Mal organisés, les collecteurs des déchets n'arrivent à améliorer le niveau d'enlèvement et ne satisfaits toujours pas la forte
demande locale et internationale en plastiques pour le recyclage.
Le secteur de la collecte des déchets plastiques au Cameroun, a encore du
mal à se faire une place de choix dans le
développement économique du Cameroun. Malgré l’abondance des déchets dans la
nature et la naissance de quelques petites structures de collecte de déchets,
on n’est encore loin de l’ornière. Et, pour cause « l’intérêt économique
de l’environnement n’est pas encore mise en valeur au Cameroun », pense
Lucien Yoppa, Project and Development Officer à la Fondation Camerounaise de la
Terre vivante (FCTV).
Une séance de collecte de déchets plastiques |
Bien plus, les acteurs qui se sont déjà lancés dans le
secteur de la collecte, souffrent d’un sérieux problème d’organisation. Martial
Bella Oden, est président du Réseau des Acteurs pour la Valorisation
des déchets ménagers (Ravadem). Il relève qu’avec la dispersion des
collecteurs, les actions restent encore isolées. Par conséquent, « les
collecteurs ramassent en désordre, et une bonne brochette d’entre eux ne
maîtrisent même pas la qualité de plastiques qui est collectée. Conséquence, la
quantité collectée reste faible », analyse Wilfried Tamfou,
environnementaliste.
Travailler en synergie
La solution, reste donc la mise en synergie des petits collecteurs qui constituent
la masse critique du secteur. Cette synergie, relèvent les acteurs du
développement, devrait permettre aux collecteurs de mobiliser les
partenariats publics/privés avec les communes et même les investisseurs
étrangers. Ce regroupement, pourrait également encourager les gros collecteurs
étrangers à orienter leurs investissements au Cameroun. « Il y a
plusieurs sociétés d’enlèvement étrangers qui nous ont sollicité ; elles
ont toujours souhaité avoir des partenaires locaux, sans suite. Car, les collecteurs
sont éparpillés et leur niveau de travail n’est pas à la hauteur de la
demande », révèlent les responsables de FCTV.
Cette ONG qui encadre quelques collecteurs de déchets,
souligne également que le coût élevé du permis environnemental n’encourage
pas les jeunes à s’investir dans ce secteur. Selon la loi camerounaise,
le coût de ce permis peut atteindre le seuil de 1,5 million de FCFA. « Le Cameroun peut copier les exemples
de l’Ouganda, ou du Burkina Faso, là bas on n’a pas besoin
d’imposer des permis environnementaux », souligne le Project and
Development Officer de FCTV.
Difficultés financières
Pour les collecteurs, l’une des difficultés qui entravent leur
secteur est l’absence de moyens financiers pour s’équiper. Bien plus,
« nous ne bénéficions pas de contrats de financement pour débarrasser la
nature des déchets qui ne nous appartiennent pas et qui doit être en principe
être à la charge de l’entreprise. Nous faisons un travail qui n’est pas le
nôtre en principe, mais nous ne sommes pas soutenu financièrement comme c’est
le cas avec les ordures ménagères », indique Michel Nde, petit collecteur installé au
quartier Ndogpassi 3 de Douala. En effet, les collecteurs estiment qu’ils
doivent aussi être payés pour leur enlèvement, comme c’est le cas avec la Société d’hygiène et de salubrité
(Hysacam), qui reçoit les financements des mairies, de la Communauté urbaine de
Douala (CUD) pour débarrasser la nature des déchets ménagers.
Les déchets plastiques colonisent l'environnement |
Ignorance du principe pollueur-payeur
Pour Didier Yimkoua, environnementaliste cette situation devrait
trouver une solution si « le gouvernement finissait par appliquer le
principe de pollueur-payeur qui est pourtant contenu dans la loi cadre de
l’environnement. Ce dispositif exige que les entreprises se chargent elles même
de gérer leurs déchets ». Et, compte tenu de l’inefficacité de la
collecte, les collecteurs ont encore du mal à satisfaire la demande locale et
internationale.
Pourtant le marché international reste encore très ouvert en
matière de déchets. A en croire les responsables de FCTV, la demande en déchets
de la Chine par exemple est estimée à 2000 tonnes par jour. Et, les industriels
chinois sont prêts à acheter le kilogramme de déchets à 200 FCFA, soit deux
fois plus cher que le prix fixé localement. Malheureusement, la capacité
collectée n’est pas suffisante.
Christelle Kouétcha
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