22 avr. 2014

Collecteurs de déchets plastiques: Forte carence de financements et d’équipements

Michel Nde, collecteur en manque d'équipements
Les collecteurs utilisent des techniques rudimentaires pour débarrasser les villes au Cameroun de déchets plastiques.
Gant couvert de trou, râteau confectionné de barre de fer atteint de rouille à la main, Anthony Tsamo, s’attèle ce jeudi matin à vider les caniveaux du quartier de PK 8 à Douala. Ce jeune collecteur de déchets ménagers particulièrement du plastique, utilise tous les outils qui trouvent dans les déchets qu’il cure. « Mes équipements, sont confectionnés à l’aide des barres de fer que je ramasse par si, par la », explique-t-il. La même technique est utilisée par Michel Nde, collecteur. Lui, a pu recueillir dans les ferrailles collectées, deux barres de fer, qu’il a reliées auprès des soudeurs pour se faire un râteau efficace.
C'est avec ces gants couverts de trous qu'il collecte les déchets 
Au sein de l’Association Appui au développement communautaire du Cameroun (Adec), les brouettes et pousses utilisées, sont confectionnées à l’aide des morceaux de fer. Certains équipements, sont loués auprès des voisins pour « que l’on puisse exercer aisément notre travail, sinon vous ne pouvez même pas atteindre 10 Kilo de déchets », explique Anthony Tsamo, collecteur de plastique. A en croire ce dernier et plusieurs autres collecteurs, la matière première plastique pullule certes dans la rue, mais les équipements pour les collecter « s’ils ne sont pas efficaces vous ne pouvez rien », souligne Charles Naintezan, Responsable de l’Adec. Ce sexagénaire, est dans l’activité depuis plus de dix ans. Il confie depuis la destruction des fers qui permettaient d’immerger les drains et retenir les bouteilles, son équipe a dû arrêter la collecte dans les drains.
Le même problème est perceptible à Atelier Curage, structure spécialisée dans la collecte des déchets plastiques, les trois moteurs qui permettaient de pomper l’eau et rassembler les bouteilles sont tous tombées en panne. Et, à l’absence de ces équipements pour incruster les drains, plusieurs collecteurs, se contentent de fouiller les poubelles, d’aller de porte à porte… Cependant, le résultat n’est pas très reluisant. Car, « très souvent il faut payer ces jeunes qui vont de porte à porte et il n’y a pas d’argent pour les payer. Alors l’activité reste en stand-by. Ou alors, vous supportez les injures des populations que vous venez aider à se débarrasser de leur plastique. Et, avoir à la fin du mois, à peine 30 kilo de déchets plastiques », indique Michel Nde.
Bien plus, la quantité de déchets plastiques collectée, ne s’écoulent même plus facilement. A en croire, les promoteurs des structures de collecte, les entreprises recycleurs ont une grande préférence pour les objets plastiques déjà broyés. Car, ils ont moins de difficultés à les trier. Et, pour avoir un broyeur, Le reporter a appris auprès des collecteurs, qu’il faut débourser en moyenne 5 millions de FCFA, en occasion. Les déchets plastiques, notamment les bouteilles, non broyés, sont achetés par les entreprises comme la Société d’hygiène et de salubrité (Hysacam). L’Adec, confie que l’entreprise envisage de payer à son équipe à 50 FCFA le kilo de bouteilles plastiques.
Et pour les autres plastiques comme les sachets en plastique, la clientèle a essentiellement diminue. A l’Adec, l’on explique qu’avec l’augmentation de l’importation des granulés en plastique venus du Nigéria et du Tchad, très peu d’entreprises de recyclages sollicitent encore cette matière première. Une concurrence, qui a poussé la dizaine de femmes de l’Adec a arrêté l’activité pour retomber dans le chômage. Dans les sites des collecteurs, l’autre difficulté reste le stockage des déchets plastiques collectés. Certains collecteurs, entassent leurs déchets la plupart du temps près des habitations ou derrière leurs domiciles. Et, pour le responsable de Atelier Curage, la communauté urbaine de Douala (CUD) et les collectivités territoriales décentralisées, « devraient au moins nous aménager les sites pour ces stockages et afin que nous puissions respecter les normes de collecte et protéger l’environnement », souligne Michel Nde…

Christelle Kouétcha

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