13 mai 2014

Industrialisation : Les inventions camerounaises pas toujours valorisées

Les investisseurs et entreprises ont encore du mal à s’approprier ces technologies fabriquées localement.
Une couveuse à charbon attendant industrialisation
C’est un fait. Les inventions camerounaises déclarées, ne font toujours pas courir les industriels. Au ministère des Mines de l’industrie et du développement technologique, l’on a appris que jusqu’à ce jour, aucune invention n’a déjà été sollicité par les entreprises au Cameroun. Ces œuvres ne se limitent qu’à l’égaiement des autorités camerounaises, des investisseurs nationaux, au cours des forums. Pourtant, une bonne partie de ces idées touchent le quotidien des consommateurs « nous creusons nos méninges pour apporter des solutions techniques aux problèmes techniques, mais nos œuvres meurent sans être valorisées », s’indigne Léolein Wado, inventeur d’une éplucheuse de pommes.
Le faible niveau d’appropriation de ces œuvres « made in Cameroun », s’explique entre autre par la faible promotion et sensibilisation préalable des industriels par le gouvernement. Ingénieur, Joël Ngognang, relève qu’ « il est important que le gouvernement encadre les inventions. Ceci, en mettant en place des moyens pour s’assurer que effectivement les trouvailles des inventeurs sont valables et que les investisseurs peuvent s’y intéresser », précise l’expert. Ce dernier, fait observer que la plupart des inventions camerounaises ne sont même pas encore à la phase de prototype. Et ceux qui l’ont atteint, attendent désespérément de passer du simple prototype à des produits industriels.
Quelques uns avec leur fonds propre réussissent à prospecter des entreprises étrangères pour la réalisation des prototypes finis. Mais le coût est souvent « exorbitants », pour être supporté par l’inventeur indépendant. C’est le cas de Colbert Tchakounté, l’inventeur du Tchak’s TV Guard, un équipement qui permet de protéger les appareils de la foudre. Il confie que les entreprises chinoises, lui ont demandé près de 90 millions de FCFA, pour la réalisation de son prototype. « Je ne sais pas où je vais prendre cet argent. J’ai déposé mon dossier dans les ministères en charge de la recherche. Mais, je n’ai pas encore eu un seul retour. Même pour le financement de mon voyage pour la recherche des entreprises qui pouvaient m’aider dans la réalisation du prototype je n’ai eu aucun soutien des autorités », révèle-t-il.
C’est d’ailleurs, ce manque de suivi et d’accompagnement par les ministères en charge de la recherche, qui est déploré par le directeur de l’Ecole normale de l’enseignement technique. Prof. Claude Bekolo, estime que si ces ministères mettent en place un programme de suivi et évaluation des inventions, quelques unes pourraient être industrialisées. Et, y aura une véritable promotion des inventions. Bien que l’industrialisation piétine aussi par le faible goût du risque des industriels et entreprises camerounaises. « Industrialiser une œuvre, est un risque qui ne garanti toujours pas le retour sur investissement. En plus, au Cameroun les investisseurs sont plus tournés vers du commercial », fait observer Daniel Minlongue, cadre au Minimidt.
Pourtant, ce sont ces mêmes industriels qui affichent une forte dépendance dans l'acquisition à grand coût de la technologie étrangère. Bien plus, les inventions camerounaises, ne se limitent qu’au simple brevet car « elles ne concernent pas très souvent les domaines fortement demandés et ne sont pas assez bonnes pour être commercialisable », analyse Professeur Claude Bekolo. N’empêche, les inventions de bonne qualité n’incitent toujours pas les industriels nationaux à développer des partenariats avec les inventeurs. Ce qui contraint plus d’un à aller développer leurs recherches à l’étranger, au grand dam de l’économie camerounaise. C’est le cas par exemple, de Gino F. Nguegang, inventeur du flying cleaning and painting Robot, qui a préféré se tourner vers les Etats-Unis, pour faire vendre son robot volant qui peut peindre les murs et plafonds des bâtiments très élevés et aussi nettoyer les vitres extérieurs des gratte ciels. D’autres inventeurs par contre peinent à sortir du cadre artisanal.

Christelle Kouétcha

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