10 nov. 2014

Non-interchangeabilité des FCFA : Les transactions commerciales entravées

Les opérateurs économiques de la zone Franc ont du mal à faire circuler les fonds et le marché de changes informel ne cesse de se développer.  
La non-interchangeabilité des FCFA handicape les transactions commerciales
La non-interchangeabilité du FCFA constitue « une incongruité », comme le soutiennent certains analystes et observateurs. Et, depuis lors ce sont les échanges commerciaux entre les deux régions qui en pâtissent. Directeur général de la société Paness, Dieudonné Tietse, explique que la difficulté de changer le FCFA de l’Afrique de l’ouest et celui de l’Afrique centrale, limite « considérablement » la circulation des fonds. Et pour cet opérateur économique le fait que les deux FCFA ne soient pas interchangeables, les opérateurs économiques ont du mal à créer des partenariats avec leurs homologues. Car, « nous avons encore des obstacles liés aux changes, au droits de transfert et la limitation des montants à circuler. Pourtant, pour qu’une économie s’intègre et marche correctement, il faut que les biens, les personnes et l’argent circulent normalement »,  relève l’homme d’affaires.
D’ailleurs, comme le soutenait l’ancien fonctionnaire de la Banque africaine de développement (BAD), Sanou Mbaye, la non-harmonisation entre les FCFA représente un sérieux obstacle dans les « transactions substantielles » entre les deux zones. Il s’exprimait dans les colonnes du journal panafricain, Jeune Afrique. Ainsi, les échanges commerciaux quasi-nuls entre les deux régions, sont davantage découragés. Car, « les deux communautés où elles ont cours sont économiquement différentes et se comportent exactement comme si elles avaient des échanges avec des monnaies différentes », analyse Dieudonné Essomba, économiste.  De plus, cette situation constitue selon les experts en question monétaire et les analystes, un alibi pour  justifier le doute et le discrédit portés à l’existence même de la zone Franc comme zone monétaire optimale. « Une zone monétaire optimale signifie, entre autres choses, un taux de change fixe à l’intérieur de la zone et un taux de change flexible à l’extérieur. Or si les deux FCFA ne sont pas convertibles entre eux, alors il n’y a plus de zone Franc au sens fondamental du terme mais de la routine fonctionnelle historiquement installée », explique Alain Mvondo, économiste.
Par conséquent, les Etats ou d'autres entités par exemple des régions ou des multinationales ne vont pas utiliser le FCFA comme monnaie dans laquelle ils vont, soit adosser leur dette, soit leur demandes d'emprunts. Pourtant cela constitue des caractéristiques d'une monnaie internationale. Ainsi, « Cette monnaie (FCFA) ne peut donc pas devenir une monnaie internationale car il ne peut par exemple pas servir de monnaie de libellé d’émission de titres obligataires ou de bons à court terme émis par des Etats ou des entités tierces », analyse le macro-économiste, Thierry Amougou. Bien plus, à cause de cette non-interchangeabilité l’on assiste au développement d’un vaste marché informel des changes. Ce marché compense ainsi le vide institutionnel laissé par une zone Franc qui ne remplit plus son rôle de zone monétaire optimale. Dans plusieurs banques aujourd’hui, les responsables estiment que le change des FCFA est d’ailleurs « sans intérêt ». Et, pour les quelques unes qui offrent encore ce service, la commission retenue est pareille avec celle perçue avec l’Euro et tourne autour de 2,5%. Par ailleurs, soulignent des économistes, sans collaboration monétaire, les deux instituts d’émission (BEAC et Bceao) renoncent à mettre en commun leur force pour répondre en bloc aux effets néfastes des crises monétaires, financières et économiques.
Christelle Kouétcha




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