Les opérateurs économiques de la zone Franc ont
du mal à faire circuler les fonds et le marché de changes informel ne cesse de
se développer.
La non-interchangeabilité des FCFA handicape les transactions commerciales |
La non-interchangeabilité du FCFA constitue « une
incongruité », comme le soutiennent certains analystes et observateurs.
Et, depuis lors ce sont les échanges commerciaux entre les deux régions qui en
pâtissent. Directeur général de la société Paness, Dieudonné Tietse,
explique que la difficulté de changer le FCFA de l’Afrique de l’ouest et celui
de l’Afrique centrale, limite « considérablement » la circulation des
fonds. Et pour cet opérateur économique le fait que les deux FCFA ne soient pas interchangeables,
les opérateurs économiques ont du mal à créer des partenariats avec leurs
homologues. Car, « nous avons encore des obstacles liés aux changes, au
droits de transfert et la limitation des montants à circuler. Pourtant, pour
qu’une économie s’intègre et marche correctement, il faut que les biens, les
personnes et l’argent circulent normalement », relève l’homme
d’affaires.
D’ailleurs, comme le soutenait l’ancien
fonctionnaire de la Banque africaine de développement (BAD), Sanou Mbaye, la
non-harmonisation entre les FCFA représente un sérieux obstacle dans les «
transactions substantielles » entre les deux zones. Il s’exprimait dans les
colonnes du journal panafricain, Jeune Afrique. Ainsi, les échanges commerciaux
quasi-nuls entre les deux régions, sont davantage découragés. Car, « les
deux communautés où elles ont cours sont économiquement différentes et se
comportent exactement comme si elles avaient des échanges avec des monnaies
différentes », analyse Dieudonné Essomba, économiste. De plus, cette situation constitue
selon les experts en question monétaire et les analystes, un alibi pour
justifier le doute et le discrédit portés à l’existence même de la zone Franc
comme zone monétaire optimale. « Une zone monétaire optimale signifie,
entre autres choses, un taux de change fixe à l’intérieur de la zone et un taux
de change flexible à l’extérieur. Or si les deux FCFA ne sont pas convertibles
entre eux, alors il n’y a plus de zone Franc au sens fondamental du terme mais
de la routine fonctionnelle historiquement installée », explique Alain
Mvondo, économiste.
Par conséquent, les Etats ou
d'autres entités par exemple des régions ou des multinationales ne vont pas
utiliser le FCFA comme monnaie dans laquelle ils vont, soit adosser leur
dette, soit leur demandes d'emprunts. Pourtant cela constitue des
caractéristiques d'une monnaie internationale. Ainsi, « Cette monnaie
(FCFA) ne peut donc pas devenir une monnaie internationale car il ne
peut par exemple pas servir de monnaie de libellé d’émission de titres
obligataires ou de bons à court terme émis par des Etats ou des entités tierces »,
analyse le macro-économiste, Thierry Amougou. Bien plus, à cause de cette non-interchangeabilité l’on
assiste au développement d’un vaste marché informel des changes. Ce marché
compense ainsi le vide institutionnel laissé par une zone Franc qui ne remplit
plus son rôle de zone monétaire optimale. Dans plusieurs banques aujourd’hui,
les responsables estiment que le change des FCFA est d’ailleurs « sans
intérêt ». Et, pour les quelques unes qui offrent encore ce service, la
commission retenue est pareille avec celle perçue avec l’Euro et tourne autour
de 2,5%. Par ailleurs, soulignent des économistes, sans collaboration
monétaire, les deux instituts d’émission (BEAC et Bceao) renoncent à mettre en
commun leur force pour répondre en bloc aux effets néfastes des crises
monétaires, financières et économiques.
Christelle
Kouétcha
0 commentaires :
Enregistrer un commentaire