4 mars 2015

Finance: Ces facteurs qui pourraient contrarier les emprunts internationaux du Cameroun



La corruption, le sous-emploi, la guerre contre Boko Haram sont entre autres éléments qui peuvent limiter les chances des premiers "eurobonds" (emprunts obligataires émis en Europe) du Cameroun.



Le mardi 10 février dernier, le président de la République a signé une lettre de mandat, instruisant le ministre des Finances à mobiliser 750 milliards de FCFA, sur le marché financier international. Cependant, pour certains économistes plusieurs signaux sont défavorables pour encourager les investisseurs à souscrire à cette émission internationale. Jean Beaudry Manguele, expert financier et spécialiste des marchés de titres, explique que l’un des risques pays, qui peut contribuer à l’échec de l’endettement du Cameroun sur le marché des titres, est sans aucun doute le niveau de corruption observé dans les ministères. L’expert, relève que les investisseurs des marchés internationaux auront du mal à faire confiance au Cameroun « si les ministres qui sont censés utiliser l’emprunt sollicité à l’international sont pour la plupart accusés de détournement ».

Alors, le maintien de ces derniers au sein du gouvernement, constitue sans aucun doute, un signal « négatif » pour les emprunteurs. « Les marchés internationaux, contrairement à nos marchés nationaux et régionaux, sont très alertes par rapport à ce genre de signaux. Il faut assainir les finances publiques et poursuivre l’opération Epervier si l’on veut vraiment attirer les investisseurs », soutient Maurice Kamgaing, expert financier.

Chômage 

A côté de cette corruption, les experts dans le domaine du marché financier estiment que le niveau du chômage et du sous-emploi observé au Cameroun ne fait pas bonne presse pour les investisseurs. Selon les statistiques de l’Institut national de la statistique, le taux de chômage au Cameroun se situe à 13%, et celui du sous-emploi à 78,5 %.  Des chiffres plus élevés que ceux du Sénégal (12,2 % pour le chômage et 30% pour le sous-emploi) qui a réussi à lever sur le marché international des « eurobonds » de 250 milliards de FCFA en 2014.

Bien plus, dans son discours à la jeunesse le 11 février dernier, le président de la République, Paul Biya, a formellement reconnu que la jeunesse formée dans les écoles au Cameroun n’est pas outillée. « Un pays s’endette pour que les générations futures s’occupent des remboursements. Et, maintenant que nos générations futures ne sont pas  bien formées ni techniquement outillées, comment voulez-vous qu’ils travaillent efficacement pour assurer le remboursement des dettes contractées ? Les investisseurs se demandent toujours si le pays emprunteur possède une population qui peut travailler efficacement pour le rembourser », explique Jacques Epée, expert financier.

Risque politique  

Dans une des publications sur sa page Facebook, l’économiste et ancien cadre du Fonds monétaire international, Eugène Nyambal, estime en outre que dans le contexte actuel de guerre contre Boko haram et la baisse des recettes de l’Etat, le niveau de risque du Cameroun ne lui permet pas d’emprunter sur les marchés internationaux à des conditions favorables. Et en plus, estime l’économiste et homme politique, Franck Essi, les « eurobonds » du Cameroun sont menacés par le risque politique. Ceci, notamment par « l’incertitude sur la succession du président Paul Biya du fait de son âge et des conséquences  néfastes que pourraient entrainer sa disparition compte tenu des fragiles équilibres ethniques et des tensions qui resurgissent à la faveur de ce conflit contre Boko Haram », analyse-t-il.

Christelle Kouétcha

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