5 mai 2014

Herakles Farms: Des acrobaties turbulentes pour acquérir des terres

Le projet de l’entreprise américaine a été longtemps critiqué par les ONG  avant l’acquisition provisoire de ces 20 000 hectares au Cameroun.
Le PDG d'Herakles Farms
C’est au bout de plusieurs remous que la société américaine Herakles Farms, représentée par sa filiale Sithe Global Sustainable Cameroon Limited (Sgsoc) a fini par obtenir une concession foncière au Cameroun. Ainsi, au lieu de 73 000 ha que l’entreprise a longtemps clamés avoir reçu du gouvernement camerounais, Paul Biya, président de la République, a finalement cédé seulement 20 000 ha de terres à Sgsoc dans les départements du Ndian et Kupe Manenguba, région du Sud Ouest. Même si la concession n’est provisoire que de 3 ans, Sgsoc a finalement eu des terres. Mais, l’entreprise avait déjà pendant quatre « longues années », débuté ses activités dans les villages. La société, a par exemple orchestré la déforestation de près de 100 ha de forêt au village Talangaye. Pareille au village New-Konye, où environ 1000 Ha de la forêt avec été rasées. Certains agriculteurs à Nguti, Fabe, Mundemba, ont été victimes d’accaparement des terres. 
Des « exactions »  qui ont suscité des réactions « virulentes » des acteurs des sociétés civiles, notamment les Organisation non gouvernemental (ONG) étrangères. Le Centre pour l’environnement et le développement (CED), Greenpeace, le Réseau de lutte contre la faim (Relufa), Oakland Institute, ont manifesté à plusieurs reprises leur opposition aux projets de l’huile de palme américains. Pareille pour les populations, qui, par des manifestations, des pétitions, ont formellement affirmé leur réticence pour le projet de Herakles Farms. « Ils sont venus duper la population sur des terres qui ne les appartiennent pas », s’indigne  Nassako Bessingui, président de l’ONG locale Struggle to economise future environnement (Sefe). Cette ONG a d’ailleurs organisé une manifestation le 2 juin 2013, pour préciser aux autorités que « nous ne voulons pas de cette entreprise », scandait-il au cours de la manifestation. Celui-ci et plusieurs autres manifestants, avaient été gardé à vue dans les cellules du commissariat de Mundemba, pendant trois heures. 
Au mois de Mai 2013,  Greenpeace International et Oakland Institute, pour faire entendre leur opposition, publient un rapport contre Herakles. Dans ledit rapport les deux ONG affirment mordicus que,  « des employés d'Herakles Farms auraient pris part à des activités de corruption (...) pour obtenir un plus grand soutien en faveur du projet au Cameroun ». Ils vont jusqu'à demander l'arrêt du projet, redoutant notamment « la mise en péril d'écosystèmes uniques », et de moyens de subsistance pour les populations. En juin, deux associations camerounaises (CED et Relufa), déposent une plainte contre Herakles Farms, auprès du représentant du point de contact national des Etats-Unis de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) relatif aux entreprises multinationales. Elles demandent à l’OCDE de faire une enquête approfondie sur les allégations de corruption par la société américaine. L’enquête suit encore son cours, apprend-on.
Bien avant, les protestations des ONG avaient finalement fait bouger le gouvernement camerounais en fin mai 2013. Le ministre des Forêts et de la faune (Minfof), avait  décidé de suspendre les activités d'Herakles, parlant « d'atteinte à la réglementation forestière et des revendications récurrentes des populations riveraines ». Mais le même ministre a levé cette suspension le 29 mai, sans donner d'explication. Et, le 25 novembre 2013, un décret du président octroi finalement, 20 000 ha à Sgsoc. Les critiques du projet n’en finissent pas tout de même ...
Christelle Kouétcha

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