4 avr. 2014

APV Flegt: Des retards accusés dans la mise en œuvre

Plusieurs difficultés freinent encore le décollage définitif de cet accord signé entre le Cameroun et l’UE.

Près de quatre ans après la signature de l’APV-Flegt, son application n’a toujours pas pris corps. Au Minfof, l’on apprend que les retards accusés, sont principalement d’ordre technique. Le logiciel qui devrait permettre la « traçabilité du bois camerounais » et le suivi national de l’activité forestière, n’est toujours pas opérationnel. Dénommé, Système informatisé de gestion des informations forestières (Sigif II), ce logiciel a connu un échec du développement par le Consortium SGS-Helveta, situé à Oxford en Angleterre. Et, c’est au mois de juillet 2013 que le gouvernement a engagé sous fonds propre le développement dudit logiciel. « La procédure actuelle est au niveau de la sélection d’un consultant qui aura un délai de six mois pour son développement », relève Jean Avit Kongape, Ingénieur en Chef des Eaux et Forêts au Minfof. Il faut relever que SGS-Helveta, chargé de mettre sur le pied le système de traçabilité avait voulu «prendre en otage » l’Etat du Cameroun en demandant a ce dernier « de payer les loyers car il se présentait comme le propriétaire et gestionnaire du système de traçabilité, alors que ledit système a été mis en place par SGS-Helveta sous un financement de l’UE alloué au Cameroun sous forme de don, apprend-on auprès de Samuel Assembe, chercheur au Centre international de recherche sur les forêts (Cifor).  
Ce retard technique, justifie d’après les responsables du Minfof, le retard pris dans le processus de délivrance des autorisations Flegt. En effet, d’après la note d’information de l’accord, c’est depuis 2012 que les premières autorisations Flegt devraient voir le jour. Le retard accusé par le Cameroun réside aussi « dans les procédures de délivrance de certaines attestations par des administrations partenaires, notamment le ministère en charge de l’Environnement et celui en charge des Travaux publics », indique Jean Avit Kongape. Un état de chose qui, selon les acteurs de la société civile s’explique par le fait que tous les ministères impliqués dans le processus ne travaillent pas en synergie. Selon certains experts du secteur forestier, « sur le terrain, on ne voit que le Minfof à l’œuvre, pourtant, plusieurs ministères sont concernés», soutient un expert. En plus, il existe aussi un véritable problème de sensibilisation du public et même du personnel des administrations malgré les « quelques » forums déjà organisés, apprend-on. Rien qu’au niveau de la délégation régionale du Minfof pour le Littoral par exemple, la vingtaine d’agents rencontrés lundi 13 janvier, sont restés perplexes face à un exploitant forestier venu avoir des informations sur l’APV Flegt. « Nous ne savons pas de quoi vous parlez, allez voir au ministère peut-être ils peuvent mieux vous expliquer », a lancé laconiquement l’un des agents présent dans les bureaux du chef secteur forêt, absente. Le même constat est fait à la délégation régionale du ministère en charge de la Protection de l’environnement. Une situation « incommode », dans la mesure où la mise en œuvre de l’APV Flegt, exige une sensibilisation de tous les acteurs y compris les agents des administrations impliquées dans le processus.
D’ailleurs, dans un rapport sur l’état d’avancement de l’APV en avril 2013, Salomon Belinga, alors point focal de l’APV Flegt avait bien relevé que l’un des obstacles à la mise en œuvre est le faible niveau d’appropriation du système par les personnels du Minfof et l’insuffisance de sensibilisation du public. Samuel Assembe, du Cifor, relève par ailleurs que l’autre obstacle à l’envol de l’APV Flegt réside dans le fait que l’UE n’a pas encore tenu complètement ses engagements notamment financiers, formation, équipement… Au sein de l’Organisation non gouvernementale Centre pour l'éducation, la formation et l'appui aux initiatives de développement au Cameroun (Cefaïd), le coordonateur, Victor Amougou, estime que le processus de mise en œuvre actuel de l’APV Flegt, ne prend pas en compte les populations autochtones, car « la loi de 1994 et le draft de texte actuel de la nouvelle loi reste inadaptés  aux aspects du Flegt car « ne prend pas en compte les besoins des peuples autochtones, pourtant obligatoire dans cet accord », relève-t-il. Cependant, au Minfof, l’on rassure que la non application de l’APV Flegt « ne veut en rien signifier que le bois exporté vers l’UE est illégal. Bref, le bois camerounais n'a aucun problème de nos jours », tranche Charles Zedong, cadre au Minfof.
Christelle Kouétcha


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