9 avr. 2014

Exactions: Le WWF accusé de brimade

Les pygmées Baka accusent les employés de cette Ong internationale d’agression et d’abus de pouvoir depuis qu’ils se sont installés dans la région pour contribuer à la régulation de l’exploitation forestière.


Une des victimes
L’Ong Worldwide Fund For Nature (WWF) n’est pas la bienvenue chez les pygmées des communautés Baka (premiers autochtones de la localité) de la région de l’Est. Plusieurs communautés villageoises confient qu’elles sont victimes de plusieurs cas d’agressions et de brutalité orchestrés par des agents du WWF. Dans les villages de Monmikouboung et Lopango situés dans le voisinage de Yokadouma par exemple, les hommes et les femmes ont la chair de poule lorsque le nom de Wwf est prononcé. « Le WWF n’a pas pitié de nous. Quand ils nous trouvent dans la forêt, ils nous tapent sans pitié », révèle, Paul Bossi, élite du village Lopango.

À en croire les Baka, les agents de cette Ong n’ont aucun « scrupule » lorsqu’il s’agit de battre sur eux. Ceinturons, machette (Bala Bala), branche d’arbre, sont utilisés pour brimer le Baka. « Lorsqu’ils nous trouvent en forêt, c’est le sauve qui peu. Sinon dès que tu es arrêté, tu es ligoté comme un gibier avec des lianes ou des ficelles. D’autres te traînent au sol avant de te battre. Certains te frappent sans se soucier de toi », raconte Réné Loumo, un habitant du Village… Si le Baka est surpris avec un gibier, il est soumis à un traitement plutôt « militaire ». Les éléments du WWF le contraignent à grimper dans un arbre dont le tronc a été préalablement enduit d’huile de vidange. À la moindre glissade qui est inévitable, le Baka est frappé. « Ils nous disent que c’est une correction pour que nous ne chassions plus. Pourtant, depuis toujours, nous vivons de la chasse », constate Jean Marie Bandjo, Baka de Lopango.
Par crainte de ces brimades, les femmes aussi ne se rendent plus dans la forêt comme autrefois. « Quel héritage nous allons laisser à nos enfants. Nous ne pouvons plus entrer dans la forêt pour leur apprendre comment chasser. Ils ne peuvent plus reconnaître les traces du Nguebi ou du Sinatunga. (c’est ainsi qu’ils désignent la girafe en langue locale). La forêt c’est notre lieu sacré et de repos. Mais le WWF, le BIR, le Safari nous bloquent », regrette Richards Ndongo, l’une des victimes du WWF.

Répression

Coordonateur du WWF à Yokadouma, Louis Defo rejette en bloc les accusations des Baka. Pour lui, elles sont « non fondées », tranche-t-il sans s’expliquer davantage.
Appolinaire Balla Ottou (chef de section faune et aires protégées à la délégation département de la Forêt et de la Faune pour la Boumba et Ngoko) quant à lui soutient que le WWF n’est pas chargé de la répression. Pour lui, les Baka confondent les agents du WWF avec ceux de la délégation régionale de la faune et de la forêt qui empruntent parfois le véhicule de cette ONG. « Même si les agents du WWF voient un Baka avec du gibier, il doit juste informer la délégation », soutient-il.

Pourtant, selon des rapports et des témoignages de Baka recueillis par les ONGlocales comme le Cefaïd (Ong qui œuvre pour la protection de l’environnement et des droits des autochtones), plusieurs Baka ont été flagellés et arrêtés injustement dans des affaires de braconnage et autres. « Nous avons enregistré plusieurs plaintes de Baka qui accusent des employés du WWF. Ils ne sont pas bêtes les Baka, ils connaissent bien leur bourreau », déclare Victor Amougou, coordonnateur du Cefaïd. Ce faisant, il brandit la plainte d’un Baka, dans laquelle il accuse un agent du WWF de bastonnade et de l’avoir exploité pour le braconnage étant donné sa connaissance de la forêt.

Christelle Kouétcha



0 commentaires :

Enregistrer un commentaire