5 mai 2014

Aménagement de la zone Nylon: Les bailleurs de fonds mettent le gouvernement dos au mur

La Banque mondiale et la Coopération suisse se refusent d’endosser les conséquences sociales perpétrées dans ce projet dont ils ont bouclé le financement.
La zone Nylon à Douala-Cameroun
C’est à travers des correspondances adressées aux victimes que la Banque Mondiale (BM), la coopération suisse et le gouvernement français, dégagent formellement leurs « responsabilités » sur les éventuels problèmes sociaux qui ont été perpétrés au cours du projet de restructuration de la zone Nylon à Douala. Directeur des opérations pour le Cameroun et l’Afrique à la BM, Ali Khadr, s’adressant aux victimes dans une lettre datée du 27 Août 2006, signifie clairement que la Banque Mondiale ne « peut exercer aucune responsabilité fiduciaire pour le projet nylon qui a été fermé en juin 1988 au niveau de notre institution », précise ce cadre. D’ailleurs, Le reporter a appris dans la lettre que le bailleur de fonds du projet de Nylon a « constamment demandé aux autorités compétentes camerounaises de traiter les questions de la réinstallation de la zone nylon ». Mais, jusqu’à ce jour, rien n’a été fait. Ce « silence » du gouvernement, a d’ailleurs conditionné la Banque mondiale à annuler le financement du prolongement du projet d’aménagement qui devait être engagé après celui de Nylon, apprend-on dans ladite correspondance.
La lettre de la Banque mondiale avait été mise en ampliation au ministre de l’Urbanisme et de l’habitat en poste cette année-là. Clobert Tchatat, n’avait jamais répondu ni à la banque mondiale, ni aux victimes de l’expulsion forcée, apprend-on
Après la BM, la coopération suisse, dans une lettre adressée aux déguerpis le 27 Août 2007, a « déploré les déboires des familles déguerpies ». Walter Fust, alors directeur du Développement et de la coopération dans cette institution, précise que « la Suisse a pleinement respecté ses engagements. Et les manquements dans les engagements pris par la partie camerounaise lui incombe exclusivement », indique-t-il.
D’après Micheline Calmy Rey, conseillère fédérale de la coopération suisse en 2009, l’appui de la Suisse a été réalisé à partir de la conversion de deux prêts consentis par la Suisse au gouvernement du Cameroun, en une contribution non remboursable. L’engagement de cette contribution était conditionné par « la réalisation d’actions communautaires, destinées à accompagner les mesures d’assainissement prévues », avait relevé la conseillère fédérale, non sans préciser que du côté de la Suisse le dossier du projet de Nylon a été définitivement clos en 2001. Et, « la suisse n’a plus de possibilité d’intervenir dans le dossier ».
Le reporter a appris que la clôture de ce dossier par la Suisse s’était accompagnée d’un fonds de réinvestissement mis entièrement sous la responsabilité du gouvernement camerounais. Le montant des fonds n’a pas été communiqué par Les autorités suisses. Rien n’a filtré non plus sur la manière dont le gouvernement a pu utiliser ce financement. Toutefois, les victimes ont été « déçues » de savoir que ni la BM, ni la coopération suisse « n’ont répondu favorablement à notre demande », regrette Vincent de Paul Fotso, membre de Prosofor. Il confie que les victimes envisagent de porter plainte contre le gouvernement camerounais. Mais, « les avocats nous demandent près de 21 millions de FCFA pour ouvrir le dossier », révèle-t-il. En attendant, la BM s’était tout de même engagée à « continuer à soulever la question avec les autorités ». Mais, pas de suite jusqu’à présent…
Christelle Kouétcha


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