13 févr. 2020

Les impacts négatifs de la non-publication du décret d’application du nouveau code minier de 2016



Bientôt quatre (4) ans que les acteurs du secteur minier camerounais sont dans l’attente de la promulgation du décret d’application de loi n°2016/017 du 14 décembre 2016 portant code minier au Cameroun. Depuis que cette promulgation traîne, le secteur minier du Cameroun fait face à beaucoup de difficultés. L’un des problèmes majeurs actuellement réside dans le fait qu’il est encore difficile de scinder l'activité d'exploitation minière artisanale en deux comme le prévoit la loi de 2016. En effet, si le nouveau code  minier de 2016 était appliqué, une bonne distinction entre l’exploitation artisanale et l’exploitation artisanale sémi-mecanisée devrait correctement être faite. Par conséquent au lieu d’avoir aujourd’hui des autorisations d’exploitations artisanales  acquis par des élites  et sous-traitées ou vendues aux entreprises minières étrangères particulièrement chinoises, l’on aurait plutôt eu des entreprises correctement constituées, avec des obligations claires, qui acquièrent des titres d’exploitation artisanale semi-mécanisée (ASM). Et, en ayant ces entreprises comme détenteur d’autorisation d’exploitation artisanale semi-mécanisée un meilleur contrôle sur la base des obligations qui le sont assignées dans le nouveau code minier de 2016, devrait être fait par les agents de la brigade  du Ministère des Mines ; de l’Industrie et du Développement technologique (MINMIDT) et ceux du CAPAM.


Propriétaire réelles méconnues
Bien plus, le fait que le nouveau code minier ne soit pas appliqué, il y a la question de la connaissance des propriétés réelles des titres qui se pose. En effet, le nouveau code prévoit que les propriétaires réelles (ceux qui ont au moins 5% d’action dans les permis et titres miniers) soient connues. Malheureusement, n’étant pas encore valide du fait du décret en attende, il reste difficile de  savoir qui se cache derrière la détention des titres. Pourtant, en connaissant les propriétaires réelles comme prévue dans le code minier de 2016,  cela aidera la société civile à mener efficacement le suivi indépendant des activités minières et aux  agents de contrôle de mieux identifier les personnes physiques ou morales détenteurs des titres et permis miniers au Cameroun. Surtout qu’aujourd’hui, un nombre élevé de titres miniers (Autorisation d’exploitation artisanale et permis de recherche)  sont détenus les élites politiques (députés, sénateurs, maires, chefs de village) qui pour la plupart n’ont pas t les capacités financières et techniques pour exploiter. Ces derniers acquièrent les titres pour les revendre aux exploitants miniers asiatiques particulièrement ceux de nationalité chinoise.
Artisans miniers vulnérables
Il faut relever, qu’en laissant perdurer l’application de l’ancien code minier de 2001, qui stipule que seuls les nationaux doivent obtenir les titres, le gouvernement encourage le système de sous-traitance des titres aux entreprises minières étrangères. Pourtant, si le décret du nouveau code était déjà promulgué ces entreprises étrangères elles même pouvaient demander les autorisations d’exploitation artisanale semi-mécanisée. Et, en le faisant elles-mêmes elles donneront la possibilité aux ministères des mines, ministère de l’environnement de mieux examiner les exigences en lien avec l’exploitation minière. 
La non-promulgation du décret d’application du code minier de 2016 rend également de plus en plus vulnérables les populations riveraines des sites d’exploitation minière, particulièrement les artisans miniers. En effet, avec l’application de l’ancien code minier de 2001, il reste difficile pour ces artisans miniers d’acquérir des autorisations d’exploitation artisanale dont le coût  d’au moins 550 000 FCFA dans l’ancien code. Pourtant, dans le nouveau code minier de 2016, il est juste prévu qu’ils déboursent 30 000 FCFA pour obtenir des autorisations d’exploitation artisanale. Ne disposant donc pas d’autorisation, car couteux, les artisans miniers  plus anciens sur les sites, sont déguerpir par les entreprises minières asiatiques particulièrement chinoises qui exploitent en sous-traitance avec les autorisations obtenues par des camerounais plus nantis. Ces actes dits d’ « accaparement » des sites exploités en premier lieu par les artisans miniers, crées énormément de litiges qui le plus souvent finissent par des morts d’hommes[1].
Illégalité des entreprises minières
Le décret d’application du code minier de 2016 n’étant pas disponible, les entreprises minières en activités dans le sous-secteur de la  semi-mécanisée exploitent en toute  illégale car aucune autorisation d’exploitation minière semi-mécanisée n’est encore attribuée puisque le code minier de 2001 ne prend pas en compte ce type d’exploitation. Le contrôle minier se faisant avec l’ancien code minier de 2001, les contrôleurs du ministère en charge de l’exploitation minière ne peuvent donc pas décider de suspendre ces entreprises parce qu’il n’y a pas la force de loi pour suspendre les activités de ces exploitants qui ne détiennent pas d’autorisation. Ainsi, le fait que ces entreprises n’ont pas d’autorisation exploitation artisanale Semi-mécanisée, l’Etat perd beaucoup d’argent sur les redevances superficiaires. En effet, n’ayant pas acquis les autorisations d’exploitation artisanale semi-mécanisée les entreprises ne paient pas ces redevances superficiaires[2], pourtant elle exploite sur des vastes hectares de terre. Bien plus, ces entreprises minières engagées dans la mine semi-mécanisée continuent de payer 550 000 FCFA pour les autorisations d’exploitation artisanale, conformément au disposition du code minier de 2001. Pourtant, le nouveau code minier de 2016 a prévu que ces entreprises de la semi-mécanisation doivent payer 1.500.000 FCFA pour l’octroi des autorisations d’exploitation artisanale semi-mécanisée et 3.000 000 F CFA pour le renouvellement (Article 171 al2.d code minier 2016). Un gros manque à gagner qui ne favorise pas l'essor du secteur minier. 
Auteurs :
Christelle KOUETCHA et Justin Landry CHEKOUA 


[2] La redevance superficiaires de l’autorisation d'exploitation artisanale semi-mécanisée  est fixé dans le Code minier de 2016 à 50 francs CFA /m2/ an ( Article 173 al1.b)

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire