5 mai 2014

Aménagement de la zone Nylon : Black-out à la Maetur sur les indemnisations

L'établissement n’a toujours pas reversé aux déguerpis de la zone nylon leurs frais de compensation. S’abstenant aussi de répondre aux questions du reporter.

Zone Nylon à  Douala-Cameroun
Elles sont plus de 502 familles qui sont toujours dans l’attente des indemnisations promises par l’Etat, depuis près de 30 ans. Leurs domiciles ou commerces avaient été détruits dans le projet d’aménagement de la zone de Nylon. L’organisation dénommée Promotion sociale et formation de l’enfance en difficulté (Prosofor), qui défend leurs droits, affirme que le gouvernement par le biais de la Maetur avait promis aux victimes « une redistribution gratuite des lots dans la zone de Ndogpassi III qui devait servir de recasement aux populations déguerpies de Nylon. A défaut, les bâtisses qui devaient être rénovées dans la zone de déguerpissement devaient être mises à la disposition des victimes », explique Jean Vincent Fotso, une des victimes.
Mais, le reporter a appris auprès des victimes que la Maetur avait exigé à chaque déguerpi de payer 4 500 FCFA à 10 000 FCFA le m2 pour avoir accès à un lot dans la zone de recasement. Une somme jugée « insignifiante » par les déguerpis. La plupart étant « issus des familles démunies », précise la Prosofor. Quelques victimes qui s’étaient engagées à verser une avance de la somme exigée, ont confié n’être jamais entrées en possession de leur terrain. « J’avais avancé 600 000 FCFA sur les 1,5 million qu’on me demandait. Ils m’ont donné un délai de trois mois pour terminer. Et quand, je suis revenu, la Maetur m’a fait comprendre  qu’il avait eu une meilleure offre », relate Adolphe Mbiamou, un des déguerpis. Il confie en plus que cette avance ne lui a jamais pas été restituée.
Le Crédit foncier du Cameroun (CFC), qui s’était engagé à mettre à la disposition des victimes un prêt acquéreur de 450 millions de FCFA, « n’avait pas honoré ses engagements ; car les prétendants n’étaient pas crédibles », soutient une source interne au CFC à Yaoundé. Ce prêt devait permettre aux déguerpis de construire des maisons sur le terrain aménagé, au lieu de percevoir l’indemnisation. D’après les victimes, plusieurs personnes n’avaient pas pris cette option du CFC. Car cet établissement n’accordait que 4 mois pour rembourser le prêt, sous peine de déchéance. Résultat des courses : aujourd’hui, sur le site de recasement, moins de 2% des déguerpis ont pu s’installer, apprend-on au Prosofor.
Non recasés par la Maetur, les victimes continuent de réclamer leurs indemnisations non perçue depuis maintenant 30 ans. Dans un décret du président de la République daté du 08 décembre 1987, Paul Biya porte à la connaissance des victimes qu’elles vont bénéficier d’indemnisations. Celles-ci étaient fixées à 1,4 million de FCFA pour chaque famille. Dans une correspondance du ministre des domaines et des affaires foncières adressée aux victimes en janvier 2011, le ministre Jean-Baptiste Beléoken, reconnait qu’une somme a été débloquée pour dédommager les victimes. Mais, il renvoie ces derniers au ministère des Finances (Minfi) et au CFC.
Directeur régional du CFC pour le Littoral, Onana Jozima soutient d’ailleurs que l’argent des indemnisations débloqué par le CFC avait été remis à la Maetur. « Nous étions juste l’agent payeur dans ce dossier. Et c’est la Maetur qui devait effectuer les paiements », précise-t-il. Toutefois, ce dernier ne donne pas le montant exact destiné à l’opération, prétextant que « les bases de données ne sont plus disponibles ». Saisi par correspondance pour comprendre le processus d’indemnisation des déguerpis, le directeur général de la Maetur, Louis Roger Manga n’a pas répondu. Le reporter a néanmoins appris qu’à l’époque des faits, ce dernier était le chef de la division de gestion des lotissements à l’Agence de restructuration et d’aménagement de Nylon (ARAN), structure alors mise en place par la Maetur pour piloter le projet.
Christelle Kouétcha



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