13 mai 2014

Riz: La production locale peine à se vendre

Le gouvernement est engagé dans un processus d’amélioration de la consommation du riz « made in cameroon » mais les importations vont grandissantes.
Le constat est fait, le riz camerounais, ne se consomme pas assez. Et, pour changer la donne le gouvernement camerounais, en collaboration avec la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture (Semry) et la Société de développement de la haute vallée du Noun (Undva), s’est engagé dans une vaste campagne de vente promotionnelle du riz camerounais. L’objectif étant « d’informer les camerounais est désormais disponible sur le marché local. Et, comme l’explique le directeur général de Semry, Marc Samatana, cette campagne de vente qui s’organise au niveau de l’esplanade du ministère du Commerce, a comme enjeu servir de boussole pour déterminer le niveau de pénétration du riz made in cameroon. Ceci, devrait par la suite aider les sociétés de production de riz dans leur programme de restructuration et d’expansion de surface engagés depuis peu. 
Deux mois déjà que la campagne dure, et les ventes ne se limitent qu’à Yaoundé. A Douala, le délégué du commerce pour le Littoral, Simon Omgba Belinga, joint au téléphone confie que la caravane va « dans les jours à venir » rejoindre la capitale économique, Douala. Les autres régions sont également dans l’attente de cette vente promotionnelle. Même si, à Yaoundé la campagne ne touche pas encore les marchés. Un tour dans les marchés Mokolo, Mvog-bi, et autres, aucune variété de ce riz camerounais n’est encore sur les étals. Le Dg Semry, rencontré par des confrères du quotidien camerounais, Le quotidien de l’Economie, confie dans un entretien que dans les tous prochains jours, sa structure et l’Unvda, envisagent signer des partenariats avec des grands distributeurs de riz, comme la Société alimentaire du Cameroun (Soacam). Ceci, dans l’espoir de toucher de plus belle les consommateurs camerounais.
N’empêche, l’offensive de la production de riz camerounais est bien timide. Car, la production actuelle ne satisfait que les 20% de la demande nationale, selon les statistiques relevées au ministère du Commerce (Mincommerce). La Semry qui gère la production locale, en génère seulement 80 000 tonnes par an, soit moins de 1/5e de la demande nationale qui est estimée à 500 000 tonnes. En 2010 et en 2011, cette  structure avait bénéficié des apports financiers de l’ordre de 7 milliards de FCFA. L’enveloppe était partagée avec l’entreprise l’Upper Wun valley development authority (Undva). Mais, les résultats en termes de production quant-à-eux sont restés mitigés. D’ailleurs en 2010, la production nationale se situait à seulement 120 000 tonnes. Et, d’après les statistiques relevées sur le site internet du ministère de l’agriculture et du développement rural (Minader), l’Undva n’avait contribué qu’à 20 000 tonnes de riz paddy sur l’année. 
Et, sur les 240 000 ha de terrain dont dispose le Cameroun pour la culture du riz, environ 10% sont actuellement mis en valeur par les riziculteurs, a-t-on appris auprès de Julbert Konango le délégué régional de la Chambre d’agriculture des pêches, de l’élevage et des forêts pour la région du Littoral (Capef/LT). Le mauvais aménagement des zones de production, est l’une des raisons de cette faible occupation de l’espace cultivable. Néanmoins, en dehors des régions comme le Nord, l’Extrême Nord, le Nord-Ouest et l’Ouest, où la culture du riz est d’antan, d’autres régions se sont mises  à cultiver cette céréale.  Il s’agit notamment du Littoral, de l’Est,  du Sud. Mais aussi, des localités de Santchou (Ouest), Makénéné et Nanga-Eboko dans le Centre, Ndop (Nord ouest) et dans les environs de Yaoundé.  Dans la région de l’Extrême-Nord où sont produits environ les 2/3 du riz « made in Cameroon »,  on estime à 180 000 le nombre de personnes vivant directement des activités rizicoles.
L’insuffisance de la production locale, contraint donc le Cameroun à se rabattre vers l’importation. Ceci,  pour couvrir les besoins évalués cette année à plus de 500 000 tonnes, avait indiqué récemment le ministre de l’agriculture et du développement rural (Minader) du Cameroun, Lazare Essimi Menye. La production locale oscillant entre 150 000 et 175 000 tonnes, semble donc bien loin du compte. Et ce ne sont pas les variétés et les marques étrangères qui manquent sur les étals dans les marchés du Cameroun. Neima, Better, Nelisa, Dindon, Jasmin, Cheval blanc, l'Ascot 5%, l’Ascot 18%, l'Usa, pour le riz blanc…, la liste est exhaustive. Et, la concurrence avec le riz made in Cameroun, cultivée à Ndop dans la province du Nord-Ouest, ou celui de Tonga, produit à l'Ouest, est rude. Car, impossible de trouver ce riz produit localement sur le marché. Parmi les pays d’importation, la Chine est de loin le plus grand pourvoyeur du Cameroun en riz importé. Président de l’association citoyenne pour la défense des intérêts collectifs (Acdic), Bernard Njonga, confie que 87% du riz importé vient de la Chine. En 2006, on estimait à près 1075 tonnes la quantité de riz en provenance de ce pays, pour une valeur de 150 milliards de FCFA, apprend-on de l’Acdic. Toutefois, on distingue aussi du riz importé de Thaïlande, du Vietnam, de l’Indonésie. Et, il y a quelques semaines, le prix de riz importé a connu une hausse vertigineuse sur les marchés. Les ménagères sont contraintes de débourser 600 FCFA pour un kilogramme de riz, contre 500 FCFA il y a un mois. Le sac de 50 Kg du riz de marque Neima, est passé de 17 500 FCA à pratiquement 22 000 FCFA. Alors que le prix du riz importé augmente, celui du riz local « n’est pas à la portée de toutes les bourses », soutient un riziculteur dans le village de Ndop. Un kilogramme de riz produit à Ndop par exemple coûte environ 800 FCFA, contre 600 FCFA pour le riz importé de Chine, de Thaïlande…

Christelle Kouétcha 

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