2 avr. 2014

Agriculture: Le riz camerounais n’a pas la côte

Le manque de semence empiète sur la production, mais le Nigeria reste le pays le plus friand de cet aliment made in Cameroun.

Pas de trace de riz produit au Cameroun sur les étals dans les marchés Mboppi, Central ; Congo ; sillonnés ce mercredi 25 juillet 2012. Inutile d’exiger le riz de Ndop, cultivé dans la province du Nord-Ouest, ou celui de Tonga, produit à l'Ouest. Ces riz ne courent pas les rues, comme son concurrent importé. Le riz parfumé camerounais de marque Olis, qu’annonçait l’association « Horizon sud » à travers son projet de réimplantation de la riziculture dans les régions du sud, centre et l’est, en 2010, est invisible sur le marché.
En effet, le riz produit au Cameroun souffre d’une « forte » concurrence face au riz importé. En 2010, la production locale du riz était estimée à 120000 tonnes, contre 366483 tonnes de riz importés.  La production locale était donc repartit comme suit 80000 tonnes pour la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), 20000 tonnes pour), la Société de développement de la riziculture dans la plaine des Mbo (Soderim), et l’Upper Wun valley development authority (l’Undva) et 20000 tonnes produites par les petits cultivateurs. Une quantité « insuffisante », étant donné que les besoins de consommation en matière de riz sont estimés à 400 000 tonnes par an ; souligne le délégué  régional du commerce pour le Littoral.
Cependant, le peu de riz produit localement ; soit environ 50.000 tonnes par an est cependant en grande quantité exportée en direction de pays comme le Nigeria, apprend-on à la délégation du commerce. D'où le recours aux importations, dont la quantité augmente sans cesse. Des sources à la délégation, confient que le riz camerounais exportés  est « plus chers » que le riz importé.  Ici comme dans les marchés, personne n’a pu nous donner le prix exact de ce riz.  A en croire certains exportateurs, le riz produit localement est de «moins bonne qualité que le riz importé ».  Délégué régional de la Chambre d’agriculture, de pêche, de l’élevage et des Forêts pour le Littoral, Gilbert Konango, soutient que la faible productivité des usines existantes, la qualité des semences, les coûts élevés et les difficultés du transport, sont des obstacles qui altèrent sur la qualité et la quantité du riz camerounais. On estime à 191 milliards le coût de l’implémentation de la Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR).
Difficultés
La production locale du riz reste encore très faible. La Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), qui gère la production locale, en génère seulement 80 000 tonnes par an, soit moins de 1/5e de la demande nationale qui est estimé à 400.000 tonnes. Délégué régional de la Chambre d’agriculture, de pêche, de l’élevage et des Forêts pour le Littoral (Capef/Lt), Gilbert Konango, souligne que les  difficultés à produire un riz local à des prix compétitifs par rapport au riz importés s’expliquent par le manque de semence de riz. « Même si les producteurs camerounais veulent cultiver le riz, trouver les semences n’est pas facile. Et, nos instituts de recherche ne font pas de recherche sur le riz », expliquait-il dans un entretien accordé au quotidien de l’économie.
La difficulté est perceptible dans les différentes formes de riziculture. Ainsi, pour la culture pluviale, la difficulté majeure provient de l’accès aux intrants (engrais, pesticides et herbicides), essentiels pour assurer la rapidité de production et limiter la destruction des semences, qui sont à des prix inaccessibles pour les riziculteurs pas très organisés. « Dans les années 90, les riziculteurs recevaient des intrants à crédit et étaient encadrés dans l’allocation des parcelles, le traitement du paddy produit, contre une redevance sur la production, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui », explique le délégué de Capef/Lt.
Concernant la production du riz par irrigation, l’état des infrastructures d’irrigation et l’insuffisance des infrastructures hydro-agricoles constituent les faiblesses majeures. La rareté des outils de décorticage du paddy en riz blanc, est également un handicape. Des agriculteurs sont d’ailleurs obligés de vendre du paddy ou de sous-traitter quand cela est possible avec la Semry, pour accroitre la production. Celle-ci,  avec des moyens limités, essayent tant bien que mal de maintenir l’activité dans les rizicultures de Maga et Yagoua. Mais les résultats sont « maigres ». La suppression des subventions aux agriculteurs a fait également disparaître les riziculteurs privés. L’Etat pour continuer à intéresser les quelques riziculteurs privés encore en place vers la riziculture pluviale, a mis en place une stratégie de subvention estimée à 49 milliards de francs CFA pour produire 700000 tonnes de riz pluvial à l’horizon 2018.
Christelle Kouétcha


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