5 mai 2014

Environnement: Paul Biya remet une zone écologique à Herakles Farms

Des conflits fonciers inévitables avec les populations qui estiment que leur droit communautaire n’a pas été respecté.
Le Korup National inclut dans la concession d'Herakles Farms
Le décret du président de la République du Cameroun sur la question foncière de Herakles Farms, n’a résolu qu’un seul problème. « Etayer nos communautés sur la concession exacte de cette compagnie, qui a voulu extorquer près 73 000 ha  », relève, Orume Steven, notable du village Fabe. Cependant, les problèmes environnementaux décriés sur ce projet demeurent. A en croire, le coordonnateur du Korup Rainforest Ecotourism Organisation, Prince Nwese, les 20 000 ha octroyé par Paul Biya, est situé essentiellement dans la zone écologique du Sud-ouest. Cette zone, a été « depuis des années définit par le gouvernement », apprend-on auprès du coordonateur. Il explique par exemple, que les forêts communautaires de Mundemba et Nguti déterminées par le gouvernement sur une carte, sont incluses dans la nouvelle concession. En plus, la plupart des villages affectés au projet se trouvent toujours dans la zone tampon avec des aires protégées comme le parc national de Korup, la réserve faunique de Banyang Mbo, la réserve du Rumpi...  
Ce problème environnemental a été une fois de plus décriée par l’ONG international Greenpeace. Chargé de campagne a Greenpeace Africa, Brendan Schwartz, estime que le projet d’Herakles reste un mauvais projet dans un mauvais endroit, même si la concession à été réduite. « Les populations riveraines risquent de perdre leurs moyens de subsistance si le projet se réalise et les mesures d’atténuation ne sont pas prévus par la société. La zone abrite des nombreuses espèces rares et en voie d’extinction et une forêt à haute valeur de conservation », relève-t-il. Le reporter a appris auprès de cet organisme que la forêt que Herakles compte raser stocke des millions de tonnes de carbone qui seront émis dans l’atmosphère et contribueront au changement climatique. D’ailleurs, du côté des populations, la concession sonne comme une « autorisation pour Herakles Farms de poursuivre  ses opérations de déforestation », s’indigne Nassako Bissingui, président de l’ONG locale Struggle to economise future environnement (Sefe).
En plus de cette « liberté » de destruction de la forêt tropicale, la nouvelle concession va encore créer de vifs conflits entre les populations riveraines et Sgsoc. Ceci, du fait de la pénurie foncière. « La démarcation des limites des villages qui est un exercice indispensable dans la détermination des superficies de terres disponibles dans les villages n’a pas eu lieu et demeure  une demande des communautés dans la plupart des villages », explique Jaff Napoléon Bamendjo, Coordonnateur du Reseau de lutte contre la faim. En tout, à  Mundemba, Nguti…, les responsables traditionnelles, ont confié que plusieurs des plantations de leurs habitants ont été cédées à l’entreprise américaine. Elite de Mundemba, Okpa Wa Namolongo, joint au téléphone, annonce déjà des manifestations pour dénoncer cette situation. « Nous n’avons jamais été consultés pour quoi que ce soit, et du jour au lendemain on vient nous affamer », s’indigne-t-il.
Ce dernier, précise que ce sont des centaines de plantations individuelles de palmiers à huile, de cacao… et de maisons, qui vont être détruites par la multinationale. Du côté de Herakles Farms, l’on ne souhaite faire aucun commentaire « pour l’instant » sur les éventuels problèmes que vont poser leur nouvelle concession. Franklin Bayern, responsable de la communication à Herakles Farms, indique que « l’entreprise est en congé et notre réaction ne sera donné qu’à la reprise ». Sans suite.
Christelle Kouétcha


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