Le PDG d'Herakles Farms |
C’est au bout de plusieurs remous que la
société américaine Herakles Farms, représentée par sa filiale Sithe Global
Sustainable Cameroon Limited (Sgsoc) a fini par obtenir une concession foncière
au Cameroun. Ainsi, au lieu de 73 000 ha que l’entreprise a longtemps
clamés avoir reçu du gouvernement camerounais, Paul Biya, président de la
République, a finalement cédé seulement 20 000 ha de terres à Sgsoc dans
les départements du Ndian et Kupe Manenguba, région du Sud Ouest. Même si la
concession n’est provisoire que de 3 ans, Sgsoc a finalement eu des terres.
Mais, l’entreprise avait déjà pendant quatre « longues années »,
débuté ses activités dans les villages. La société, a par exemple orchestré la
déforestation de près de 100 ha de forêt au village Talangaye. Pareille au
village New-Konye, où environ 1000 Ha de la forêt avec été rasées. Certains
agriculteurs à Nguti, Fabe, Mundemba, ont été victimes d’accaparement des
terres.
Des « exactions » qui ont
suscité des réactions « virulentes » des acteurs des sociétés
civiles, notamment les Organisation non gouvernemental (ONG) étrangères. Le
Centre pour l’environnement et le développement (CED), Greenpeace, le Réseau de
lutte contre la faim (Relufa), Oakland Institute, ont manifesté à plusieurs
reprises leur opposition aux projets de l’huile de palme américains. Pareille
pour les populations, qui, par des manifestations, des pétitions, ont
formellement affirmé leur réticence pour le projet de Herakles Farms.
« Ils sont venus duper la population sur des terres qui ne les
appartiennent pas », s’indigne Nassako Bessingui, président de l’ONG
locale Struggle to economise future environnement (Sefe). Cette ONG a
d’ailleurs organisé une manifestation le 2 juin 2013, pour préciser aux autorités
que « nous ne voulons pas de cette entreprise », scandait-il au cours
de la manifestation. Celui-ci et plusieurs autres manifestants, avaient été
gardé à vue dans les cellules du commissariat de Mundemba, pendant trois
heures.
Au mois de Mai 2013, Greenpeace
International et Oakland Institute, pour faire entendre leur opposition,
publient un rapport contre Herakles. Dans ledit rapport les deux ONG affirment
mordicus que, « des employés d'Herakles Farms auraient pris part à
des activités de corruption (...) pour obtenir un plus grand soutien en faveur
du projet au Cameroun ». Ils vont jusqu'à demander l'arrêt du projet,
redoutant notamment « la mise en péril d'écosystèmes uniques », et de
moyens de subsistance pour les populations. En juin, deux associations
camerounaises (CED et Relufa), déposent une plainte contre Herakles Farms,
auprès du représentant du point de contact national des Etats-Unis de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) relatif
aux entreprises multinationales. Elles demandent à l’OCDE de faire une enquête
approfondie sur les allégations de corruption par la société américaine.
L’enquête suit encore son cours, apprend-on.
Bien avant, les protestations des ONG
avaient finalement fait bouger le gouvernement camerounais en fin mai 2013. Le
ministre des Forêts et de la faune (Minfof), avait décidé de suspendre
les activités d'Herakles, parlant « d'atteinte à la réglementation
forestière et des revendications récurrentes des populations riveraines ».
Mais le même ministre a levé cette suspension le 29 mai, sans donner
d'explication. Et, le 25 novembre 2013, un décret du président octroi
finalement, 20 000 ha à Sgsoc. Les critiques du projet n’en finissent pas
tout de même ...
Christelle Kouétcha
Une affaire à suivre
RépondreSupprimer