La quantité produite par les instituts de recherche ne satisfait pas la
forte demande.
Il est devenu difficile pour les agriculteurs de s’approvisionner en
semences. Le Délégué régional de la chambre d’agriculture ; de pêche ; de
l’élevage et des forêts du Cameroun pour le Littoral, Julbert Konango
révèle que la production des semences de base, réalisée par les instituts
spécialisés dans le domaine, ne sont pas assez suffisantes pour satisfaire
les besoins. A l’en croire, il est encore impossible pour un grand
producteur agricole de commander par exemple, près de 200.000 boutures de
manioc à l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (Irad). «
Cet institut ne dispose pas de si grande plantation, pourtant la demande se
fait forte », indique-t-il.
L’insuffisance des unités de distribution des semences des instituts, est
aussi un handicap pour les agriculteurs. Pour la semence de maïs, par
exemple les agriculteurs sont obligés de se rendre à l’Irad de Yaoundé pour
s’approvisionner. Pareil pour le bananier Plantain, qui n’est disponible
qu’à Njombé au Centre Africain de Recherche sur Bananiers et Plantains
(Carbap) et le palmier à huile à Dibombari au Centre Spécialisé de
Recherche sur le Palmier à Huile-Cerapah. Les multiplicateurs ne sont pas
aussi nombreux, pour la première campagne agricole dans le Littoral,
environ 39 semenciers ont déposé des dossiers pour avoir les autorisations.
« C’est très peu pour une région où l’on dénombre des milliers
d’agriculteurs » ; s’insurge Gilbert Konango. Il révèle par ailleurs que
dans les fortes zones de production dans le Wouri ; tel que Douala 5ème ou
encore Douala 3ème, il n’existe pas de point de vente. Dans le département
de la Sanaga Maritime et du Moungo « on compte au bout des doigts les
points de vente de semences et celles censés être présents ne sont pas
encore opérationnelles ».
Le problème de financement auxquels font face les instituts de recherche et
la main d’œuvre peu outillés de ces structures, justifient « la faible
production des semences », soutient Julbert Konango. Le Chef de centre
régional de la recherche et de l’innovation du Littoral, Isaac Ntone,
explique cette pénurie des semences par la mauvaise utilisation de
celles-ci. A l’en croire, les semences de base produite par les instituts de
recherche qui sont remis au Minader, devraient en principe être multipliées
avant la distribution aux agriculteurs. « Il n’y a pas encore de fermes de
multiplication au ministère et en remettant les semences de base aux
agriculteurs, on n’a pas de réserve », regrette-il, non sans fustigé la
gratuité de ses semences qui ne permettent pas de « recueillir les
bénéfices qui pourrais permettre le financement d’autres projets ».
Christelle Kouétcha
Julbert Konango
« Il faut rapprocher les semences des
agriculteurs »
Délégué régional de la Chambre d’Agriculture, de
pêche, de l’élevage et des forêts du Cameroun s’exprime sur les difficultés
d’accessibilité aux semences
Que faire pour se procurer des semences de bonnes
qualités ?
Il y a des instituts qui sont chargés de la
production des semences certifiées. Ce sont ces semences, qui sont mieux
indiquées pour une bonne récolte. Il est vrai, qu’avant l’intervention des
instituts de recherche, les agriculteurs utilisaient leurs propres
semences. Ils faisaient la sélection de la première production ou créaient
une banque de semences en réservant un espace dans
leur plantation. En plus, il y a des semences que l’Irad ne fait pas comme
l’arachide ; les pistaches. Ce sont des semences que l’on prélève dans les
récoltes antérieures. Ces semences ne sont toujours pas garantit. Puisque, nos mamans ne peuvent pas
faire les tests de germination, elles ne peuvent pas savoir les graines qui
peuvent pousser ou pas. Mais, même sans l’intervention des instituts, ces
semences peuvent être de bonne qualité. C’est une question de hasard. Les
semences certifiées sont les meilleurs. Elles ne sont pas assez disponibles,
faute de points de vente. Mais, il est meilleur de se procurer ces
semences, car en cas de problème vous pouvez être dédommagé.
Qu’est ce qui peut expliquer la présence des
semences de mauvaise qualité dans les marchés ?
Il y a beaucoup de semences frelatées dans les
marchés. Les semences de bonnes qualités, sont insuffisantes et les
opérateurs économiques profitent pour arnaquer les consommateurs. Il y a
des gens qui cultivent leur maïs, et les conservent pour les mettre en
période de forte demande comme actuellement. Ce type de semences, peuvent
avoir de fortes conséquences. Parfois, ces semences n’ont pas été bien
réalisées et l’agriculteur qui a payé chers pour les avoir, se retrouvera
avec des cultures non productives. Il y a aussi les tout-venants que l’on
vend dans le domaine du palmier à huile. Si vous ne prêter pas attention,
vous allez vous retrouver avec des palmiers mâles qui ne donnent que des
fleurs et non des fruits. L’agriculteur sera en retard de cinq années et
les frais dégagés pour l’entretien et autres ne lui seront pas remboursés. Une fois de plus, il faut
plus de financement aux instituts pour accroitre la production des semences
et une bonne formation des cadres de ces instituts. Il faut rapprocher les
semences des agriculteurs, en décentralisant les instituts même si c’est
couteux.
Propos recueillis par C.K.
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