Michel Nde, collecteur en manque d'équipements |
Les collecteurs utilisent des techniques rudimentaires
pour débarrasser les villes au Cameroun de déchets plastiques.
Gant couvert de trou, râteau confectionné
de barre de fer atteint de rouille à la main, Anthony Tsamo, s’attèle ce jeudi
matin à vider les caniveaux du quartier de PK 8 à Douala. Ce jeune collecteur
de déchets ménagers particulièrement du plastique, utilise tous les outils qui
trouvent dans les déchets qu’il cure. « Mes équipements, sont confectionnés à
l’aide des barres de fer que je ramasse par si, par la », explique-t-il.
La même technique est utilisée par Michel Nde, collecteur. Lui, a pu recueillir
dans les ferrailles collectées, deux barres de fer, qu’il a reliées auprès des
soudeurs pour se faire un râteau efficace.
C'est avec ces gants couverts de trous qu'il collecte les déchets |
Au sein de l’Association Appui au
développement communautaire du Cameroun (Adec), les brouettes et pousses
utilisées, sont confectionnées à l’aide des morceaux de fer. Certains
équipements, sont loués auprès des voisins pour « que l’on puisse exercer
aisément notre travail, sinon vous ne pouvez même pas atteindre 10 Kilo de
déchets », explique Anthony Tsamo, collecteur de plastique. A en croire ce
dernier et plusieurs autres collecteurs, la matière première plastique pullule
certes dans la rue, mais les équipements pour les collecter « s’ils ne sont
pas efficaces vous ne pouvez rien », souligne Charles Naintezan,
Responsable de l’Adec. Ce sexagénaire, est dans l’activité depuis plus de dix
ans. Il confie depuis la destruction des fers qui permettaient
d’immerger les drains et retenir les bouteilles, son équipe a dû arrêter la
collecte dans les drains.
Le même problème est perceptible à Atelier
Curage, structure spécialisée dans la collecte des déchets plastiques, les
trois moteurs qui permettaient de pomper l’eau et rassembler les bouteilles
sont tous tombées en panne. Et, à l’absence de ces équipements pour incruster
les drains, plusieurs collecteurs, se contentent de fouiller les poubelles,
d’aller de porte à porte… Cependant, le résultat n’est pas très reluisant. Car,
« très souvent il faut payer ces jeunes qui vont de porte à porte et il
n’y a pas d’argent pour les payer. Alors l’activité reste en stand-by. Ou
alors, vous supportez les injures des populations que vous venez aider à se
débarrasser de leur plastique. Et, avoir à la fin du mois, à peine 30 kilo de
déchets plastiques », indique Michel Nde.
Bien plus, la quantité de déchets
plastiques collectée, ne s’écoulent même plus facilement. A en croire, les
promoteurs des structures de collecte, les entreprises recycleurs ont une
grande préférence pour les objets plastiques déjà broyés. Car, ils ont moins de
difficultés à les trier. Et, pour avoir un broyeur, Le reporter a appris auprès
des collecteurs, qu’il faut débourser en moyenne 5 millions de FCFA, en
occasion. Les déchets plastiques, notamment les bouteilles, non broyés, sont
achetés par les entreprises comme la Société d’hygiène et de salubrité
(Hysacam). L’Adec, confie que l’entreprise envisage de payer à son équipe à 50
FCFA le kilo de bouteilles plastiques.
Et pour les autres plastiques comme les
sachets en plastique, la clientèle a essentiellement diminue. A l’Adec, l’on
explique qu’avec l’augmentation de l’importation des granulés en plastique
venus du Nigéria et du Tchad, très peu d’entreprises de recyclages
sollicitent encore cette matière première. Une concurrence, qui a poussé la
dizaine de femmes de l’Adec a arrêté l’activité pour retomber dans le chômage.
Dans les sites des collecteurs, l’autre difficulté reste le stockage des
déchets plastiques collectés. Certains collecteurs, entassent leurs déchets la
plupart du temps près des habitations ou derrière leurs domiciles. Et, pour le
responsable de Atelier Curage, la communauté urbaine de Douala (CUD) et les
collectivités territoriales décentralisées, « devraient au moins nous
aménager les sites pour ces stockages et afin que nous puissions respecter les
normes de collecte et protéger l’environnement », souligne Michel Nde…
Christelle Kouétcha
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