9 avr. 2014

Le chemin de croix des enfants des zones forestières au Cameroun


Dans les villages où les exploitants forestiers passent, là où elles existent, les écoles sont de simples hangars ou des maisons en terre battus où les élèves sont souvent assis à même le sol.

L’accès à l’éducation n’est pas chose aisée dans les villages voisins des exploitations forestières dans la région de l’Est. Plusieurs parmi eux n’ont toujours pas d’établissement scolaire. Dans le campement Baka de Kanyol, les enfants sont obligés de marcher sur près de 10 Km pour se rendre à l’école primaire. Les quelques écoles en fonction sont construites pour la plupart en terre battue, en planche ou avec des feuilles. Le plus souvent c’est la présence d’un drapeau dressé dans la cour qui informe de la présence d’une école. Au Village Lopango à Yokadouma, ce sont les hangars et les vieilles maisons abandonnées qui servent de salle de classe. « Nous avons demandé que l’on construise une école dans le cadre de redevance forestière. Un jour on a été surpris que l’on vienne plutôt nous bâtir ce vieil hangar », regrette Jean Marie Bandjo, un habitant du campement.

Dans certains villages, les exploitants forestiers n’ont jamais daigné construire une école. À Dimako et à Mayos, les établissements scolaires sont l’œuvre des Ong. Les élèves, en nombre pléthorique, sont assis à même le sol, ou sont assis sept à huit par banc comme c’est le cas à l’école primaire d’Eboumetoum. Les enseignants affectés dans cette zone sont constamment absents. Ils se plaignent du mauvais état de la route et du manque de matériel didactique.

Difficultés

Élite du village Mayos et ex-conseillère municipale, Georgette Olinga confie que cette année, les élèves du campement Mayos ont fait près de deux mois sans voir leur enseignante tellement la vieille route abandonnée par la SFID était glissante après la tombée des pluies. Certains enseignants affectés dans ces zones expliquent qu’ils ne disposent pas de garantie de sécurité, ni d’équipement et de logements nécessaires pour répondre présents à leur poste.

Dans les villages éloignés du centre-ville, quelques enseignants bénévoles dispensent les cours, non sans difficultés. Plusieurs de ces écoles saisonnières ne disposent pas d’équipements et de matériels didactiques : tableaux, craies, cahiers, livres…
Au village Monmikouboung  (ce qui signifie "petit ruisseau qui garde les Baka") par exemple, les élèves utilisent un morceau de contreplaqué comme tableau. En général, les élèves d’ici ont de la peine à se présenter aux examens officiels, car ils ne sont pas à la page des enseignements. Les élèves admis dans les classes du secondaire éprouvent d’énormes difficultés à continuer les études, car près de la moitié des villages de la région de l’Est ne dispose pas de lycée ni de collège. Plusieurs sont contraints de se rendre à Yokadouma, Bertoua, Yaoundé ou Douala pour poursuivre les études. Encore qu’il faille que la famille dispose d’assez d’argent.

Christelle Kouétcha



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