Le
gouvernement est engagé dans un processus d’amélioration de la consommation du
riz « made in cameroon » mais les importations vont grandissantes.
Le constat est fait, le riz camerounais, ne se consomme pas assez. Et,
pour changer la donne le gouvernement camerounais, en collaboration avec la
Société d’expansion et de modernisation de la riziculture (Semry) et la Société
de développement de la haute vallée du Noun (Undva), s’est engagé dans une
vaste campagne de vente promotionnelle du riz camerounais. L’objectif étant
« d’informer les camerounais est désormais disponible sur le marché local.
Et, comme l’explique le directeur général de Semry, Marc Samatana, cette
campagne de vente qui s’organise au niveau de l’esplanade du ministère du
Commerce, a comme enjeu servir de boussole pour déterminer le niveau de
pénétration du riz made in cameroon. Ceci, devrait par la suite aider les
sociétés de production de riz dans leur programme de restructuration et
d’expansion de surface engagés depuis peu.
Deux mois déjà que la campagne dure, et les ventes ne se limitent qu’à
Yaoundé. A Douala, le délégué du commerce pour le Littoral, Simon Omgba
Belinga, joint au téléphone confie que la caravane va « dans les jours à
venir » rejoindre la capitale économique, Douala. Les autres régions sont
également dans l’attente de cette vente promotionnelle. Même si, à Yaoundé la
campagne ne touche pas encore les marchés. Un tour dans les marchés Mokolo,
Mvog-bi, et autres, aucune variété de ce riz camerounais n’est encore sur les
étals. Le Dg Semry, rencontré par des confrères du quotidien camerounais, Le
quotidien de l’Economie, confie dans un entretien que dans les tous prochains
jours, sa structure et l’Unvda, envisagent signer des partenariats avec des
grands distributeurs de riz, comme la Société alimentaire du Cameroun (Soacam).
Ceci, dans l’espoir de toucher de plus belle les consommateurs camerounais.
N’empêche, l’offensive de la production de riz camerounais est bien
timide. Car, la production actuelle ne satisfait que les 20% de la demande
nationale, selon les statistiques relevées au ministère du Commerce
(Mincommerce). La Semry qui gère la production locale, en génère seulement 80
000 tonnes par an, soit moins de 1/5e de la demande nationale qui est estimée à
500 000 tonnes. En 2010 et en 2011, cette
structure avait bénéficié des apports financiers de l’ordre de 7
milliards de FCFA. L’enveloppe était partagée avec l’entreprise l’Upper Wun
valley development authority (Undva). Mais, les résultats en termes de
production quant-à-eux sont restés mitigés. D’ailleurs en 2010, la production
nationale se situait à seulement 120 000 tonnes. Et, d’après les statistiques
relevées sur le site internet du ministère de l’agriculture et du développement
rural (Minader), l’Undva n’avait contribué qu’à 20 000 tonnes de riz paddy sur
l’année.
Et, sur les 240 000 ha de terrain dont dispose le Cameroun pour la
culture du riz, environ 10% sont actuellement mis en valeur par les
riziculteurs, a-t-on appris auprès de Julbert Konango le délégué régional de la
Chambre d’agriculture des pêches, de l’élevage et des forêts pour la région du
Littoral (Capef/LT). Le mauvais aménagement des zones de production, est l’une
des raisons de cette faible occupation de l’espace cultivable. Néanmoins, en
dehors des régions comme le Nord, l’Extrême Nord, le Nord-Ouest et l’Ouest, où
la culture du riz est d’antan, d’autres régions se sont mises à cultiver cette céréale. Il s’agit notamment du Littoral, de
l’Est, du Sud. Mais aussi, des localités
de Santchou (Ouest), Makénéné et Nanga-Eboko dans le Centre, Ndop (Nord ouest)
et dans les environs de Yaoundé. Dans la
région de l’Extrême-Nord où sont produits environ les 2/3 du riz « made in
Cameroon », on estime à 180 000 le
nombre de personnes vivant directement des activités rizicoles.
L’insuffisance de la production locale, contraint donc le Cameroun à se
rabattre vers l’importation. Ceci, pour
couvrir les besoins évalués cette année à plus de 500 000 tonnes, avait indiqué
récemment le ministre de l’agriculture et du développement rural (Minader) du
Cameroun, Lazare Essimi Menye. La production locale oscillant entre 150 000 et
175 000 tonnes, semble donc bien loin du compte. Et ce ne sont pas les variétés
et les marques étrangères qui manquent sur les étals dans les marchés du
Cameroun. Neima, Better, Nelisa, Dindon, Jasmin, Cheval blanc, l'Ascot 5%,
l’Ascot 18%, l'Usa, pour le riz blanc…, la liste est exhaustive. Et, la
concurrence avec le riz made in Cameroun, cultivée à Ndop dans la province du
Nord-Ouest, ou celui de Tonga, produit à l'Ouest, est rude. Car, impossible de
trouver ce riz produit localement sur le marché. Parmi les pays d’importation,
la Chine est de loin le plus grand pourvoyeur du Cameroun en riz importé.
Président de l’association citoyenne pour la défense des intérêts collectifs
(Acdic), Bernard Njonga, confie que 87% du riz importé vient de la Chine. En
2006, on estimait à près 1075 tonnes la quantité de riz en provenance de ce
pays, pour une valeur de 150 milliards de FCFA, apprend-on de l’Acdic.
Toutefois, on distingue aussi du riz importé de Thaïlande, du Vietnam, de
l’Indonésie. Et, il y a quelques semaines, le prix
de riz importé a connu une hausse vertigineuse sur les marchés. Les
ménagères sont contraintes de débourser 600 FCFA pour un kilogramme
de riz, contre 500 FCFA il y a un mois. Le sac de 50 Kg
du riz de marque Neima, est passé de 17 500 FCA à pratiquement
22 000 FCFA. Alors que le prix du riz importé augmente, celui
du riz local « n’est pas à la portée de toutes les
bourses », soutient un riziculteur dans le village de Ndop. Un
kilogramme de riz produit à Ndop par exemple coûte environ 800 FCFA,
contre 600 FCFA pour le riz importé de Chine, de Thaïlande…
Christelle
Kouétcha
0 commentaires :
Enregistrer un commentaire