Destruction
des essences et changements climatiques sont autant de problèmes auxquels font
face les autochtones après le passage des exploitants forestiers.
La Fipcam
(Fabrique Camerounaise de Parquet), l’exploitant forestier qui y a passé près
de 60 ans d’exploitation a coupé toutes ces plantes dans la forêt.
Le sapeli n’est d’ailleurs pas le seul arbre concerné. En effet,
plusieurs espèces d’arbres utiles pour les autochtones dans les zones
forestières de l’Est Cameroun ont été détruites par les exploitations
forestières.
Catastrophe
Près de deux
ans après le départ de plusieurs de ces compagnies forestières, les villageois
ont de la peine à se soigner et à se nourrir. Les plantes étant leurs
principales ressources pour la cuisson et la santé. Dans les villages Baka de
Dimako, c’est pratiquement la catastrophe. Au campement Mayos par exemple, la
centaine des Baka qui y résident ont un seul souhait : « que les
Ongs qui peuvent faire payer la SFID (Société Forestière et Industrielle de
Doumé ndlr) le fassent ». Ici, l’exploitant forestier a
été sans pitié pour les autochtones. Tous les arbres utiles pour l’alimentation
et la santé, notamment le sapeli et le moabi, ont été coupés par
l’exploitant.
Les moabis ont
par exemple été tous terrassés par la SFID (Société Forestière et Industrielle
de Doumé). C’est pourtant l’un des arbres précieux pour les Baka grâce à ses
vertus ; ce produit est par exemple utilisé pour la cuisson, le traitement
de certaines maladies, Aujourd’hui, il n’en reste que deux dans les
environs du village. L’un est situé à près de 2 km du campement. « Nous
souffrons. Nous sommes obligés d’aller à des kilomètres d’ici pour acheter de
l’huile pour la cuisine. Pourtant on en avait plein ici ». À en croire
les villageois, pendant 60 ans d’exploitation de « leur » forêt, ils
n’ont jamais perçu de RFA (Redevance forestière annuelle). L’espace vierge
laissé par la SFID est devenu la forêt communautaire où les villageois
plantent des tubercules pour la nutrition ; ou pour aller revendre afin de
pouvoir s’acheter des médicaments ; car les forêts ont été vidées des
plantes médicinales qui les aidaient.
Replanter les
arbres
Le sapeli était
utilisé pour le traitement des cancers, des céphalées, du paludisme ou pour
aider les femmes enceintes… Certains exploitants forestiers, sans doute pour
voiler les yeux des riverains, ont entrepris de replanter les arbres coupés.
Dans la société Pallisco, une politique pour replanter les moabi qu’ils coupent
a été instaurée. Malheureusement, ces arbres ne pourront avoir une taille
raisonnable que d’ici 200 voire 300 ans, selon Richards Fousséni Feteke,
responsable de la cellule d’inventaires et d’aménagements chez Pallisco ?
Dans d’autres
villages, en plus de la forêt qui a été vidée de ses essences, le sol
n’est plus fertile du fait de son exploitation abusive. Du village Lontimi
jusqu'à Dimako, depuis le passage de la SFID (60 ans d’exploitation) le
climat a changé à Dimako. Les villageois expliquent que les produits qu’ils
plantent ont des difficultés à pousser.«Quand la SFID a fini de nous
exploiter, nous nous sommes retournés vers l’agriculture. Aujourd’hui, il fait
exagérément chaud. Nos cultures ont de la peine à produire », raconte
Yves Ndambala, ex-défourneur à la SFID. Il confie que depuis deux ans, il
récolte à peine cinq sacs de maïs sur sa plantation qui lui produisait plus
d’une trentaine de sacs autrefois. Aujourd’hui la SFID a regagné la forêt
de Mbang dans la Kadey à 140 Km de Dimako. Les habitants de cette localité
craignent déjà de subir le même sort que leur voisin.
Christelle
Kouétcha
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