L’Energy and Environment Data Manager analyse l’état des lieux du secteur des piles
électriques au Cameroun.
Sylvain Defo |
L’on constate une forte prédominance des
piles rechargeables étrangères sur le marché camerounais, pourquoi le Cameroun
peine encore à se lancer dans ce secteur ?
Il est vrai qu'il y a très peu de
fabricants de piles sur le territoire camerounais, mais cela ne date pas
d’aujourd’hui. Il se pourrait que c'est un secteur qui sollicite une
certaine pointe et veille technologique, et donc assez capitalistique, pour
faire face aux nouveaux produits issus de l’innovation technologique. En plus,
l'importation de produits similaires des pays asiatiques à des prix plus bas
quoique de qualité semblable, n'est pas de nature à faciliter la rentabilité de
ce marché. D'autre part la qualité de ces produits n'étant pas clairement
étiquetée sur les produits, tout comme pour beaucoup d'équipements utilisés
pour l'énergie solaire, on se retrouve dans une situation de confusion pour le
consommateur et peu favorable à l'entrée de nouveaux acteurs industriels.
Pourtant, avec l'introduction massive des équipements solaires, la demande en
piles et batterie d'accumulateur va croître proportionnellement car elles
représentent la partie la plus vulnérable de ces kits qu'il faut remplacer
systématiquement au bout d'un certain temps.
Pensez-vous qu’avec l’avènement de
l’électricité et de l’énergie renouvelable, les piles électriques ont encore
une place dans le secteur de l’énergie ?
Les piles continuent d'avoir leur place
parmi les vecteurs énergétiques au Cameroun, laquelle va être plutôt renforcée
avec l'avènement de certaines énergies renouvelables où on les retrouvera sous
d'autres formes. En effet, les piles sont des dispositifs qui permettent de
stocker de l'énergie sous forme chimique, laquelle peut ensuite être restituée
par un courant électrique continu grâce au principe de la différence de
potentiel (tension). Ainsi, en dehors des piles qui sont commercialisées
séparément comme c'est le cas pour les piles utilisées dans les torches, les
radios et les téléphones portables, de nombreux dispositifs intègrent en leur
sein des piles ou accumulateurs, notamment tous les équipements qui utilisent
le rayonnement solaire comme énergie de base (lampe solaire, torche solaire,
chargeur solaire, etc.). Dans ces derniers, l'énergie solaire est stockée pour
être utilisée ultérieurement. C'est pourquoi le développement des équipements
utilisant l'énergie solaire entraîne avec eux une plus grande utilisation des
piles et accumulateurs utilisés par ces appareils. Par ailleurs, même si l'on
assiste à l'amélioration de la production d'électricité, les problèmes d'accès
à l'électricité et de coupures ne vont pas disparaître de si tôt. Or les piles
sont généralement utilisées en appoint dans ces situations. Il faut aussi noter
que certains usages spécifiques comme l'éclairage pendant les déplacements nocturnes
resteront eux aussi encore dépendant des piles de part leur nature.
Quelles sont les normes qui régissent la
fabrication des piles électriques ? Et quelle est la durée de vie
d’une pile aussi bien saline qu’alcaline ?
L'Agence des Normes et de la qualité est
chargée de fixer les normes pour ces équipements et lorsqu'il n'en existe pas
de spécifique au Cameroun, c'est généralement les normes les plus admises à
l'échelle internationale qui sont utilisées. Toutefois, ce sont des produits
non biodégradables et classés dangereux à la fin de leur vie car les éléments
chimiques qu'ils contiennent continuent d'être actifs, les rendant ainsi
particulièrement nocifs pour l'environnement. Dès lors des dispositions doivent
être mis en œuvre pour les récupérer et les recycler/détruire, ce qui n'est pas
toujours le cas. En plus des piles saline et alcaline, on a aussi les piles au
lithium et bien d'autres technologies selon la combinaison des éléments
chimiques utilisés. Leur durée de vie pendant laquelle elle continue de
délivrer un courant suffisant dépend d'un grand nombre de facteurs liés aux
caractéristiques du montage électrique, la température, la fréquence et le
temps d'utilisation, parmi les plus importants.
Est-ce que les piles présentes sur le
marché respectent ces normes ?
Si on ne s'en tient qu'aux plaintes des
utilisateurs, il va de soit que plusieurs de ces produits ne respectent pas les
standards. Il arrive régulièrement qu'avant même de cesser de fournir du
courant, pour certaines leurs composants sont déjà devenus liquides et coulent
dans l'appareil. Toutefois, toutes les piles présentes sur le marché ne sont
pas concernées car certaines ont d'ailleurs reçu des prix et reconnaissances
internationales en matière de qualité et de performance. Au reste, le plus
important est de mettre en place des dispositifs qui permettent à chaque
consommateur de faire des choix en ayant à l'avance une bonne connaissance de
la qualité des produits qui lui sont proposés et donc du service qu'il peut en
attendre, mais aussi d'assurer leur collecte et recyclage une fois utilisée.
Propos recueillis par Christelle
Kouétcha
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