La Banque mondiale et la Coopération
suisse se refusent d’endosser les conséquences sociales perpétrées dans ce
projet dont ils ont bouclé le financement.
La zone Nylon à Douala-Cameroun |
C’est à
travers des correspondances adressées aux victimes que la Banque Mondiale (BM),
la coopération suisse et le gouvernement français, dégagent formellement leurs « responsabilités » sur
les éventuels problèmes sociaux qui ont été perpétrés au cours du projet de
restructuration de la zone Nylon à Douala. Directeur des opérations pour le
Cameroun et l’Afrique à la BM, Ali Khadr, s’adressant aux victimes dans une
lettre datée du 27 Août 2006, signifie clairement que la Banque Mondiale
ne « peut exercer aucune responsabilité fiduciaire pour le projet
nylon qui a été fermé en juin 1988 au niveau de notre institution », précise
ce cadre. D’ailleurs, Le reporter a appris dans la lettre que le bailleur de
fonds du projet de Nylon a « constamment demandé aux autorités
compétentes camerounaises de traiter les questions de la réinstallation de la
zone nylon ». Mais, jusqu’à ce jour, rien n’a été fait. Ce « silence » du
gouvernement, a d’ailleurs conditionné la Banque mondiale à annuler le
financement du prolongement du projet d’aménagement qui devait être engagé
après celui de Nylon, apprend-on dans ladite correspondance.
La lettre
de la Banque mondiale avait été mise en ampliation au ministre de l’Urbanisme
et de l’habitat en poste cette année-là. Clobert Tchatat, n’avait jamais
répondu ni à la banque mondiale, ni aux victimes de l’expulsion forcée,
apprend-on
Après la BM,
la coopération suisse, dans une lettre adressée aux déguerpis le 27 Août 2007,
a « déploré les déboires des familles déguerpies ».
Walter Fust, alors directeur du Développement et de la coopération dans cette
institution, précise que « la Suisse a pleinement respecté ses
engagements. Et les manquements dans les engagements pris par la partie
camerounaise lui incombe exclusivement », indique-t-il.
D’après
Micheline Calmy Rey, conseillère fédérale de la coopération suisse en 2009,
l’appui de la Suisse a été réalisé à partir de la conversion de deux prêts
consentis par la Suisse au gouvernement du Cameroun, en une contribution non
remboursable. L’engagement de cette contribution était conditionné par « la
réalisation d’actions communautaires, destinées à accompagner les mesures
d’assainissement prévues », avait relevé la conseillère fédérale,
non sans préciser que du côté de la Suisse le dossier du projet de Nylon a été
définitivement clos en 2001. Et, « la suisse n’a plus de
possibilité d’intervenir dans le dossier ».
Le reporter
a appris que la clôture de ce dossier par la Suisse s’était accompagnée d’un
fonds de réinvestissement mis entièrement sous la responsabilité du
gouvernement camerounais. Le montant des fonds n’a pas été communiqué par Les
autorités suisses. Rien n’a filtré non plus sur la manière dont le gouvernement
a pu utiliser ce financement. Toutefois, les victimes ont été « déçues » de
savoir que ni la BM, ni la coopération suisse « n’ont répondu
favorablement à notre demande », regrette Vincent de Paul Fotso,
membre de Prosofor. Il confie que les victimes envisagent de porter plainte
contre le gouvernement camerounais. Mais, « les avocats nous
demandent près de 21 millions de FCFA pour ouvrir le dossier »,
révèle-t-il. En attendant, la BM s’était tout de même engagée à « continuer
à soulever la question avec les autorités ». Mais, pas de suite
jusqu’à présent…
Christelle
Kouétcha
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