Du
fait du déficit d’énergie, le Cameroun encourage des investissements étrangers
pour la mise en place des centrales thermiques au gaz. Pourtant, ces centrales comportent néanmoins de
nombreux dangers...
Dans son rapport de publication des résultats du premier
trimestre de l’année 2018, Gaz du Cameroun (GDC),
filiale de la junior britannique Victoria
Oil and Gas Plc (VOG)[1]
annonçait qu’elle mène actuellement des discussions avec trois producteurs
indépendants d’électricité pour les débouchés du gaz naturel produit sur le
champ gazier de Logbaba. Altaaqa, DPDC et Grenor, qui sont les
investisseurs indépendants d’électricité, comptent mettre en service des centrales
thermiques à gaz à Douala pour une offre combinée de 440 MW. Ces autres centrales thermiques au gaz
porteront à plus de dix le nombre de centrale thermique à gaz qui se
multiplient au Cameroun et sont présentées comme des solutions
« idoines » pour résoudre le déficit énergétique du pays. Pourtant,
ces centrales thermiques à gaz, sont une très mauvaise nouvelle pour le climat
camerounais, et le gouvernement devait y surseoir.
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En
effet, en autorisant des investissements pour les projets d’installation de
centrale thermique à gaz, le gouvernement contribuera à ce que ces énergies fossiles augmentent les
émissions des gaz à effet de serre (GES) responsables du changement climatique.
Cette forte augmentation des émissions des GES, viendrais alors faucher l’atteinte
des objectifs de réduction de ses émissions de GES de 32% d’ici 2035, comme
prévu dans le plan d’action climat du Cameroun soumis à CCNUCC. Dans un rapport
rédigé pour le PNUD sur la situation de la production énergétique au Cameroun,
en 2014, Dr Gabriel Tchatat[2], PhD. Environment Science
and Environment Management PhD avait déjà relevé que depuis 1990 le niveau de dioxyde
de souffre[3] (SO2) produits par les
énergies électriques à base de fossile combustible comme le gaz étant en pleine
croissance. A cette époque, l’on comptait a peine une dizaine de centrale thermique, aujourd’hui le
nombre a presque doublé.
Bien plus, malgré les mesures
(dénitrification, désulfuration) qui seront prises pour soit disant limiter les
dégâts environnementaux des centrales thermiques à gaz, il est important de
relever que ces centrales demeurent de véritable poudrière dans la capitale
économique du Cameroun. Même si, jusqu’à ce jour aucune explosion n’a encore
été enregistrée, il n’en demeure pas moins que la ville reste exposée à ces
catastrophes, qui, le plus souvent coûtent chers à l’Etat en terme de perte en
vie humaine, de pollution de l’air et de pertes matérielles.
En plus des risques d’émission de GES,
d’autres risques pourront se greffer sur la prolifération de ces centrales. En
effet, le déploiement de ces centrales pourrait également poser un problème
d’approvisionnement en gaz. En effet, à la longue, il faudra augmenter les
capacités de stockage de gaz pour subvenir aux besoins de ces centrales et
dimensionner les canalisations de gaz dans tout le pays. La part de la production de l'énergie
thermique augmentera donc au détriment des énergies renouvelables. Le retard
dans le développement de l’éolien, du solaire, de la biomasse et bien d’autres
énergies propres ne cesse de se creuser. Pourtant le Cameron dispose d’un
climat écologiquement favorable. Ainsi, en lieu et place de multiplier les
projets de centrales thermique à gaz, le gouvernement camerounais devraient se
retourner le plus urgemment possible vers les énergies renouvelables. Ces
énergies propres, limiteront la pollution et permettront au pays de prévenir
l’épuisement des énergies fossiles. Pour y arriver, le pays doit prendre les
mesures idoines pour favoriser l’utilisation de ces énergies propres, un bonus
écologique serait sans aucun doute un moyen pour attirer les investisseurs dans
ce domaine. Ainsi, avec les énergies renouvelables, il y aurait de
quoi produire de l’énergie sans en gaspiller inutilement et sans construire de
nouvelles centrales polluantes et le paysage énergétique camerounais pourrait
changer.
Christelle
KOUETCHA
[1]https://energies-media.com/wp-content/uploads/2018/05/VOG_Gaz-du-Cameroun_Results-Q1_2018_FINAL.pdf
[2] Contribution
à la préparation du rapport national pour la formulation du livre blanc
régional sur l’accès universel aux services énergétiques intégrant le
développement des énergies renouvelables et de l’efficacité energetique
(https://www.seforall.org/sites/default/files/Cameroon_RAGA_FR_Released.pdf)
[3] Le dioxyde de
soufre (SO2) est un gaz incolore, toxique avec une odeur pénétrante et
fortement irritante pour les yeux et les voies respiratoires. Il entraîne une
inflammation des bronches avec un spasme qui provoque une altération de la
fonction respiratoire. Le SO2 participe à l'acidification de l'air, peut former
un brouillard et des aérosols d'acide sulfurique (pluies acides). Les rejets de dioxyde de
soufre (SO2) sont dus en grande majorité à l'utilisation de
combustibles fossiles soufrés.
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