Même ayant
une même valeur face à l’Euro, les FCFA de l’Afrique centrale et de l’Ouest ne
peuvent être réciproquement utilisés.
Difficile
pour un ressortissant de l’Afrique Centrale, d’effectuer une quelconque
opération commerciale avec le FCFA (franc des Communautés Financières
d'Afrique) dans l’Union économique et monétaire
ouest-africaine (Uemoa). Que ce soit au Togo, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au
Mali, … le FCFA de l’Afrique Centrale n’est pas accepté par les pays
membres de l’Uemoa, qui pourtant utilisent, aussi, le CFA. Pour une
transaction financière, par exemple, il faut changer son FCFA de
l’Afrique Centrale, avec celui de l’Afrique de l’Ouest. « Lors de mon premier
voyage au Togo, j’avais près de 50 000 de FCFA utilisés au Cameroun. Aucun
restaurant, aucun hôtel n’a voulu de mes billets. J’ai dû convertir en dollar
pour pouvoir réaliser ce que j’avais à faire », se rappelle, déçu, Mathieu
Kouam, commerçant.
En
effet, même si le FCFA de la Communauté économique et monétaire de
l’Afrique centrale (Cemac) et celui de l’Uemoa ont la même valeur par rapport à
l’euro, il est impossible de payer sa baguette de pain à Douala, au Cameroun,
avec la pièce de 100 FCFA émise par la Banque centrale des États d’Afrique de
l’Ouest (Bceao), et vice-versa. La réticence est perceptible dans les grandes
surfaces commerciales, les banques, les hôtels… Pour les responsables de ces
structures, pas question de percevoir des FCFA qui ne sont pas émis par leurs
banque centrales respectives. Mais, si l’on dispose de l’Euro ou du dollar,
l’opération peut être réalisée sans soucis. « Nous avons un intérêt, car avec
l’euro ou le dollar on peut facilement changer. Pourtant, si le client nous
remet un FCFA de l’Afrique Centrale je ne sais même pas si une banque peut
changer », explique une caissière à l’hôtel Djoloff au Sénégal.
Même son de
cloche chez les artisans du marché HLM de Dakar au Sénégal. Ici, les
commerçants sont prêts à prendre les Euros pour l’achat d’un pagne, en plus du
FCFA de la zone Uemoa. Au moins, « il n’a pas de restriction comme avec le FCFA
de l’Afrique Centrale. Après tout, l’Euro est une monnaie internationale et se
change dans toutes les institutions bancaires. Pareil pour le dollar
», indique Ousmane, vendeur de pagnes. Au cours de la
rencontre des patronats de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique Centrale, à
Douala au Cameroun, plusieurs patrons ont confié que même lors des éventuelles opérations
d’exportations entre les pays de ces régions, le paiement ne peut
point se faire avec les deux FCFA. « Nous devons toujours payer nos
partenaires Ouest Africain en Euro, avant qu’ils ne le convertissent en leur
FCFA. Par conséquent, en cas de fluctuation de l’Euro et les autres monnaies
étrangères, les recettes d’exportation de nos régions fluctuent également »,
explique Gilles-Gilbert Gresenguet, président de l’Union nationale du patronat
africain en République centrafricaine.
Cette
situation de non interchangeabilité, dure depuis plus d’une décennie entre
l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale. Puisque, c’est en septembre 1993
que l’interchangeabilité et la convertibilité ont été supprimées par les
banques centrales des deux régions. Et, comme l’explique Gérard Biboum,
économiste, cette suppression de l’interchangeabilité avait été soutenue
par certains dirigeants de l’Afrique Centrale, car ceux-ci pensaient que le
franc CFA de leur région, mieux lotie en ressources naturelles, vaudrait un
jour plus cher que celui d’Afrique de l’Ouest. Mais, rien n’a changé depuis
lors et les deux FCFA ont toujours la même valeur.
Christelle
Kouétcha
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