Les
populations des villages de la région de l’Est accusent leurs dirigeants de
détournements
Dans la ville
de Yokadouma qui compte 15 UFA (unité forestière aménagée), les
ressortissants d’une dizaine de villages confient qu’ils n’ont jamais reçu leur
part de cette RFA. Les œuvres sociales qui sont censées être réalisées avec la
contribution des villageois n’ont jamais vu le jour. Des responsables de la
commune, sans consulter le village comme l’indique la loi, ont construit des ouvrages « inutiles » dans
les villages, en l’occurrence des hangars qui, en plus, ne sont pas toujours
achevés.
Au village
Parny par exemple, l’ex-maire Abomo Moampamb Paulin a érigé un vieux hangar là
où le village avait demandé une école et un dispensaire. Ledit hangar,
construit en matériaux provisoires, n’a jamais été achevé depuis près de 10
ans. À en croire Félix Douokassamb, chef de Parny, la mairie leur avait dit que
le hangar avait coûté 8 millions de Fcfa. Pendant ce temps, le village est dépourvu
d’école et les enfants doivent marcher sur près de 5 Km pour se rendre à
l’école publique de Mendoungué. Le constat est pareil au village Song Nouveau,
où un vieux hangar a été construit à la place de l’école sollicitée par les
riverains. Ce hangar, inachevé lui aussi, aurait coûté plus de 10 millions de
FCFA selon les responsables de la mairie lors de l’inauguration. Il est
aujourd’hui transformé en salle de classe, tout comme les maisons de personnes
décédées, qui accueillent les enfants qui sont de plus en plus nombreux.
Secrétaire
général de l’APE (Association des parents d’élèves) à l’école publique de
Mendoungué, Hippolyte Doum, confie que la mairie avait promis de réfectionner
l’école. Le coût de la réfection avait été estimé à 3 millions de Fcfa. Plus de
cinq ans après, seuls un table-banc et une feuille de tôle ont été remis à
l’établissement. Dans d’autres villages, la mairie a engagé la réfection de
puits. Les villageois confient qu’en moyenne, quatre sacs de ciment ont été
utilisés par la mairie qui a évalué le coût des travaux à 4 millions de Fcfa,
selon les élites du village.
En
2007, l’ex maire de Yokadouma, Abomo Moampamb Paulin avait été arrêté dans le
cadre de l’opération Epervier pour détournement de derniers publics,
notamment de la RFA. Léon Nkantchou, nouveau maire installé depuis près de
quatre ans, n’a pas encore engagé de réalisations. Pourtant « l’Etat
reverse normalement ce qui doit revenir aux riverains. Mais depuis l’année 2006
que le nouvel exécutif a été installé, on ne sait pas comment l’argent est
géré », indique Didier Empihp Abelang, chef de cellule de foresterie
et de développement communautaire à la commune de Yokadouma. Il confie par
ailleurs que des dénonciations et des requêtes ont été faites à l’encontre du
nouvel exécutif. Sans suite.
Dans les
autres villages comme Dimako et Eboumetoum, il n’y a pas l’ombre d’une œuvre
réalisée grâce à la RFA. Directeur de la société d’exploitation forestière
Pallisco, Michel Rougeron a confié que sa société a toujours payé son impôt de
RFApendant ses années d’exploitation à Eboumetoum. « Le problème de la
redistribution ne vient pas des compagnies d’exploitation forestière. La
plupart d’entre elles paient leurs taxes. Mais c’est l’Etat et la commune qui
n’assurent pas leur part de contrat », fait remarque Samuel Nguiffo du
CED.
À Dimako, les
populations rapportent que le maire de la commune organise des soirées festives
toutes les fins d’année « pour voiler la face des
riverains. » « Le maire est venu ici nous donner du maquereau
et changer le manche de notre forage qui a été offert par l’ONG Plan
Cameroun. A part cela, rien depuis plus de 50 ans. Ils nous ont dit
qu’ils ont dépensé plus d’un million pour remplacer le manche du forage », affirme
Georgette Olinga, ex-conseiller municipal à la mairie de Dimako.
Il n’a pas été
possible de rencontrer les différents maires de différentes communes pour
comprendre la situation. Car un communiqué signé du préfet du département
mettait ces responsables sur leur garde contre une équipe de reporters et
d’ONG qui devaient réaliser des reportages dans la localité.
Christelle
Kouétcha
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