4 avr. 2014

Concurrence: Les piles importées confisquent le marché au Cameroun

La plupart d’entres elles sont de mauvaise qualité et sont issues de la contrebande.

Les piles importées dictent leur loi 
Difficile de fait un pas ce jeudi matin au marché Mboppi, sans trouver sur les étals des piles étrangères. Ce ne sont pas les marques qui manquent. Le consommateur a donc le choix entre les piles de marque G., T., P. et bien d’autres. Il y existe aussi de différentes couleurs, notamment les piles de couleur bleue, noire et marron. Ces piles sont aussi bien des piles alcalines (elles sont fabriquées sous forme de cylindres et de boutons assurant la compatibilité avec les piles zinc-carbone NDLR) que des piles salines (NDLR).
Délégué régionale du commerce pour le Littoral, Simon Omgba Belinga, relève que la plupart de ces piles importées proviennent des pays d’Asie, d’Europe et d’Amérique. Toutefois, « il faut relever que certaines de ces marques peuvent bien être issues de la contrefaçon », précise-t-il. Ce dernier, souligne cependant qu’aucune saisie de piles contrefaites n’a encore été opérée au niveau du Littoral. Les consommateurs quant à eux, se plaignent au quotidien de la mauvaise qualité de ces piles importées vendues sur le marché.« Il y a des piles électriques que vous pouvez plier juste au touché. Certaines d’entre elles, ne mettent même pas deux jours dans un appareil et commencent à moisir », s’indigne Georges Nganko, électricien. D’après les experts, la durée de vie d’une pile alcaline est comprise entre 50 et 60 heures. Elle est de 20 à 25 heures pour une pile saline.
Dans les associations de consommateurs, les responsables ont encore de la peine à déterminer la norme qui régit ce produit. Sur le site internet de l’Agence des normes et de la qualité (ANOR), la liste des normes obligatoires et même homologuées ne précise à aucun moment quelle est la norme que les piles électriques doivent respecter. D’ailleurs, sur un bon nombre de ces piles importées, aucune indication de norme n’est inscrite. Cependant, à en croire les responsables de la société camerounaise de fabrication de piles électriques (Pilcam), l’une des normes internationales qui devraient être inscrites sur les piles électriques n’est nulle autre que la norme IEC (International Electrotechnical Commission). Fondée en 1906, cette norme, est « le premier organisme au monde pour la préparation et la publication de normes internationales pour toutes les technologies électriques, électroniques et connexes. Elles sont connues collectivement comme électrotechnique», explique-t-on sur le site de l’organisme. 
L’entrée des piles importées dans les marchés sont également douteuses. Dans un rapport publié en 2005, la Cellule de lutte contre le commerce illicite au Groupement Inter-patronal du Cameroun (Gicam), avait relevé que les piles importées non marquées sont souvent dissimulées dans d’autres marchandises pour « échapper au contrôle de la douane ». Selon les chiffres relevés par cette cellule, 765 cartons de piles issues de la contrebande avaient été saisies dans les marchés Mboppi, et les régions du Nord et de l’Extrême nord cette même année.
Certaines de ces piles importées, activent une forte concurrence « déloyale » sur le marché. Pilcam, le leader dans la fabrication des piles salines au Cameroun, a encore du mal à concevoir que  « les prix de ces piles importées soient trois fois plus bas que celles vendues localement », s’indigne-t-elle. Le lot de quatre piles d’origine chinoise par exemple, est vendu à 100 FCFA contre 300 FCFA pour les piles Hellesens produites localement. « Si on prend en compte les cours mondiaux du zinc ou du manganèse, ce prix de vente permet à peine de payer les coûts de fabrication. Il est donc très plausible que ces piles importées n’ont pas la quantité de matière normale », relève un expert du secteur électronique. 
Christelle Kouétcha 

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