L'établissement
n’a toujours pas reversé aux déguerpis de la zone nylon leurs frais de
compensation. S’abstenant aussi de répondre aux questions du reporter.
Zone Nylon à Douala-Cameroun |
Elles sont
plus de 502 familles qui sont toujours dans l’attente des indemnisations
promises par l’Etat, depuis près de 30 ans. Leurs domiciles ou commerces
avaient été détruits dans le projet d’aménagement de la zone de Nylon.
L’organisation dénommée Promotion sociale et formation de l’enfance en
difficulté (Prosofor), qui défend leurs droits, affirme que le gouvernement par
le biais de la Maetur avait promis aux victimes « une redistribution
gratuite des lots dans la zone de Ndogpassi III qui devait servir de recasement
aux populations déguerpies de Nylon. A défaut, les bâtisses qui devaient être
rénovées dans la zone de déguerpissement devaient être mises à la disposition
des victimes », explique Jean Vincent Fotso, une des victimes.
Mais, le reporter a
appris auprès des victimes que la Maetur avait exigé à chaque déguerpi de payer
4 500 FCFA à 10 000 FCFA le m2 pour avoir accès à un lot dans
la zone de recasement. Une somme jugée « insignifiante » par
les déguerpis. La plupart étant « issus des familles
démunies », précise la Prosofor. Quelques victimes qui s’étaient
engagées à verser une avance de la somme exigée, ont confié n’être jamais
entrées en possession de leur terrain. « J’avais avancé 600 000 FCFA
sur les 1,5 million qu’on me demandait. Ils m’ont donné un délai de trois mois
pour terminer. Et quand, je suis revenu, la Maetur m’a fait comprendre
qu’il avait eu une meilleure offre », relate Adolphe Mbiamou, un des
déguerpis. Il confie en plus que cette avance ne lui a jamais pas été
restituée.
Le Crédit
foncier du Cameroun (CFC), qui s’était engagé à mettre à la disposition des
victimes un prêt acquéreur de 450 millions de FCFA, « n’avait pas
honoré ses engagements ; car les prétendants n’étaient pas
crédibles », soutient une source interne au CFC à Yaoundé. Ce prêt
devait permettre aux déguerpis de construire des maisons sur le terrain
aménagé, au lieu de percevoir l’indemnisation. D’après les victimes, plusieurs
personnes n’avaient pas pris cette option du CFC. Car cet établissement
n’accordait que 4 mois pour rembourser le prêt, sous peine de déchéance.
Résultat des courses : aujourd’hui, sur le site de recasement, moins de 2%
des déguerpis ont pu s’installer, apprend-on au Prosofor.
Non recasés
par la Maetur, les victimes continuent de réclamer leurs indemnisations non
perçue depuis maintenant 30 ans. Dans un décret du président de la République
daté du 08 décembre 1987, Paul Biya porte à la connaissance des victimes
qu’elles vont bénéficier d’indemnisations. Celles-ci étaient fixées à 1,4
million de FCFA pour chaque famille. Dans une correspondance du ministre des
domaines et des affaires foncières adressée aux victimes en janvier 2011, le
ministre Jean-Baptiste Beléoken, reconnait qu’une somme a été débloquée pour
dédommager les victimes. Mais, il renvoie ces derniers au ministère des
Finances (Minfi) et au CFC.
Directeur
régional du CFC pour le Littoral, Onana Jozima soutient d’ailleurs que l’argent
des indemnisations débloqué par le CFC avait été remis à la Maetur. « Nous
étions juste l’agent payeur dans ce dossier. Et c’est la Maetur qui devait
effectuer les paiements », précise-t-il. Toutefois, ce dernier ne
donne pas le montant exact destiné à l’opération, prétextant que « les
bases de données ne sont plus disponibles ». Saisi par correspondance
pour comprendre le processus d’indemnisation des déguerpis, le directeur
général de la Maetur, Louis Roger Manga n’a pas répondu. Le reporter a
néanmoins appris qu’à l’époque des faits, ce dernier était le chef de la
division de gestion des lotissements à l’Agence de restructuration et
d’aménagement de Nylon (ARAN), structure alors mise en place par la Maetur pour
piloter le projet.
Christelle
Kouétcha
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