Les pygmées
Baka accusent les employés de cette Ong internationale d’agression et d’abus de
pouvoir depuis qu’ils se sont installés dans la région pour contribuer à la
régulation de l’exploitation forestière.
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Une des victimes |
L’Ong
Worldwide Fund For Nature (WWF) n’est pas la bienvenue chez les pygmées des
communautés Baka (premiers autochtones de la localité) de la région de l’Est.
Plusieurs communautés villageoises confient qu’elles sont victimes de plusieurs
cas d’agressions et de brutalité orchestrés par des agents du WWF.
Dans les villages de Monmikouboung et Lopango situés dans le voisinage de
Yokadouma par exemple, les hommes et les femmes ont la chair de poule lorsque
le nom de Wwf est prononcé. « Le WWF n’a pas pitié de
nous. Quand ils nous trouvent dans la forêt, ils nous tapent sans pitié »,
révèle, Paul Bossi, élite du village Lopango.
À en croire
les Baka, les agents de cette Ong n’ont aucun « scrupule » lorsqu’il
s’agit de battre sur eux. Ceinturons, machette (Bala Bala), branche d’arbre,
sont utilisés pour brimer le Baka. « Lorsqu’ils nous trouvent en forêt,
c’est le sauve qui peu. Sinon dès que tu es arrêté, tu es ligoté comme un
gibier avec des lianes ou des ficelles. D’autres te traînent au sol avant de te
battre. Certains te frappent sans se soucier de toi », raconte Réné
Loumo, un habitant du Village… Si le Baka est surpris avec un
gibier, il est soumis à un traitement plutôt « militaire ». Les
éléments du WWF le contraignent à grimper dans un arbre dont le tronc a
été préalablement enduit d’huile de vidange. À la moindre glissade qui est
inévitable, le Baka est frappé. « Ils nous disent que c’est une
correction pour que nous ne chassions plus. Pourtant, depuis toujours, nous
vivons de la chasse », constate Jean Marie Bandjo, Baka de Lopango.
Par crainte de
ces brimades, les femmes aussi ne se rendent plus dans la forêt comme
autrefois. « Quel héritage nous allons laisser à nos enfants. Nous ne
pouvons plus entrer dans la forêt pour leur apprendre comment chasser. Ils ne
peuvent plus reconnaître les traces du Nguebi ou du Sinatunga. (c’est
ainsi qu’ils désignent la girafe en langue locale). La forêt c’est
notre lieu sacré et de repos. Mais le WWF, le BIR, le Safari nous bloquent »,
regrette Richards Ndongo, l’une des victimes du WWF.
Répression
Coordonateur
du WWF à Yokadouma, Louis Defo rejette en bloc les accusations des Baka.
Pour lui, elles sont « non fondées », tranche-t-il sans
s’expliquer davantage.
Appolinaire
Balla Ottou (chef de section faune et aires protégées à la délégation département
de la Forêt et de la Faune pour la Boumba et Ngoko) quant à lui soutient que le
WWF n’est pas chargé de la répression. Pour lui, les Baka confondent
les agents du WWF avec ceux de la délégation régionale de la faune et de
la forêt qui empruntent parfois le véhicule de cette ONG. « Même
si les agents du WWF voient un Baka avec du gibier, il doit juste informer
la délégation », soutient-il.
Pourtant,
selon des rapports et des témoignages de Baka recueillis par les ONGlocales
comme le Cefaïd (Ong qui œuvre pour la protection de l’environnement et des
droits des autochtones), plusieurs Baka ont été flagellés et arrêtés
injustement dans des affaires de braconnage et autres. « Nous avons
enregistré plusieurs plaintes de Baka qui accusent des employés du WWF. Ils ne
sont pas bêtes les Baka, ils connaissent bien leur bourreau », déclare
Victor Amougou, coordonnateur du Cefaïd. Ce faisant, il brandit la plainte d’un
Baka, dans laquelle il accuse un agent du WWF de bastonnade et de l’avoir
exploité pour le braconnage étant donné sa connaissance de la forêt.
Christelle
Kouétcha
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