaître son Sme par une certification, c'est à dire obtenir la reconnaissance de sa conformité avec la norme internationale ISO 14001.
Le Système de management environnemental, permet d’améliorer en continue la performance environnementale de l’entreprise. Le management environnemental peut être répercuté sur le site de l’exploitation du produit et sur le produit même. Ainsi, sur le produit le Sme prend en compte toutes les étapes du cycle de vie du produit, "du berceau à la tombe". Sur le site de production, l'entreprise peut ainsi prendre des mesures pour réduire son impact sur l'environnement en prévenant et limitant la production des déchets, triant ses déchets, utilisant des matériaux recyclables, réduisant sa consommation d'eau et d'énergie, réduisant ses émissions polluantes grâce, par exemple, à la mise en place de technologies propres.
Des actions favorables, surtout que l’intégration des préoccupations environnementales dans la gestion de l’entreprise  est un business particulièrement rentable pour les entreprises africaines. En effet, l’Onudi a récemment mené un projet intéressant dans trois pays d’Afrique du Nord (Maroc, Egypte et Tunisie). Grâce à un investissement de 20 millions de dollars (10 milliards de Fcfa) dans 43 industries afin de limiter leurs impacts environnementaux, le résultat est spectaculaire. Les entreprises réalisent chaque année une économie de 17 millions de dollars (340 millions de Fcfa), elles économisent 9,7 millions de mètres cubes d’eau et 263 GW d’énergie par an.
Néanmoins pour le respect de l’environnement,  le législateur peut faire pression sur les entreprises à travers, par exemple le principe « Pollueur-Payeur ». Il consiste à  imputer le traitement des dégâts environnementaux à l’entité qui est à l’origine de cette dégradation. Mais, « Sur le papier c’est très bien, encore faut-il que la loi soit adaptée », précise l’expert. En plus le gouvernement «  ne dispose pas souvent des moyens financiers, humains pour contrôler l’application de la loi dans toutes les entreprises », fait observer l’expert.  Les consommateurs ont également un rôle à jouer, et peuvent constituer un levier important pour faire pression sur l’entreprise afin qu’elle remplisse ces obligations écologiques. « Si le consommateur privilégie l’achat des produits plus respectueux de l’environnement, il va influer sur les industriels », conclut Thiery Téné.

Christelle Kouétcha

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