Les investisseurs et entreprises ont encore du mal à s’approprier ces
technologies fabriquées localement.
Une couveuse à charbon attendant industrialisation |
C’est un fait. Les inventions camerounaises déclarées, ne font toujours pas
courir les industriels. Au ministère des Mines de l’industrie et du
développement technologique, l’on a appris que jusqu’à ce jour, aucune
invention n’a déjà été sollicité par les entreprises au Cameroun. Ces œuvres ne
se limitent qu’à l’égaiement des autorités camerounaises, des investisseurs
nationaux, au cours des forums. Pourtant, une bonne partie de ces idées
touchent le quotidien des consommateurs « nous creusons nos méninges
pour apporter des solutions techniques aux problèmes techniques, mais nos
œuvres meurent sans être valorisées », s’indigne Léolein Wado,
inventeur d’une éplucheuse de pommes.
Le faible niveau d’appropriation de ces œuvres « made in
Cameroun », s’explique entre autre par la faible promotion et
sensibilisation préalable des industriels par le gouvernement. Ingénieur, Joël
Ngognang, relève qu’ « il est important que le gouvernement
encadre les inventions. Ceci, en mettant en place des moyens pour s’assurer que
effectivement les trouvailles des inventeurs sont valables et que les
investisseurs peuvent s’y intéresser », précise l’expert. Ce dernier,
fait observer que la plupart des inventions camerounaises ne sont même pas
encore à la phase de prototype. Et ceux qui l’ont atteint, attendent
désespérément de passer du simple prototype à des produits industriels.
Quelques uns avec leur fonds propre réussissent à prospecter des
entreprises étrangères pour la réalisation des prototypes finis. Mais le coût
est souvent « exorbitants », pour être supporté par l’inventeur
indépendant. C’est le cas de Colbert Tchakounté, l’inventeur du Tchak’s TV
Guard, un équipement qui permet de protéger les appareils de la foudre. Il
confie que les entreprises chinoises, lui ont demandé près de 90 millions de
FCFA, pour la réalisation de son prototype. « Je ne sais pas où je vais
prendre cet argent. J’ai déposé mon dossier dans les ministères en charge de la
recherche. Mais, je n’ai pas encore eu un seul retour. Même pour le financement
de mon voyage pour la recherche des entreprises qui pouvaient m’aider dans la
réalisation du prototype je n’ai eu aucun soutien des autorités »,
révèle-t-il.
C’est d’ailleurs, ce manque de suivi et d’accompagnement par les ministères
en charge de la recherche, qui est déploré par le directeur de l’Ecole normale
de l’enseignement technique. Prof. Claude Bekolo, estime que si ces ministères
mettent en place un programme de suivi et évaluation des inventions, quelques
unes pourraient être industrialisées. Et, y aura une véritable promotion des
inventions. Bien que l’industrialisation piétine aussi par le faible goût du
risque des industriels et entreprises camerounaises. « Industrialiser
une œuvre, est un risque qui ne garanti toujours pas le retour sur
investissement. En plus, au Cameroun les investisseurs sont plus tournés vers
du commercial », fait observer Daniel Minlongue, cadre au Minimidt.
Pourtant, ce sont ces mêmes industriels qui affichent une forte dépendance
dans l'acquisition à grand coût de la technologie étrangère. Bien plus, les
inventions camerounaises, ne se limitent qu’au simple brevet car « elles
ne concernent pas très souvent les domaines fortement demandés et ne sont pas
assez bonnes pour être commercialisable », analyse Professeur Claude
Bekolo. N’empêche, les inventions de bonne qualité n’incitent toujours pas les
industriels nationaux à développer des partenariats avec les inventeurs. Ce qui
contraint plus d’un à aller développer leurs recherches à l’étranger, au grand
dam de l’économie camerounaise. C’est le cas par exemple, de Gino F. Nguegang,
inventeur du flying cleaning and painting Robot, qui a préféré se tourner vers
les Etats-Unis, pour faire vendre son robot volant qui peut peindre les murs et
plafonds des bâtiments très élevés et aussi nettoyer les vitres extérieurs des
gratte ciels. D’autres inventeurs par contre peinent à sortir du cadre
artisanal.
Christelle Kouétcha
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